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Pologne, la communauté juive renaît soixante ans après la Shoah

Pologne, la communauté juive renaît soixante ans après la Shoah

Plus de soixante ans après la Shoah, la Pologne pose la première pierre du musée d’histoire des juifs polonais.

Lancés en grande pompe, en présence du président polonais Lech Kaczynski et de son homologue israélien Shimon Perès, les travaux devraient s’achever en 2009. Voulu comme un centre culturel interactif, retraçant l’histoire et la culture millénaires des juifs de Pologne, depuis leur arrivée d’Espagne et de France jusqu’aux avatars du régime communiste, le musée s’érigera au coeur de l’ancien ghetto juif délimité en 1940 par les nazis Première ville juive d’Europe avant l’Holocauste, Varsovie comptait alors 350 000 juifs. Ils ne seraient plus que 3 000 aujourd’hui. Ténue, disparate, discrète voire invisible, la communauté juive de la capitale polonaise se hisse progressivement hors de son carcan historique. En mouvement, elle multiplie les signes d’un renouveau.

Quartier de Wilanow, au sud de la capitale. Un agent de sécurité monte la garde à l’entrée d’un pavillon. Inutile de chercher un symbole distinctif ou une étoile de David : depuis son ouverture en juillet, l’unique synagogue libérale de Varsovie joue la discrétion. Il s’agit plus d’une salle de prière, installée au premier étage de la maison du Polonais Seweryn Aszkenazy, aujourd’hui émigré aux Etats-Unis et initiateur en 1999 de l’association juive progressiste Beit Warszawa, en contre-pied du judaïsme orthodoxe   jusqu’alors prédominant dans la capitale polonaise. La nouvelle synagogue, l’une des trois que compte Varsovie, attire surtout des jeunes actifs. "30 ans en moyenne", s’enorgueillit le New-Yorkais Burt Schuman, "premier rabbin   libéral à plein temps en Pologne depuis la Shoah".

Venue ce vendredi soir au shabbat, Jozefina Jezowska, 25 ans, est l’un des visages de la jeunesse juive varsovienne. Mariée en novembre selon le rite juif, elle "remercie dieu" d’avoir créé Internet qui lui a permis de commander son contrat de mariage juif, le ketubah, et les 80 kippas pour ses invités : "c’était introuvable à Varsovie".

Pour Janek Spiewak, 20 ans, l’identité juive passe plus par la culture que le culte. Visage d’ange et boucles châtain, il pianote sur son Macintosh dans un café branché de la capitale. Fils d’un député libéral, l’un des rares politiques à revendiquer ouvertement ses origines juives en Pologne, il vient d’inaugurer le local de son union de jeunesse étudiante juive polonaise, ZOOM, créée en mai avec une bande de copains. Sur les 130 adhérents, la plupart sont des laïcs, "seuls trois sont orthodoxes  ", mais tous ont un dénominateur commun : la conscience que "l’avenir de notre communauté dépend de ce que nous faisons aujourd’hui".

Dans son bureau de la rue Galczynskiego, Konstanty Gebert, intellectuel juif incontournable de Varsovie, directeur de la revue Midrasz, ne tergiverse pas : "Oui, nous pouvons parler de renouveau. Même si ce qui se passe à Varsovie est objectivement très limité, cela reste immensément plus grand que rien." Il a lui-même grandi "avec le sentiment que nous étions les derniers juifs de Pologne". Sa fierté ? L’école primaire et le collège juifs du quartier Wola qui comptent 300 élèves : "Il y a vingt ans, c’était impensable." La maternelle a ouvert ses portes en 1988, un an avant la chute du communisme, l’école en 1993. A l’automne, un lycée juif devrait même ouvrir ses portes à Varsovie rive droite, dans le quartier Praga. Mais la communauté juive, celle qui connaît et assume son identité juive, reste numériquement faible. "Notre problème principal aujourd’hui, ce n’est pas l’antisémitisme, tance M. Gebert, mais la démographie."

