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Marom Europe

Marom Europe

Des jeunes juifs de toute l’Europe se rencontrent et partagent des expériences juives et des projets... L’avenir nous appartient. Compte rendu de la Conférence Européenne Massorti   - ‘We will be dreamers’

Après un week-end londonien riche en découvertes et en émotions, les 5, 6 et 7 mars 2010, deux « Maromnikim », Pierre et Noémie, nous livrent leurs impressions d’outre manche sur Marom UK et le mouvement Massorti   à la sauce « british » !

Par Noémie Taylor et Pierre Stanislawski, Marom-Paris

De Budapest à Lisbonne, en passant par Ljubljana, Londres ou encore Paris, tous les chemins mènent un peu à Marom. Après la première conférence fondatrice de Marom Europe en décembre dernier à Paris, nous avions convenu de faire d’une pierre deux coups en réunissant notre seconde session de travail à Londres, en même temps que devait avoir lieu la conférence Massortie européenne.

En plus de l’Allemagne, la Hongrie, le Royaume-Uni et l’Espagne (Madrid et Valence) déjà représentés à Paris, Nice, Alicante, Israël, la Slovénie, le Portugal, la République Tchèque et la Suède, nous ont rejoints quatre mois plus tard dans la capitale britannique.

L’occasion pour Marom Paris de découvrir une mosaïque de traditions, de cultures et de projets (aboutis ou encore en construction) particulièrement inspirants.

La visite de la Moishe House (MoHoLo – Moishe House London), sorte de Kibboutz urbain pour jeunes à la recherche d’un judaïsme alternatif, et de la Noam Bait (équivalent Massorti   de la MoHoLo, mais de la classe d’âge de Noam), nous ont prouvé que nos amis Anglais ne sont pas uniquement des avant-gardistes de la bonne musique. Incontestablement, lorsqu’il s’agit de fédérer des jeunes autour de projets innovants, nos jeunes leaders Massortis ont là aussi de la suite dans les idées.

La Noam Bait, où nous avons dîné à shabbat, est habité et dirigé par cinq jeunes adultes qui y consacrent une très grosse partie de leur semaine : l’un d’entre eux est un salarié à plein temps, une autre, Jackie Gerber, envoyée pendant un an au Royaume-Uni par le mouvement Conservative   américain, partage son temps de travail entre la Noam Bait et le groupe des étudiants de Marom. Au programme des activités proposées par la maison de Noam : l’organisation d’un séminaire de justice sociale en Israël, des camps d’été au Royaume-Uni pour les 5-10 ans, un programme de leadership pour former les futurs cadres Noam de demain, ou encore la possibilité d’une année de césure en Israël en vivant au sein d’un groupe Noam …

 Marom Europe : du projet à la réalité

A travers plusieurs réunions « brainstorming », dîners ou encore études de texte en groupe, nous avons tenté de définir quelques unes de nos valeurs clefs, notre vision commune, nos objectifs, nos besoins et nos prochains projets, bien que nous soyons tous à des stages de développement très différents. Et l’on pourrait se demander : quel point commun y a-t-il entre un minyan   Massorti   balbutiant créé par un courageux jeune couple hollandais qui peine à rassembler, et le très populaire et branché Marom Budapest, qui a son propre café, son minyan   alternatif et son festival « Jewstock » dans la campagne hongroise ? De prime abord, deux mondes à l’extrême opposé.

En réalité, nous avons tous à apprendre des uns et des autres. De nos succès comme de nos échecs ou de nos difficultés. Dans cette optique, un calendrier comparatif des « bonnes idées » devrait être créé très bientôt, répertoriant toutes les initiatives et activités organisées dans les différents Marom, à travers toute l’Europe.

Grâce à la tenue du séminaire européen, Marom Europe a aussi eu la chance de pouvoir rencontrer un certain nombre d’oreilles attentives, et pas des moindres : celles du Rabbin   Jonathan Wittenberg, (autour d’un thé dans sa cuisine, puis de la table du salon), du directeur de Masorti Olami Tzvi Graetz, du Rabbin   Chaim Weiner, directeur de Masorti Europe ou encore du rabbin   Yeshaya Dalsace de la nouvelle communauté Dor VaDor de l’Est parisien.
Parmi les pistes de réflexion qui ont émergé de ce week-end : l’idée que les jeunes adultes sont à la recherche d’espaces juifs détendus, où ils ne se sentiront pas jugés. Des lieux d’ouverture qui leur permettront une reconnection avec le judaïsme, en se sentant vraiment « à la maison ».

Mais face au défi de l’ouverture, se pose irrémédiablement la question de notre identité Massortie. Faut-il la réaffirmer ? Ou au contraire doit-elle s’effacer au profit du pluralisme ? Sur cette question, les avis des jeunes leaders de Marom Europe divergent encore … Jugeant qu’il est nécessaire de renforcer le caractère Massorti   de Marom (tout en restant dans un esprit de tolérance), le Rabbin   Tzvi Graetz a beaucoup insisté sur l’importance de soutenir ce groupe de jeunes adultes, qui représente le futur du mouvement Massorti  , tandis qu’Eszter a mis l’accent sur le potentiel innovant contenu dans Marom.

