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Inégalité juive devant l’héritage.

Inégalité juive devant l’héritage.

Les lois de l’héritage dans le judaïsme -

Dans le domaine de l’héritage, comme dans d’autres domaines du droit hébraïque, il existe une profonde inégalité entre femmes et hommes. En principe, femmes et filles n’ont aucune part à l’héritage. En pratique, ce n’est pas tout à fait vrai.

La loi originale de l’héritage se trouve dans la Tora

« Tu parleras aux enfants d’Israël, et tu diras : Lorsqu’un homme mourra sans laisser de fils, vous ferez passer son héritage à sa fille. S’il n’a point de fille, vous donnerez son héritage à ses frères. S’il n’a point de frères, vous donnerez son héritage aux frères de son père. S’il n’y a point de frères de son père, vous donnerez son héritage au plus proche parent dans sa famille, et c’est lui qui le possédera. Ce sera pour les enfants d’Israël une loi et un droit, comme l’Éternel l’a ordonné à Moïse. »
Nombres 27.8-11

Il ressort de façon évidente que les garçons ont une prérogative sur les filles. En fait, comme dans d’autres domaines, le droit hébraïque classique est profondément inégalitaire, voire injuste, en ce qui concerne le statut de la femme. Dans ce domaine de l’héritage, comme dans beaucoup d’autres domaines, les rabbins   ont pris conscience au cours des âges de la problématique et ont eu tendance à améliorer le sort des femmes. Cependant, malgré les différents aménagements rabbiniques, la loi sur l’héritage pose un vrai problème et la position de la Halakha   reste difficilement défendable dans une société moderne.

Pour la comprendre, (ce qui ne veut pas dire excuser) il faut se remettre dans le contexte d’une société patriarcale machiste où le principal de l’héritage consiste en parts de terrains. La fille partant vivre sur le territoire de son mari, il est assez logique dans ce contexte, qu’elle n’ait pas part à l’héritage.

Le Talmud   envisage la possibilité pour une fille d’hériter de tous les biens de son père en cas d’absence de fils. (Talmud   BB 110a–b)

Dans le contexte des tribus, ont enjoignait à une fille de se marier dans la même tribu de son père à fin d’éviter les problèmes de dispersion de terrains entre les tribus. (Num. 36:6–7), voir également le livre de Tobit (6:10–11)

Un autre aspect qui peut nous paraître choquant est la double part d’héritage accordée au premier-né. Cela ne fonctionnant évidemment pas pour un premier-né féminin.

A l’origine, le mari était le seul héritier des biens de sa femme (et cela quel que soit sa conduite envers elle). Cette loi posant de grands problèmes économiques, notamment au moyen âge, alors que la majorité des biens était meubles et que certaines familles avaient atteint un grand niveau de richesse dans le commerce, les rabbins   prirent différents décrets « takanot » afin de protéger les biens de la femme et sa famille contre son mari et la sienne. Se faisant, ils reprenaient l’esprit d’un décret de l’époque de la Michna   « ketubbat benin dikhrin » (TB Ket. 52b ; Sh. Ar., EH 111) favorisant les fils de la femme décédée avant son mari contre les fils de celui-ci nés après avec une autre épouse.

Ces différents décrets rabbiniques permettaient à la famille de la femme de la doter largement sans crainte que la dote profite à la famille du mari et de limiter les droits d’héritages de celui-ci. Cela allait bien entendu à l’encontre du sens premier de la loi biblique, mais comme dans beaucoup d’autres domaines, les rabbins   cherchaient à limiter ou contrer ce droit par différents décrets.

D’après la loi talmudique, si le mari hérite de sa femme, celle-ci n’hérite pas de celui-ci (BB 8:1). Cependant, les rabbins   changèrent cette loi par différents décrets (takanot).

L’héritage des filles :

A priori, dans la loi hébraïque, les filles ne sont pas héritières. Il est donc logique que les rabbins   cherchèrent à changer cette loi par décrets en obligeant notamment les héritiers mâles à offrir une part de l’héritage aux filles (issur nekhasim).
Dans les communautés ashkénazes on avait pour coutume que le père signe un testament donnant une demi-part d’héritage à ses filles (shetar hazi zakhar). Cela se faisait en général au moment du mariage de la fille comme une forme de cadeaux faits par son père, cadeaux qui obligeait les héritiers mâles de celui-ci (voir Rema, HM 281:7). Cette coutume fut une étape importante de la légalité devant l’héritage entre les garçons et les filles.

Situation actuelle :

En diaspora : la plupart des communautés juives sont soumis à la loi du pays pour ces questions. Dans les pays occidentaux où vivent la plupart des juifs aujourd’hui, il existe une égalité entre filles et garçons devant l’héritage. Le problème est donc résolu par défaut. Dans certains pays (Maroc, Iran…), notamment ceux accordant une large autonomie juridique aux communautés juives sur les questions de statut et de droits des personnes, l’inégalité devant l’héritage peut encore subsister.

En Israël : la loi sur la succession de 1965 accorde une totale égalité entre filles et garçons sur les questions d’héritage. Cependant, il est recommandé de demander à une cour civile de traiter toute question financière concernant l’héritage ou encore le divorce et de refuser de laisser la cour rabbinique traiter de ces problèmes. En effet, en Israël, concernant ce genre de questions, il est encore possible de choisir une cour rabbinique.

Conclusion :

L’héritage représente un des nombreux domaines dans lesquels les femmes sont traitées comme des êtres au statut inférieur par la loi juive qui est foncièrement inégalitaire sur ces questions. Depuis bien longtemps, les rabbins   ont été gênés par cela et ont tout fait pour améliorer la situation. Il n’en demeure pas moins que le pouvoir des rabbins   reste limité. Il demeure également qu’aucune autorité rabbinique largement reconnue n’a eu le courage jusqu’ici de convoquer une large assemblée rabbinique afin de changer radicalement le statut de la femme dans le judaïsme. Il faut donc s’en remettre à des aménagements aux portées limitées et se réjouir, paradoxalement, de la perte de l’autonomie juive au profit de la loi des pays modernes.