Engagée dans l’association des juifs orthodoxes   de Varsovie, Miriam Gonczarska anime depuis avril le nouveau programme en hébreu mis sur pied par la station publique Radio Polska et bientôt diffusé en Israël. Lucide, elle sait les défis de sa communauté. "La plupart des juifs qui avaient survécu à la Shoah et conservé leur identité ont quitté la Pologne après les événements antisémites de 1968. Aujourd’hui, certains reviennent au pays parce qu’ils ont échoué dans leur carrière à l’étranger, d’autres pour obtenir la citoyenneté polonaise et décrocher un passeport européen, une poignée enfin pour assumer leurs origines." Sans oublier les "juifs invisibles", "ceux qui ignorent leur identité juive parce que leurs parents ou grands-parents ont souvent changé d’identité après 1945 et ne sont jamais revenus à leur judaïté". Ceux-là seraient des dizaines de milliers.

Article paru dans Le Monde 26.06.07

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Les nouveaux juifs polonais retrouvent leurs racines cachées par la Shoah

VARSOVIE (AFP) — En Pologne, dans l’ancien coeur juif de l’Europe, les frêles bougies de Hanoucca qui brûlent depuis ces derniers jours sont souvent allumées par de nouveaux juifs qui n’ont que récemment redécouvert leur identité.

Rescapés de l’Holocauste nazi puis élevés sous un régime communiste ouvertement antisémite, nombre de Polonais de l’après-guerre avait choisi de taire et même d’effacer leurs origines dans un pays très majoritairement catholique.

"Nous ne parlions jamais de mes ancêtres. C’est comme si quelque chose avait été brisé", se souvient Agnieszka Kwasniewska, une récente convertie de 37 ans, rencontrée au Centre culturel juif de Varsovie, après une cérémonie de Hanouka, la Fête des lumières.

Elle avait 12 ans quand sa grand-mère lui raconta qu’elle avait dû se cacher pendant la Seconde guerre mondiale car "elle ressemblait à une juive".

"J’ai su qu’il y avait quelque chose qui sonnait faux dans cette histoire. Elle pleurait beaucoup. Nous n’en avons jamais reparlé", raconte-t-elle.

"Plus tard, j’ai demandé à mon père et il a dit : ’C’est de l’histoire ancienne, on ne peut plus y revenir’. Nous sommes des catholiques".

Sa conversion a créé des tensions avec sa famille mais elle ne regrette rien. "Quand je suis venue à la synagogue, c’est comme si je revenais à la maison".

Selon les estimations, il ne reste que 3.500 à 15.000 juifs en Pologne, sur une population de 38 millions d’habitants. Mais il est pratiquement impossible de chiffrer le nombre de Polonais qui ont des ascendants juifs.

A la veille de la Seconde guerre mondiale, ils y avait près de 3,5 millions de juifs en Pologne. Et Varsovie était la première ville juive d’Europe, et la deuxième du monde derrière New York, avec une communauté de 400.000 personnes.

Les nazis, qui occupèrent la Pologne en 1939, tuèrent environ 90% des juifs polonais, soit quelque 3 millions de personnes. En 1945, le nombre des juifs en Pologne n’était plus que de 280.000.

La plupart ont choisi d’émigrer en Israël ou aux Etats-Unis, immédiatement après la guerre ou lors des campagnes antisémites du régime communiste dans les années 50 ou encore en 1968.

Mais de nombreux juifs qui avaient survécu en réussissant à cacher leur identité ont décidé de ne rien changer afin de protéger leurs enfants. Ce fut souvent le cas dans les familles mi-catholiques, mi-juives ou dans celles qui étaient athées.

"J’avais 13 ans. Je me suis intéressé à mon nom de famille", raconte Maciej Krasniewski, 20 ans, "les noms polonais se terminant en ’ski’ peuvent indiquer une origine aristocratique. J’ai demandé à mon père et il a dit : ’Notre vrai nom, c’est Kirschenbaum’".