 Nos premières initiatives concrètes

Au final, ce séminaire nous a notamment permis de renforcer nos liens avec Marom UK (avec qui nous avons créé un « jumelage » franco-britannique) ainsi qu’avec les jeunes adultes de Maayane Or à Nice, qui souhaitent eux aussi démarrer leur propre Marom. Au menu des réalisations concrètes : un dîner shabbatique sur le thème « Marom UK » organisé le vendredi 26 mars autour de Jackie Gerber, et un projet de havrouta (binôme d’étude de textes juifs) franco-anglais, via « Skype », système de vidéo-conférence par Internet. L’idée de cette « Yeshiva Online » pourrait même être étendue à l’ensemble des pays européens participants. Un blog participatif et collectif Marom Europe a en outre été ouvert http://maromeurope.blogspot.com et le groupe s’est mis d’accord pour organiser une prochaine conférence Marom (avis aux intéressés) à Budapest fin septembre, qui pourrait être subventionnée par l’Union Européenne !

 La découverte de la ‘New North London Synagogue’

C’est donc très inspirés et le cœur léger que nous avons repris, l’Eurostar pour Paris, après ce long week-end shabbatique passé à Finchley, quartier résidentiel très « juif » de la capitale britannique. En son cœur, la New North London Synagogue (NNLS), qui accueillait la conférence Massortie européenne, est une véritable institution du judaïsme londonien. Avec ses quelques 2500 membres dont 1000 jeunes et enfants, elle constitue l’un des plus importants centres culturels et religieux en Europe. Afin d’offrir à chacun l’opportunité de choisir un minyan   correspondant à la tradition de son choix, elle offre deux voire trois offices religieux : un office traditionnel où hommes et femmes sont séparés, sans mehitsah, mais également sans participation des femmes, ce qui fut une source d’étonnement pour nous qui sommes habitués à l’idée (reçue) selon laquelle toutes les synagogues Massorties sont forcément égalitaires (en réalité l’égalitarisme n’est q’une option possible, mais en rien une obligation). Il existe, parallèlement à cet office traditionnel, deux minyanim égalitaires Hakol Olin et Assif (où hommes et femmes sont mélangés et participent activement).

 « How-to » ou comment dynamiser sa communauté

Le week-end à Londres a notamment permis à Marom Europe de se pencher et d’échanger sur la manière dont nous pouvions dynamiser nos groupes de jeunes adultes respectifs.

En effet, qui n’a jamais connu la déception de venir à un office religieux, une conférence ou un événement communautaire, à l’issu duquel les participants s’effilochent progressivement tels une peau de chagrin. L’envie de prolonger l’échange laisse finalement place à la pensée du prochain métro, du retour chez soi dans la tristesse et la mélancolie.

C’est la conséquence d’une conception dogmatique de l’activisme communautaire, qui privilégie l’institution au détriment des « institués », où est nié le facteur essentiel de l’adhésion des enthousiasmes individuels : le relationnel ! Ce à quoi chacun aspire dans un événement, c’est échanger, écouter et s’exprimer, recevoir et apporter sa brique à la vie communautaire, en un mot : exister ! Alors comment faire venir du monde, qu’ils participent, s’impliquent, en parlent à leur entourage, qu’ils goûtent à l’agréable sensation même furtive de faire partie du « klal » ? Comme souvent l’essentiel de la réponse nous arrive tout droit de notre tradition. Au cours du week-end, nous avons identifiés quatre éléments comme nécessaires pour composer un événement idéal :

 Minian : pour faire un groupe, il faut avant tout qu’un ensemble d’individus soit présent ! (Lapalisse n’aurait pas fait mieux). Etre présent et identifié, être reconnu à défaut d’être vraiment connu. L’anonymat c’est le tohu-bohu, l’identité c’est le point de départ de la parole créatrice. Un petit tour de table si le nombre le permet, un élan spontané vers les nouvelles têtes et le minimum syndical est atteint.

« D’où viens-tu et où vas-tu ? » a demandé l’Envoyé de l’Eternel à Agar (Gn 16:8), et Rashi   de préciser : Il le savait bien sûr, mais c’était pour commencer la conversation…

 Havrouta : un groupe c’est avant tout un ensemble de relations individuelles, personnelles, un ensemble de potes quoi ! Dans chaque événement, il convient de donner de l’espace à des moments où l’on se parle directement. Discussions informelles autour d’un verre à l’issu d’une présentation, ou conversation cadrée de 10 min de chacun avec son voisin, les formes peuvent varier. La havrouta est un principe d’étude de texte à deux sous la forme de discussion sur texte utilisée depuis toujours dans les yeshivas. Elle assure le renouvellement permanent de la pensée par l’expression et l’appropriation des idées.