Il est à noter également que le droit musulman sur ces questions d’héritage est beaucoup plus avancé que le droit juif.

Yeshaya Dalsace

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La femme juive dans la société israélienne : entre mythe et réalité

La femme juive dans la société israélienne : entre mythe et réalité

Depuis un certain temps certains médias et sites en ligne se font un malin plaisir de présenter l’Islam comme étant une religion du mal qui discrédite la femme et l’avilit. Parmi ces médias en ligne, je citerai Israel Flash.

C’est pourquoi, mon propos est de tenter de faire la démonstration que la situation de la femme juive dans la Torah et dans la société israélienne est choquant.

Il est vrai, comme dans toutes sociétés et dans toutes religions, que des dépassements sont commis par des extrémistes et des fanatiques mais on ne doit pas en faire un amalgame et une généralisation.

De plus les lois pénales et civiles sont là pour prévenir et punir les contrevenants.
Je tiens à préciser que mon article est basé sur des faits réels et vérifiables ainsi que sur des données provenant d’organismes gouvernementaux israéliens. Il ne peut donc y avoir une quelconque désinformation, mauvaise foi ou contestation.

Si l’on se réfère à de nombreuses études académiques qui ont traité de manière scientifique de la place dévolue à la femme juive dans la religion, la culture et société israélienne, il ressort que celle-ci est des plus alarmantes.

En effet, l’ensemble des partis politiques israéliens sont unanimes sur ce point.
Pour certains, comme le Sha’as, c’est la non application strict de la Torah qui serait la source de tous ces maux. Il pousse même plus loin en affirmant qu’il serait enclin à pardonner plus facilement la violence issue de milieux religieux.

Pour d’autres, comme les partis laïcs, la source de la violence contre les femmes serait une certaine conception de la femme véhiculée en grande partie par la position de la femme dans le judaïsme.

S’agissant des chiffres disponibles et diffusés par des organismes officiels du gouvernement israélien, il apparait que près de 200000 femmes juives sont battues annuellement et qu’environ une dizaine périssent de violence. Un chiffre hallucinant par rapport à la population de l’Etat d’Israël.

Quant au nombre de femmes violées il s’élèverait, selon des statistiques judiciaires et policières israéliennes à 5000 viols déclarés (on double normalement ce chiffre pour évaluer le nombre effectif de viols, la déclaration d’un viol représentant toujours un traumatisme supplémentaire redouté par la victime).

Je préciserai que sur ce point, que la loi et son application, si laxiste, est toujours favorable aux hommes. Les juges et policiers considèrent a priori qu’une femme violée est à l’origine de l’incident. Ce qui explique que la plupart des viols étaient rarement suivi d’une déclaration à un poste de police.

Autre phénomène en cours dans la société juive et dégradant pour la femme juive celui des agunots, c’est-à-dire des femmes abandonnées par leur mari et pouvant se remarier faute de guet.

Un système qui réduit la femme juive à un statut d’enfant ou d’objet que l’on utilise, que l’on brutalise et que l’on délaisse une fois l’envie de l’utiliser passée de sorte que de nombreuses femmes avaient été « divorcées in absentia », alors que la loi juive les considérait toujours comme mariées.

Par ailleurs, aucune loi fondamentale israélienne ne consacre le principe d’égalité ni n’interdit la discrimination, c’est ce qui perpétue les comportements négatifs à l’égard de la femme juive.

De multiples cas de mariages forcés ont été signalés, mais aussi ceux relatifs à la violence familiale, aux crimes d’honneur qui font régulièrement l’actualité de la vie quotidienne des israéliennes.

Preuve en est l’augmentation des refuges pour femmes battues ou violées
Quant à la position de la femme dans le monde du travail, il reste beaucoup à faire, notamment dans le traitement des salaires, 40% de moins.

Même dans la chanson israélienne la femme est reléguée à moins que rien. Une nounou, une consolatrice (Tni li Tad), à un objet anonyme de plaisir sexuel (Ze kara halaïla). Aucune chanson actuelle ne lui confère une place de partenaire égale à l’homme et échangeant avec lui.

Autre exemple frappant de la place réservée à la femme juive dans la Torah a été donné par les ultra-orthodoxes   à Beit Shemesh.

Ces derniers ont provoqué des heurts violents avec les policiers en réclamant une séparation stricte entre hommes et femmes, en exhortant les femmes à se vêtir modestement, avec des manches et des jupes longues.et à s’assoir à l’arrière des autobus. Epoustouflant !!!

En conclusion, le dilemme est grand dans l’esprit des femmes juives mais aussi dans celui de la société car, comble de la tradition, une croyance très répandue en Israël véhicule cette affirmation qu’un homme juif est passif et ne peut être capable d’aucune violence à l’égard de son épouse. Une affirmation qui vole en éclat avec la démonstration que je viens de faire et qui prouve que la société israélienne est très violente intrinsèquement.

C’est connu, Israël n’est pas à un paradoxe près. Celui de la position de la femme dans la société israélienne illustre une fois de plus l’ambiguïté de la situation.

Israël est, certes, un pays ultramoderne mais c’est également un pays aux prises avec des traditions machistes et une société basée sur la religion patriarcale où la situation de la femme évolue peu. Un pays où le mariage et le divorce civils ne comptent pas aux yeux de la loi juive qui se refuse à accorder des droits à la femme.

Farid Mnebhi.

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