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A propos de l’affaire Al Dura

A propos de l’affaire Al Dura

Décryptage -

Le tribunal correctionnel de Paris a récemment condamné, pour diffamation, à l’égard de France 2 et de son correspondant permanent en Israël, deux responsables français de sites Internet

qui avaient repris, et diffusé, un communiqué de l’Agence d’information de la Mena (Middle East News Agency) mettant en doute la véracité d’un reportage diffusé sur cette chaîne, dans les premiers jours de la seconde Intifada, en septembre 2000.

On se rappelle, certainement, les brèves images diffusées sur lesquelles apparaissaient un jeune enfant, Mohamed Al-Dura, et son père, images prises par un reporter-cameraman palestinien, travaillant pour France 2. Dans le commentaire de ce reportage, il était dit que l’enfant avait été tué par des balles israéliennes et son père grièvement blessé, dans les mêmes conditions. Or, curieusement et de façon regrettable, les autorités israéliennes ne se sont jamais prononcées sur cette affaire, alors que, quelques années plus tard, elles allaient présenter, dans un premier temps, des excuses à propos d’un missile israélien tombé sur une plage de Gaza, et ayant causé la mort de plusieurs civils, avant qu’on ne se rende compte qu’il s’agissait d’une mise en scène.

Pour en revenir à l’affaire Al-Dura, une journaliste allemande Esther Shapira, réussit, en environ une heure de projection, reprise par Pierre Rehov dans un DVD distribué, en 2004 à apporter, pourtant, la preuve qu’il est pratiquement impossible que le petit palestinien Mohamed Al Dura ait pu être tué par l’armée israélienne.

De fait, on ne peut manquer de s’étonner de voir le père de Mohamed, Djamel, annoncé comme grièvement blessé, alors qu’il tenait son fils dans ses bras, être en bonne santé (ce dont on ne pouvait que se réjouir) et être fort prolixe devant la caméra.

France 2, quant à elle, s’est contentée de projeter 50 secondes d’un film de 6 minutes, tourné par son cameraman au carrefour de Netzarim, dans la bande de Gaza, alors qu’agissant seul, on voit mal comment il pouvait, à la fois, avoir l’œil rivé sur la caméra et observer ce qui se passait aux alentours… Le correspondant permanent de la chaîne en Israël, patron du caméraman, a expliqué que la chaîne avait autorisé, gratuitement, toutes les télévisions à projeter ces images prises lors d’un tir de 45 minutes.

Mais, France 2 a toujours refusé de laisser visionner ce qu’on appelle les « rushes » (c’est à dire les images prises, mais non diffusées), sauf à l’intention de quelques « privilégiés », qui ont été loin d’être convaincus de la preuve de la responsabilité des Israéliens, qu’apporteraient ces images.

Tandis que le journaliste de France 2 se faisait « épingler » par un « prix de la désinformation », son cameraman a lui été plusieurs fois primé - mais pas par le même jury - pour son exploit, sans qu’on lui ait demandé comment il avait pu être placé juste en face du petit Mohamed et de son père, qui s’abritaient derrière une section de canalisation en béton, placée le long d’un petit mur.

Dès la projection des quelques images de ce qui était présenté comme l’agonie d’un enfant soi-disant victime de tirs israéliens, alors que l’échange de coups de feu entre Palestiniens et soldats israéliens a duré 45 minutes, des doutes ont jailli dans l’esprit des spécialistes et une enquête s’imposait.

Le silence des autorités israéliennes

Du côté palestinien, aucune enquête n’a été menée comme le précisa un responsable de la police palestinienne. Le caméraman affirma, lui, avoir mené sa propre enquête (caméraman, reporter et enquêteur, cela fait beaucoup pour un seul homme)… Bien évidemment aucune autopsie du petit Mohamed n’a été faite et en admettant que le Coran interdise l’autopsie, rien n’empêchait un examen des blessures reçues par son père. Les deux camps n’utilisant pas les mêmes armes, il eut été facile de déterminer l’origine des tirs, dont certains auraient été mortels.
Du côté israélien, l’erreur fut de confier cette enquête au commandant des troupes dans le secteur. Car, quelques jours après le tragique incident, il fit détruire, pour des raisons de sécurité, le mur et le cylindre en béton, empêchant ainsi d’examiner l’impact des balles fichées dans le cylindre et le mur.

En tout cas, des essais faits, par la suite, sur une section de canalisation en béton identique à celle derrière laquelle se trouvaient les deux palestiniens a montré que, contrairement aux affirmations du père de Mohamed, aucune balle israélienne n’avait pu traverser le béton et atteindre son fils.

De même, des experts en balistique ont souligné que le faible angle de tir ouvert aux Israéliens empêchait ceux-ci d’apercevoir le père et son enfant et même de voir la main qu’agita, à un certain moment, le père pour faire cesser le tir.

S’il n’y avait pas eu, à l’arrière-plan, cette mort d’un enfant (que certains ont toutefois niée) on ne peut qu’être tenu en haleine par l’enquête rigoureuse menée par la journaliste allemande, que la chaîne de télévision française, a, cependant, refusé de projeter, même suivi d’un débat contradictoire.

L’un des jugements de condamnation pour diffamation a d’ores et déjà été frappé d’appel. Attendons la suite… Mais avouons que c’est une bien étrange affaire, dans laquelle la discrétion des autorités israéliennes a été tout à fait regrettable.

L’auteur : David Ruzié est professeur émérite des universités et spécialiste de droit international

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