« Que cherches-tu ? » demanda l’Homme qui l’avait trouvé Joseph errant dans les champs (Gn 37:15), à quoi Joseph répondit : « Je cherche mes frères ».
 Mitsva : l’une des qualités premières de la mitsva, le commandement ou la prescription, c’est de renforcer le sentiment d’appartenance au groupe, tous les sociologues vous le diront. Introduire une pratique commune dans un événement, qu’elle soit juive ou non, présentée comme une option non contraignante mais captivante, c’est renforcer l’identité de chacun et de l’ensemble. Notre tradition n’est pas à court d’idées en la matière : prières, commémorations ou autres pratiques symboliques.

Jacob dit à ses frères « ramassez des pierres » (Gn 31:46) avec lesquelles ils firent un monceau pour sceller l’alliance de Jacob avec Laban.

 Makhloket : généralement spontané chez nous, le débat contradictoire doit pouvoir exister. Sinon, la diversité explose à la figure comme à Babel. Notre tradition, à commencer par la formidable compilation de débats qu’est le Talmud  , trouve là sa richesse. Si chacun sent qu’il peut dans la paix exprimer son point de vue, même divergent, sa participation n’en sera que plus forte.
Ruben entendit cela et … il dit : « ne répandez point son sang » (Gn 37:21,22). Le premier véritable débat de la genèse porte sur l’opportunité ou non de laisser en vie son frère. La question mérite d’être posée !

 « Moishe House » ou le Kibboutz urbain

Terminons notre visite londonienne en nous attardant un peu sur une initiative, la « Moishe House » qui mérite un petit tour du propriétaire …
« Si vous deviez dépenser un million de dollars par an sans pouvoir l’utiliser pour vous-même, qu’est-ce que vous en feriez ? ». Sur un coin de la table de déjeuner, un retraité habitué de l’office pose la question à David Cygielman, un jeune animateur du programme pour enfants de cette communauté californienne. Or il se trouve que le jeune homme a des idées, beaucoup d’idées et elles concernent la communauté juive. Quelques années plus tard, l’initiative « Moishe House » est lancée par notre couple d’amis : le retraité n’est autre que Morris B. Squire, psychologue qui avait fait fortune en créant une chaîne d’hopitaux.

Voici les principaux ingrédients de leur plan : 1. prenez une poignée de jeune juifs dynamiques, 2. financez une bonne part de leur loyer, 3. aidez-les à transformer leur maison en un centre communautaire pour des jeunes qui veulent avoir des activités juives, 4. répétez dans d’autre villes. C’est ainsi que des Moishe House ont vu le jour un peu partout aux USA, puis de part le monde : Angleterre, Hongrie, Argentine, Australie, Chine, etc. L’idée maîtresse est de donner leur autonomie à des jeunes leaders pour créer leur propre communauté, sans affiliation particulière à un courant orthodoxe  , conservateur ou réformé. Généralement de 3 à 5 dans une maison qui sert de centre d’activités, leur loyer est partiellement financé en contre-partie de leur activisme.

Un espace d’autant plus nécessaire pour les jeunes adultes, la tranche des 20-35 ans, qui achèvent leurs études, entrent dans la vie active en cherchant ce qu’ils feront le reste de leur vie, confrontent leur rêves au monde réel et s’interrogent sur leur identité. Dans cette phase de transition grandissante, post-fac et pré-famille, où l’on n’a pas totalement défini sa place dans la société, les communautés traditionnelles offrent souvent une réponse très partielle aux attentes des jeunes.

Les Moishe House proposent près de 2 activités par semaine, accueillant de 50 à 300 jeunes adultes juifs par mois : du classique repas shabbatique, au dialogue inter-culturel, des offices alternatifs (par exemple changer de tradition d’une fois sur l’autre, ou prier allongés sur le sol) aux clubs de lecture, des cours de Yiddish aux aventures en extérieur, etc. L’initiative est encouragée, et la créativité recommandée, le tout dans le respect de chacun et de la tradition juive. Lorsque l’on n’a pas de famille, on s’en créé une !
A Londres, nous avons visité la Moishe House qui est dans le quartier de Willesden Green. Fondée en 2007, l’ambiance y était sympa, on s’y sent chez soi dès qu’on y rentre. On a pris un thé (on en a même refait nous-même), discuté un peu avec le groupe des visiteurs espagnols, et l’un des membres de la House nous a expliqué le fonctionnement. Ici, ils sont orientés spiritualité, justice sociale et arts. L’un des membres est compositeur, et ils font par exemple régulièrement des ‘jam session’ ou des sessions de musique méditative.

Enfin, n’oublions pas de mentionner la Moishe House de Budapest, fondée par notre leader de Marom Europe, Eszter. Dans le premier mois de son existence en janvier 2008, elle a accueilli plus de 100 personnes ! A quand la première Moishe House française…

http://moishehouse.org

Le site de Marom

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