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Halakha. Esclavage et judaïsme

Halakha. Esclavage et judaïsme

Mishpatim -

La loi juive envisageait l’esclavage mais pas dans n’importe quelle condition.

L’idée d’esclavage est pour nous profondément révoltante et inadmissible. Il va de soi que ce genre de règles doit être compris dans un contexte historique précis et que les conditions sociales et l’évolution des mentalités et des valeurs ont rendu caduques toutes ces règles de la Tora. Aucun juif aujourd’hui, même le plus orthodoxe  , ne souhaite voir ces règles rétablies. Ni l’esclavage, ni la possibilité de punition corporelle sur quiconque, alors admise dans la Tora. C’est un excellent exemple de textes obsolètes dans leur mise en pratique.

Cependant, ces textes sont lus et étudiés, car ils restent pertinents dans ce qu’ils ont à nous apprendre. On constate dans ces textes un souci très grand de la personne humaine et de sa dignité. C’est même, d’après un commentaire classique, la raison pour laquelle la Parasha   commence par la règle de l’esclave, pour nous rappeler que la justice doit d’abord se soucier du plus faible, du plus bas degré de l’échelle sociale.

« L’amour du prochain, la pitié pour les faibles, sont parmi les vertus les plus précieuses ; c’est pourquoi Il nous a demandé d’être bons et miséricordieux envers celui qui est sous nos ordres. » (Sefer Hahinoukh)

Le texte nous rappelle avant tout que même esclave, un être humain reste fondamentalement libre. Il ne peut être aliéné (en fait pour payer une dette) définitivement, la septième année vient le libérer automatiquement.

Exode 21.2

Si tu achètes un esclave hébreu, il servira six années ; mais la septième, il sortira libre, sans rien payer.

Un maître n’a pas tout pouvoir sur son esclave, il ne peut le mutiler, il lui doit respect et traitement humain, il lui doit le repos hebdomadaire du shabbat.

Exode 21.20

Si un homme frappe du bâton son esclave, homme ou femme, et que l’esclave meure sous sa main, le maître sera puni.

21.26

Si un homme frappe l’oeil de son esclave, homme ou femme, et qu’il lui fasse perdre l’oeil, il le mettra en liberté, pour prix de son oeil.

21.27

Et s’il fait tomber une dent à son esclave, homme ou femme, il le mettra en liberté, pour prix de sa dent.

Cette conception était profondément révolutionnaire.

Nous n’entrerons pas ici dans toutes les nuances du droit antique sur l’esclavage, mais en retiendrons l’essentiel pour nous.

Tout juif doit se rappeler que lui-même fut un jour esclave et doit donc détester l’esclavage comme système et l’exploitation de l’homme par l’homme.

De nos jours, nous devons apprendre de ces règles deux choses : d’abord que nous sommes faits pour être libres et refuser pour nous-même tout système aliénant. Mais également que l’autre mérite le respect, surtout quand il est soumis à notre pouvoir.

Nos sociétés connaissent des formes d’esclavage qui ne disent pas leur nom. Celui des travailleurs lointains, parfois très jeunes, qui sont maintenus dans des conditions terribles pour satisfaire nos besoins de consommation. Celui des immigrés et des sans papiers souvent réduits à l’esclavage tout près de nous. Celui d’employés soumis à des pressions sociales au-delà de toute justification.

C’est vrai également dans l’Etat d’Israël où plusieurs aspects de cette questions doivent absolument être améliorés.

C’est pourquoi, ces textes anciens, cherchant à réfléchir sur la condition terrible de l’homme réduit au pouvoir économique d’un autre homme, doivent nous interpeller et soulever nos consciences envers tous ceux qui ont à subir, d’une façon ou une autre, notre pouvoir à nous, même indirect.

Le mouvement Massorti   tente de mettre en place à ce propos un certificat de kashrout   de justice, afin de ne pas seulement s’inquiéter du contenu des produits alimentaires, mais également des conditions dans lesquels ces produits sont fabriqués.

