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L’idolâtrie ou la question de la part

L’idolâtrie ou la question de la part

Les éditions du PUF viennent de publier un essai « L’idolâtrie ou la question de la part » de Frank Alvarez-Pereyre et Aaron Eliacheff, qui soulève un voile sur une forme de pensée qui mérite d’être analysée et dénoncée pour ce qu’elle est : un fondamentalisme juif larvé sous couvert de discours savant et philosophique.

Voici un petit essai de pensée juive dont je vous conseille la lecture.
Le sujet qu’il traite est central : qu’est-ce que l’idolâtrie et en quoi l’interdit de l’idolâtrie nous concerne encore aujourd’hui ? Les réponses qu’il donne s’appuient sur une étude croisée de divers textes traditionnels (Bible, Talmud  , Midrash  , Maïmonide  , Gaon   de Vilna… et autres écrits rabbiniques), ce qui permet au lecteur non averti de les découvrir et aux plus érudits d’en approfondir la portée.

Le discours est intelligent, dans un style un peu difficile parfois, sous-entendant plus qu’il ne dit, ouvrant ainsi de nombreuses perspectives de réflexion.

Il a surtout le grand mérite, d’actualiser le propos en délaissant totalement la question du service des idoles, que ce soit des statues antiques ou des rock stars modernes, pour poser la question de fond : quel est le moteur de l’idolâtrie et comment ce moteur fonctionne-t-il encore aujourd’hui en chacun de nous ? Il montre combien la question reste d’actualité et nous concerne tous. Voilà donc une démarche intellectuellement salutaire.

Les motivations idéologiques des auteurs et les conclusions vers lesquelles ils cherchent à orienter leur réflexion sont cependant partiales et méritent une analyse.

Enfin l’aspect idéologique du livre présente également un intérêt paradoxal : s’il limite la portée du propos général, il dit cependant beaucoup et de façon exemplaire, sur les pièges et les dérives de tout un pan du judaïsme contemporain engoncé dans ses propres présupposés et sa politique de survie de ce qu’il pense être la seule voie juive possible. Il offre un bel exemple des limites d’une démarche intellectuelle a priori de bon niveau, lorsqu’elle est mise au service des canons idéologiques d’une dogmatique prédéterminée. Le retour au dogmatisme est devenu un phénomène courant dans la partie la plus visible et la plus militante du judaïsme français actuel, il a acquis suffisamment de force pour en devenir même une voix officielle et mérite donc d’être entendu et analysé. L’essai de Frank Alvarez-Pereyre et Aaron Eliacheff en offre une occasion édifiante.

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Tentation de la certitude

Messages

L’idolâtrie ou la question de la part

Bonjour,
je viens de terminer cet ouvrage et je trouve votre "réponse" très interessante parce que je pensais que ce petit livre exprimait le point de vue du judaisme dans son ensemble.

Je m’exprime en tant que "goy  ", et le livre me laisse perplexe dans ses conclusions implicites. il y est dit que D.ieu ne peut être reconnu que parce qu’il contraint, non parce qu’Il est notre Créateur par exemple...(page 21 : "Dieu n’est acceptable qu’en tant qu’il est imposé")
Tout se joue sur le refus de la morale (issue de la connaissance du bien et du mal), soit.
Mais si on suit la logique jusqu’au bout, le commandement "Tu ne tuera point" par exemple, est le fait d’une contrainte de D.ieu, pas du respect que l’on aurait d’autrui, de la vie etc...
Honorer ses parents est un commandement, et ne dois donc pas être le résultat d’un amour filial, une manière de les remercier pour l’éducation, la chaleur familiale, les soins, l’attention prodiguée.
Donc ne pas tuer, aimer ses parents, ne peut pas être un acte "naturel", d’une conscience qui reconnait l’autre, mais une contrainte, sinon c’est de l’idolatrie : respecter la vie d’autrui si ce n’est parce que D.ieu y oblige, c’est idolatrer l’autre.

Or, on ne choisi pas de naitre juif (ou pas). Mais, par contre, reconnaitre D.ieu ne s’impose pas au juif.
Le païen, lui a la morale (cf Saint Paul-Romains 2, 14-16), le juif la Loi.
Concretement, pour un juif, le paien est moral car il qui continue de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Ma question est dès lors : si je suis juif (donc sans avoir choisi ma naissance) mais que je ne veux pas "pratiquer" le judaisme, donc suivre la Loi, je n’ai pas la morale "innée" du païen, alors qu’est ce que j’ai comme conscience "morale ?"

En fait, cette question je me la pose du fait de ce livre : Je ne comprends pas bien pourquoi, mais le Veau d’or est associé à des "pratiques sexuelles illicites".

Je crois comprendre qu’il s’agit d’inceste (certaines pages du livre ne seraient pas pour déplaire à Hervé Ryssen...)

Ce qui fonde la morale, (depuis Freud), c’est justement le tabou de l’inceste, complexe d’Oedipe etc.
c’est par ce premier interdit induit dans la conscience (ou l’inconscient) du petit enfant que se détermine ce qui est bien ou mal pour lui.

Si ce tabou n’est pas inculqué chez l’enfant juif, alors il faut en effet des Commandements, parce qu’aucune règle morale n’est "intégrée" dans la psyché.

J’irai presque jusqu’à dire que si on veut que D.ieu soit contrainte, il ne faut pas qu’au départ, l’être humain ait sa propre conviction morale, car D.ieu devient, du point de vue des Commandements inutile. Il ne "sert" que pour assouvir nos prières (guérison...), idolatrie donc.

Mais n’est-ce pas là la logique de toute orthodoxie   : pousser au mal pour mieux se justifier d’avoir à le combattre ?

Peut-être ceci ne sera pas publié sur votre site. je comprendrai.
Voilà simplement ce que m’inspirent ces pages.
Il peut s’agir de graves contresens, d’erreurs manifestes. Si c’est le cas, veuillez m’en excuser, mais mon questionnement est sincère et ne se veut pas polémique.

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