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Religion et laïcité en Israël

Religion et laïcité en Israël

La question est complexe et déchire la société israélienne entre démocrates et fondamentalistes.

Sondage en 2011

Une étude menée par l’institut de sondages Rafi Smith à l’approche de la fête de Rosh   Hachana, le nouvel an juif, révèle que 56 % des juifs israéliens souhaitent la séparation de l’État et de la religion (35 % beaucoup et 21 % plutôt). À l’inverse, 28 % y sont fermement opposés.

Une analyse plus fine des résultats laisse apparaître l’opposition entre le monde religieux et le monde laïc à l’intérieur de la société israélienne : 85 % des juifs ultraorthodoxes, 87 % des orthodoxes   et 54 % des juifs traditionnels s’opposent à cette séparation quand 80 % des juifs sécularisés la défendent. Les ultraorthodoxes sont même 51 % à s’opposer à la liberté de religion en Israël.

Ce sondage, commandé par l’association Hiddush pour la liberté religieuse et l’égalité et conduit auprès de 800 personnes représentatives de la population adulte juive israélienne, montre d’ailleurs que, parmi les tensions internes à la société israélienne, la fracture entre ultraorthodoxes et laïcs est devenue le premier sujet d’inquiétudes pour 37 % des personnes interrogées, suivie par les tensions entre droite et gauche, entre riches et pauvres, entre séfarades et ashkénazes et enfin entre Israéliens nés en Israël et immigrants récents.

Une orthodoxie   de plus en plus isolée, mais puissante :

22 % s’inquiètent de l’absence des matières fondamentales dans la formation des ultraorthodoxes et de la difficulté des hommes à s’intégrer sur le marché du travail.

Pour 19 % des personnes interrogées, le problème principal est l’enrôlement des étudiants de yeshiva dans l’armée, pour 16 % le budget public alloué aux yeshivot, pour 14 % le monopole accordé aux juifs orthodoxes   sur le mariage et le divorce, pour 11 % le problème des conversions, et pour 7 % les conflits autour des règles à appliquer le jour du shabbat.

Ainsi, concernant les conversions, 39 % des répondants pensent que l’État ne devrait reconnaître que les conversions orthodoxes  , 32 % se disent en faveur de la reconnaissance de toutes les conversions religieuses en Israël et à l’étranger (y compris chez les juifs « conservatives » et libéraux, majoritaires aux États-Unis). Enfin 29 % accepteraient des conversions laïques, incluant études et cérémonies d’admission au sein du peuple juif.

À propos du débat sur le shabbat, 63 % des Israéliens interrogés par l’Institut Smith souhaiteraient voir davantage de lignes de bus ouvertes le week-end. Quant aux femmes, interrogées sur ce qu’elles font ou feraient dans des bus séparant les deux sexes, 35 % ont déclaré qu’elles iraient s’asseoir au fond (27 % parce que cela leur est habituel, 8 % par crainte des réactions des autres passagers), 18 % agiraient comme dans les lignes régulières et 47 % éviteraient de voyager de cette manière et chercheraient un autre moyen de transport.

Le rabbin   Uri Regev, président de l’association Hiddush, estime que la société israélienne « exprime son désir pour une liberté de religion et de conscience. Pour parvenir à la justice sociale, l’État doit appliquer le service militaire pour tous, couper dans les subventions accordées aux yeshivot et forcer celles-ci à enseigner les matières fondamentales ».

Rappelons que le mouvement Massorti   est pour une séparation de la religion et de l’Etat et pour une totale liberté de conscience. Il a prit plusieurs fois position en ce sens sur la scène politique israélienne et dans les médias.

Rêve d’un Etat religieux

A notre avis, ce rêve d’un Etat de la Tora qui tient du fantasme identitaire bien plus que d’un projet réaliste serait un cauchemar.

Voici un article de Yeshaya Dalsace qui en fait l’analyse :

Justice de la Tora aujourd’hui

Cet article montre que la revendication de la part de certains orthodoxes   pour un Etat religieux est un fantasme qui ne ferait que discréditer le judaïsme et montrer les limites de leur projet de société.

La religion comme identité nationale

Un israélien est toujours inscrit comme citoyen de confession telle ou telle, ce qui ne va pas sans poser de nombreux problèmes et quelques injustices et absurdités administratives.

Certains s’y opposent fermement. C’est ainsi que l’écrivain israélien Yoram Kaniuk a obtenu en septembre 2011 d’un tribunal israélien de figurer comme "sans religion" et non plus comme appartenant à la "religion juive" sur les registres d’état civil, rapporte le quotidien israélien Haaretz.

"C’est une décision d’importance historique", a déclaré au quotidien l’écrivain âgé de 81 ans, après ce jugement qui pourrait faire jurisprudence. Après avoir vainement demandé au ministère de l’Intérieur de rayer toute appartenance religieuse dans le registre d’état civil, l’écrivain avait fait appel en mai, affirmant qu’il ne voulait pas appartenir "à ce qu’on appelle la religion juive en Israël", la comparant à l’islam de l’Iran.

Dans ses attendus rendus cette semaine, le tribunal de Tel Aviv a estimé que tout citoyen a le droit de se définir comme "libre de religion" conformément à la loi fondamentale israélienne sur la Liberté et la dignité de l’Homme.

En revanche les tribunaux israéliens ont jusqu’aujourd’hui repoussé des recours d’intellectuels laïcs pour autoriser l’inscription de la mention "israélien" sur les registres d’état civil, à titre d’appartenance nationale, au lieu de "juif", "arabe", "russe" ou autre comme c’est le cas aujourd’hui.

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