Son grand-père paternel avait survécu à la Shoah et avait changé son nom en 1954.

Maciej Krasniewski a mis cinq ans à se convertir, en raison d’un sentiment de culpabilité de sa foi catholique qui lui soufflait que ce serait un péché. Son frère jumeau a suivi le même chemin et a même rejoint les rangs des orthodoxes  .

Il hésite encore à arborer sa kippa lorsqu’il sort dans la rue mais il est décidé, dit-il, à faire son coming out, à la manière des homosexuels.

"Nous sommes ici, nous ne nous en irons pas, il faut vous habituer", dit-il, "si on ne le fait pas, personne ne saura qu’il y a des juifs en Pologne".

Les nouveaux juifs de Pologne veulent aussi que les autres juifs, en particulier ceux d’Israël ou des Etats-Unis, qui viennent visiter les sites des camps de la mort comme ceux d’Auschwitz-Birkenau ou de Treblinka cessent de considérer leur pays comme un vaste cimetière.

"Les autres juifs doivent voir qu’il y a une réalité de la vie juive en Pologne", affirme Anna Janot-Szymanska, dont la soeur, Malgorzata, dirige le Centre culturel juif.

La création d’une assemblée de rabbins   confirme le renouveau du judaïsme polonais

LE MONDE | 25.02.08

Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, une assemblée de rabbins   de Pologne a été officiellement créée, samedi 23 février, en présence du grand rabbin   ashkénaze d’Israël, Yona Metzger. "C’est un retour dans l’histoire, s’est félicité le rabbin   Metzger, dont le père est originaire de Varsovie. Jusqu’à l’Holocauste, les rabbins   polonais étaient réunis dans une organisation qui exerçait une large influence dans le pays et sur la communauté juive. Il est temps de raviver ce conseil. La communauté juive polonaise se renforce de jour en jour, les synagogues se remplissent à nouveau."

Pour l’heure, le conseil ne réunira que huit rabbins  . Avant tout symbolique, sa création confirme le timide renouveau de la communauté. Des 3,5 millions de juifs présents en Pologne avant-guerre, faisant du pays le plus grand centre juif d’Europe, ils ne seraient aujourd’hui plus qu’une dizaine, peut-être une vingtaine de milliers.

La communauté doit son réveil surtout aux "nouveaux juifs", ces Polonais revenant à la religion de leurs ancêtres après avoir découvert leur héritage. Certains sont les descendants d’"enfants cachés" qui ont survécu à la Shoah et ne sont jamais revenus à leur origine parce qu’ils ne la connaissaient pas, trop jeunes pour en avoir conscience, ou qu’il était dangereux de les afficher après-guerre.

D’autres découvrent, au terme de longues recherches dans les archives ou lors de la confession d’un grand-parent sur son lit de mort, qu’ils sont issus d’une famille juive assimilée, qui, sous le coup des campagnes antisémites du régime communiste, avait tiré un trait sur son identité. "C’est un fait : de plus en plus de Polonais découvrent leurs origines. Certains n’avaient même pas idée qu’ils étaient juifs. J’ai même rencontré à Varsovie un néonazi qui, après avoir découvert ses origines, s’est converti au judaïsme !", s’enthousiasme le rabbin   Metzger.

Autre signe visible du renouveau juif, la multiplication d’initiatives culturelles. A Varsovie, le réseau juif international B’nai B’rith, calqué sur les organisations maçonniques, a célébré en septembre 2007 l’ouverture d’une loge polonaise. De même, la radio publique polonaise émet depuis l’été 2007 une émission en hébreu.

Messages

Pologne, la communauté juive renaît soixante ans après la Shoah

Bonjour,
Mes grands-parents polonais-allemands étaient certainement juifs. Puis-je être aidée pour faire des recherches dans ce sens ? Merci de votre réponse.

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