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Simhat Tora La joie de la Tora

Simhat Tora La joie de la Tora

Simhat Tora marque la clôture des fêtes de pèlerinage dans le judaïsme et celle du cycle annuel de la lecture de la Tora à la synagogue chaque Shabbat.

Explications sur Simhat Tora

Simh’at Tora, « la joie de la Tora » est la fête la plus joyeuse du judaïsme avec Pourim. Si à Pourim, la joie exprime quelque chose d’ironique, une sorte de moquerie face à l’insoluble question du mal ; à Simh’at Tora la joie est pure, gratuite, totalement consacrée au joyau du judaïsme : la Tora.

Cette joie s’exprime en organisant sept processions dansantes (Akafot) dans la synagogue en se passant les rouleaux de la Tora de main en main, accompagnées de chants populaires. Ces processions ont lieu le soir et le matin. Le matin, on termine la lecture du rouleau de la Tora et on en commence une autre. Il faut donc avoir plusieurs rouleaux : dans le premier on lit les bénédictions prononcées par Moïse devant le peuple d’Israël « zot habrakha » suivi du récit de sa mort qui vient clore le pentateuque.

Dans le deuxième rouleau, on dit le récit de la création du monde. Normalement, chaque individu doit monter à la Tora ce jour-là et ont fait même monter les jeunes enfants en groupe, comme pour dire : la Tora appartient à tous les Juifs.

Comme ce jour est Yom Tov, le Maftir   est lu dans un troisième rouleau (liste des sacrifices du jour dans la Parasha   Pinhas) comme à chaque Yom Tov.

Dans le mouvement Massorti  , c’est pour cette fête que les femmes ont réclamé à lire dans la Tora. Peu à peu, cette lecture s’est étendue à toute l’année (on assiste au même phénomène, des décennies plus tard, dans l’aile gauche du mouvement orthodoxe   avec exactement les mêmes arguments).

Dans certaines communautés, on lit même le soir de Simh’at Tora, chose exceptionnelle puisque la Tora n’est jamais lue la nuit de façon solennelle.

Dans les petites communautés où il n’y a pas trois rouleaux de la Tora, on est obligé de rouler en arrière, de la fin jusqu’au début, le même rouleau. C’est un magnifique spectacle que de voir défiler tout ce texte qui a été lu tout au long de l’année de shabbat en shabbat.

Dans les grandes communautés, où il existe parfois de nombreux rouleaux de la Tora, non seulement ils sont tous sortis pour la procession (Akafot), mais on installe aussi différentes tables de lecture et on lit dans tous les rouleaux en même temps en ayant réparti le public nombreux en petits groupes. Le but est bien évidemment de gagner du temps, mais c’est également un très beau spectacle.

La dernière montée à la Tora (Alya) est considérée comme particulièrement honorifique, on chante alors un hymne a l’honneur de celui qui a été surnommé « fiancé et de la Tora » (Hatan   Tora) et le suivant, celui qui entamera le nouveau rouleau, ce qui est également un grand honneur, est nommé : « fiancé du commencement » (Hatan   Bereshit). La fiancée est bien évidemment la Tora elle-même.

Cet enchaînement marque le fait que la Tora ne se termine jamais, que sa lecture est infinie… De plus, la dernière lettre de la Tora est le lamed (d’Israël) et la première est bet (de bereshit), ensemble cela forme le mot : lev, « le cœur »…

C’est également la raison pour laquelle on a la coutume d’emmener tous les enfants à la synagogue. Comme dit le Talmud   : « le monde repose sur le souffle des enfants qui étudient la Tora ». C’est à dire qu’il faut assurer une continuité de génération en génération pour étudier la Tora. Les enfants ont la coutume d’agiter des petits drapeaux.

Lorsque l’on soulève la Tora pour montrer l’écriture au public au moment de la lecture, on a la coutume de soulever a l’inverse de d’habitude, l’écriture vers l’extérieur, pour illustrer une parole talmudique : « retourne la en tous sens car tout s’y trouve » הפוך בה והפוך בה דכולה בה.