Il existe également des certificats de commerce équitable, qui doivent être achetés de préférence.

Yeshaya Dalsace

Messages

Halakha. Esclavage et judaïsme

Oui, la question de l’esclavage est en effet une question clé, car elle permet de poser des questions fondamentales à la fois à la société et au croyant.
Il est vrai que, au regard de législations contemporaines sur l’esclavage, le judaïsme antique n’a pas à rougir et qu’il a cherché à humaniser autant que faire se pouvait une pratique moralement inique. Toutefois, il convient de poser les questions jusqu’au bout :
1/ la règle d’une libération après "sept ans" n’est valable que pour "l’esclave hébreu", à ma connaissance, et je suis étonné qu’on fasse trop souvent l’impasse sur ce détail qui n’en est pas un. Cette asymétrie (que l’on retrouve par ailleurs dans d’autres cultures) montre bien que ce n’est pas l’esclavage en tant que tel qui était réprouvé, mais la condition d’esclave pour les enfants d’Israël. Le Talmud   assimile souvent l’esclave non juif à une simple propriété et la perte de cet esclave à celle d’un bien matériel. L’idée est on ne peut plus habituelle ; plus tard, des différences existeront aussi, dans les sociétés chrétiennes, entre esclaves convertis et esclaves païens. Il reste que la lecture de ces textes est une "épreuve" pour la conscience moderne.
2/ Si c’est un devoir de "détester l’esclavage", le judaïsme n’en a pas moins, comme toutes les autres religions, donné à l’esclavage une caution divine. Dans la Torah, Dieu enjoint certes à ses fidèles de traiter l’esclave avec humanité. Mais il n’en était pas moins évident qu’Il ne maudissait ni ne condamnait l’esclavage en soi : il est dit que l’esclavage est un malheur dont on doit s’affranchir au plus vite, mais non qu’il est une pratique dont il est impératif de s’abstenir si l’on veut suivre les voies divines. Même le Décalogue prend acte que les Hébreux ont des esclaves : le Dieu qui nous a "fait sortir du pays d’’Egypte" nous demande de ne pas convoiter l’esclave de notre prochain et de ne pas faire travailler nos esclaves le jour du Shabbat, ce qui veut tout de même dire qu’il autorise les esclaves libérés à posséder à leur tour des esclaves (tout en les traitant bien). Il est certes interdit de mutiler son esclave, mais non de le battre avec modération... Si bien que l’on a pu, jusqu’à l’abolition, être pieux et propriétaire, voire trafiquant d’esclaves, en toute bonne conscience. Si, au moment de la guerre de sécession, des rabbins   ont plaidé pour l’abolition, d’autres ont fait le contraire, avec au moins autant d’appuis scripturaires. Et si les grands mouvements abolitionnistes ont compté quelques hommes de foi, il faut bien convenir que ce sont avant tout des républicains animés par des idéaux modernes d’émancipation qui ont mené ce combat.
Il me semble qu’il y a là une question qui se pose pour tous ceux qui énoncent, un peu hâtivement, que tous les droits de l’homme procèdent de la Bible tout comme à ceux qui veulent en faire la Parole intemporelle de Dieu. (Je sais parfaitement que ce n’est pas votre cas, bien sûr.) Je n’ai même pas connaissance (mais peut-être est-ce une ignorance de ma part) qu’il y ait eu, pour la question de l’esclavage, une "décision rabbinique" équivalente à celle qui, par exemple, a interdit la polygamie en Europe.
Bref, il convient, une fois de plus, de distinguer entre le souffle prophétique, celui qui émane de la fête de Pessah par exemple, et qui a pu valoir comme modèle d’émancipation pour l’humanité, et la lettre de la Loi qui, en la circonstance, s’est contentée pendant des siècles de réfléchir aux modalités d’humanisation d’un type d’organisation sociale qu’elle n’a jamais vraiment mis en cause ni ébranlé.
Encore une fois : pas de quoi rougir, mais Dieu aurait pu mieux faire, et parler plus nettement...!
PZ

Halakha. Esclavage et judaïsme

La question que vous soulevez, qui me semble à mon avis primordiale pour comprendre la nature du judaïsme, n’est pas celle de l’esclavage, mais celle de la nature de la révélation.