Le fiancé de la Tora est censé offrir un gros kiddoush   (collation) au public de la synagogue.

Le côté exceptionnelle de cette joie de la Tora s’exprime en particulier par des danses, or selon la stricte loi, il est interdit de danser un jour de Yom Tov (tout comme à Shabbat) de peur qu’on en arrive à fabriquer des instruments de musique. Et pourtant, face à la joie de la Tora, l’interdit n’est plus respecté.

Cependant, la joie ultime de la Tora est dans l’étude de celle-ci et non dans la danse. Le judaïsme considère que le texte de la Tora est la source de l’ensemble, c’est le sens même de l’existence. Ce principe est difficile à comprendre pour quelqu’un qui n’est pas dans l’étude. Mais celui qui étudie nage alors dans une mer de commentaires qui font son délice. Pour le judaïsme, le texte de la Tora n’est que la partie visible d’un immense iceberg, beaucoup plus profond qui est l’ensemble de la tradition juive toujours en rapport avec un mot ou un verset de la Tora.
Participer à Simhat Tora, c’est soit chez celui qui étudie régulièrement exprimer extérieurement la joie qui nous habite lorsque nous étudions, soit amorcer une pompe qui mènera on l’espère vers l’étude, d’où l’importance de la présence des enfants.

Cette coutume de la joie de la Tora est relativement tardive. Dans la bible elle-même, il n’en est pas question. Il existe juste un huitième jour de fête « shemini hag haatseret », une fête de clôture du long cycle des fêtes commencé à Pessah et particulièrement intense durant le mois de Tishri  . Ce jour de clôture n’avait pas de symbole particulier. Le fait de lui associer les Akafot, le bouclage et le recommencement du cycle de lecture, lui donne donc une consistance populaire importante. Comme en diaspora on double le jour des fêtes, on fait Simhat Tora le deuxième jour de « shemini hag haatseret », afin de pousser les gens à venir (le deuxième jour n’était pas toujours très respecté). Dans les communautés qui ont décidé de revenir à un seul jour (ce qui est une option envisageable dans certaines communautés Massorti  ) afin de s’aligner sur la lecture israélienne et de mettre en avant l’unité du peuple juif de par le monde, Simhat Tora se fera donc le premier jour, comme en Israël d’ailleurs.

Yeshaya Dalsace

La joie du Shass

(L’article ci-dessous s’adresse au public israélien. Toutefois certaines prises de position peuvent intéresser aussi celui de la diaspora. NdT)

De Haaretz du 09/10/06 De Shar Ilan

La fête de Souccot  , tout comme Ticha B’Av, se trouve lentement effacé de l’agenda laïque. Souccot   est devenue simplement une autre semaine de vacances. Mais, s’il y a une fête que le public laïc a réellement déserté, c’est Simhat Torah, la fête qui marque la conclusion (et un nouveau début), de la lecture de la Torah.

Elle aura lieu samedi prochain. Pour vraiment la célébrer, il faudrait se rendre à la synagogue. Pour les laïcs, détournés de la synagogue par la coercition religieuse et par ceux qui leur demandaient de revenir à la foi, cette fête ne signifie strictement rien.

Il fut un temps où on pouvait voir des enfants dans la rue de quartiers laïques avec des drapeaux pour Simhat Torah. Il fut un temps où les enfants savaient qu’il y avait des drapeaux pour Simhat Torah. La plupart de la population laïque ne change pas de camps et ne veut rien savoir de la fête (même si c’est dommage).

Par ailleurs, du point de vue du contenu de la fête, le public laïc n’est pas le seul étranger à Simhat Torah. Si les ultra orthodoxes   étaient honnêtes avec eux-mêmes, ils seraient heureux de célébrer non pas la joie de la Torah, mais plutôt la joie de la Guemara. Ils ne danseraient pas en tours en soulevant les Sefarim, mais plutôt le Talmud   de Babylone (puisque le Talmud  , c’est la Guemara). La raison en est que c’est Shas – les six ordres de la Mishna   (dans l’hébreu parlé, étudier le Shas, signifie l’étude du Talmud   de Babylone)- davantage que la Torah, qui est le livre plus important pour ce public.

De ce point de vue, le nom du parti Séfarade, Shas, est beaucoup plus précis et honnête que celui du parti Aschkenaze, United Torah Judaism. Quand les ultra orthodoxes   disent que les étudiants des yeshivot s’épuisent dans l’étude de la Torah, ils veulent dire, en réalité, qu’ils discutent de questions (sugiyot) talmudiques jour et nuit. Il y a une (nouvelle) fête qui reflète le livre le plus important pour les ultra orthodoxes  , et ce n’est pas Simhat Torah. C’est une fête qui marque la conclusion de la lecture de la page quotidienne du Shas, et qui est célébrée massivement á quelques années d’intervalle. Les ultra orthodoxes   affirment qu’ils vivent selon la Torah, mais EN vérité, ils vivent selon la Guemara. Même les Sages   de la Torah sont, en réalité, des sages   de la Guemara.

Pourquoi tout cela est-il si important ? Parce que le principe de base de la société ultra orthodoxe   est celui qui établit que “ce qui est nouveau est défendu par la Torah“. Ce principe, un des prétextes pour ne pas changer la tenue qu’ils conservent depuis l’Europe de l’Est, n’a pas été instauré par la Torah, mais par le Hatam Sofer  , le fameux rabbin   de Bratislava, il y a environ 200 ans. Il est clair que les érudits qui ont écrit la Guemara ne croyaient nullement que toute nouveauté était interdite par la Torah. Bien au contraire, ils y ont introduit beaucoup d’innovations, des additions et des changements. Ils étaient Reformés, Conservatives, Reconstructionnistes.

Par ailleurs, les ultra orthodoxes   suivent des préceptes religieux et des interdits dont on peut douter que les juifs des temps de la Torah les aient observé. Ainsi, par exemple, il est défendu de voler, selon une des Dix Paroles. Or, dans le monde ultra orthodoxe  , l’interdit de livrer quelqu’un aux autorités, y compris des voleurs à la police israélienne, est beaucoup plus sévère et fort que l’interdit de voler. Aucun journal ultra orthodoxe   n’expliquerait les soupçons qui pèsent sur le président Moshe Katsav, car le public a le droit de ne pas savoir. En revanche, la Torah croit, réellement que le public a le droit de savoir exactement ce que Shechem, le fils de Hamor, a fait à Dinah, la fille de Leah.

Voilà pourquoi il serait opportun que les ultra orthodoxes   montrent beaucoup plus de prudence par rapport aux courants nouveaux et innovateurs parmi le peuple juif. C’est le droit du peuple, dans des lieux laïques, que d’apprendre à interpréter la Torah à sa manière, un droit qui n’est aucunement moins respectable que celui des Sages   qui ont écrit le Talmud  . Au sein des organisations juives laïques se discute l’éventualité d’écrire un Talmud   laïque ou un Tel Aviv Shas. Ceux qui écrivent une Guemara laïque ont le même droit de le faire que ceux qui ont écrit le Talmud   de Jérusalem et le Talmud   de Babylone.

Seulement si les organisations laïques juives ont du succès et seulement si le Judaïsme, dans un esprit de laïcité, s’échappe des maisons d’études et collèges religieux pour être accepté par un plus large public , alors il y aura une chance que les juifs laïques redécouvrent Simhat Torah (la joie de la Torah). Ce sera la joie d’une Torah tolérante et égalitaire, une Torah qui traite avec respect les opinions différentes, qui traite femmes, étrangers, prosélytes, Gentils   et déviants avec respect, et qui respecte la liberté individuelle. Car, non seulement le nouveau n’est pas interdit par la Torah, il est au contraire, essentiel à sa préservation et à sa pratique dans la joie.

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