Voici pourquoi :

Si la Tora, comme le pensent les fondamentalistes, est l’expression stricte, mot à mot, de la volonté divine, il faut donc rétablir l’esclavage ! Dans une telle perspective, nous nous trouvons face à un texte et une divinité indéfendables l’un comme l’autre pour un esprit quelque peu humaniste et moderne.

Si la Tora, comme le pensent les juifs modernistes, est l’expression d’un idéal divin, contingent cependant d’une culture, d’une époque et d’un langage donnés, l’esclavage est à remettre dans son contexte économique et social de l’antiquité. Le message est alors très clair, la Tora s’oppose à l’esclavage et prône la libération des opprimés. Elle rêve d’une société sans esclaves mais reconnaît la réalité économique et demande que celle –ci soit traitée de la façon la plus humaine possible. Le message n’a alors pas vieillit, il s’applique parfaitement aux conditions sociales de notre époque qui ne connaît plus d’esclavage officiel, mais connaît par contre encore l’exploitation de l’homme par l’homme. Un juif se doit donc de ne pas exploiter son prochain quel que soit son statut ou son origine.

On pourrait faire la même démonstration avec beaucoup d’autres questions soulevées dans la Tora, qui ne correspondent plus du tout à nos critères actuels ou à la réalité sociologique.

C’est pourquoi la théologie fondamentaliste me semble totalement obsolète et n’offre à mon avis aucun intérêt. La pensée juive moderniste est autrement plus convaincante, sur ce point comme sur beaucoup d’autres.

Ce n’est donc pas à Dieu de mieux faire, mais aux hommes...

Rabbin   Yeshaya Dalsace

Halakha. Esclavage et judaïsme

j ai beaucoup de mal a croire en la divinite de la torah dans la mesure ou
 Dieu au lieu d interdire l esclavage l a legifere et a rendu ainsi possible l esclavage futur pratique par l islam et les protestants qui se sont bases sur nos textes entrainant la mort de millions de personnes
 l esclave reste un Bien du maitre et ce droit de propriete reste insupportable
 il est incapable juridiquement et ne peut meme pas temoigner devant un tribunal
 Dieu tolere que l enfant d un esclave non juif soit esclave a vie
 Toutes les lois de liberation des esclaves ne s adressent qu aux seuls esclaves juifs et le liberation de l esclave non juif pour traitement severe est strictement limitative et absurdite selon le rambam   on libere un escalve non juif pour lui avoir fait tombe une dent mais pas si on l a castre,frappe,arrache la peau car la liste des causes de liberation est limitative

ces points restent selon moi assez incompatibles avec la conception d un dieu genereux liberateur ouvert a tous et infini
et il en est de meme pour le statut des femmes car si en islam il faut 2 femmes pour valoir un homme au niveau du temoignage
selon la torah une femme ne peut pas temoigner sur les sujets ou il faut deux temoins
et si en islam une femme touche la moitie de heritage d un homme
selon la torah une femme ne touche aucun heritage si elle a des freres
ces lois la sont appliquees par les tribunaux rabinniques a ce jour en israel
et il y a mille ans encore selon la torah un homme pouvait repudier purement sa femme ce qui laisse songeur sur la pretendue place de la femme dans le judaisme et a ce jour en israel les hommes dictent les conditions du mariage ce que je sais car ma femme travaille avec le rabinnat car la torah prevoit que l homme est seul maitre du divorce sauf cas tres tres rare

en bref le dieu de la torah n a plus rien de tres revolutionnaire

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