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Innover en matière de Halakha

Innover en matière de Halakha

Les Teshouvot   Massorti   sont-elles susceptibles de convaincre les orthodoxes   dans les domaines où elles innovent ?

Pour répondre à une telle question, il faut réfléchir à ce que veut dire convaincre l’orthodoxie   d’une non-orthodoxie  , ce qui est une gageure.

La Halakha   en mouvement

Beaucoup de gens pensent de façon erronée que la Halakha   est figée dans le temps et que toute évolution s’avère impossible, même quand on en ressent la nécessité. Dès qu’on prône un changement, on est souvent regardé comme un déviant et l’on passe pour peu sérieux aux yeux de ceux qui se campent dans une position traditionnelle et conservatrice.

Le mouvement Massorti  , bien que globalement attaché au respect de la Halakha   classique et donc à la pratique des Mitsvot, tout comme l’orthodoxie  , propose des interprétations nouvelles dans certains domaines de la loi juive traditionnelle.

C’est en cela, essentiellement, qu’il diverge du mouvement orthodoxe  , dont il reste sinon très proche. Pour lui, la Halakha  , système dynamique, doit être également tournée vers l’avenir en cherchant à répondre aux besoins d’une société religieuse en pleine mutation, car inscrite dans un monde en transformation.

Sur certains sujets, la démarche ne pose pas vraiment de problème et le monde juif a toujours agi ainsi et continue à le faire, de même que le mouvement orthodoxe   pourtant victime actuellement d’une forme de crispation halakhique. Sur d’autres questions, par contre, la démarche est beaucoup plus discutable car fondamentalement innovante.

En effet, certains problèmes nouveaux se placent dans la continuité de problèmes plus anciens, c’est le cas par exemple de la question du statut shabbatique de l’électricité, ou de question nouvelles de kashrout  , ou de différentes questions d’éthique médicale…

Même si la problématique est absolument nouvelle, elle reste soumise à des principes ancestraux que le Possek interprète en rapport avec la question et y trouve donc assez facilement une réponse. Il n’y a pas d’impression de virage brusque, au contraire, on ressent, même face à ces problèmes nouveaux, un sentiment de continuité.

Autoriser ou non l’usage de l’électricité le shabbat relèvera de ce débat, avant tout technique et nul ne peut rejeter l’argument de l’interdit ou de l’autorisation, sinon sur le contenu juridique et donc technique de l’argumentaire. Je prends cet exemple car le mouvement Massorti   est divisé sur ce point qui est beaucoup moins simple qu’on ne le pense. Certains pensent que l’interdit est patent, d’autres qu’il n’a pas de réel fondement et que l’électricité n’est pas de même nature que le feu…

Le mouvement orthodoxe   est lui-même divisé sur la modalité de l’interdiction et son importance, c’est-à-dire si l’interdit relève des rabbins   ou d’un principe de la Tora.

Face aux changements de sociétés

Il existe par contre des débats sur des questions beaucoup plus innovantes sur le fond, c’est-à-dire des questions de société étroitement liées à l’évolution des mentalités.

Des valeurs qui allaient de soi dans le monde classique, sont aujourd’hui remises en cause. L’angle de vue n’est plus le même que par avant ; la question devient donc : faut-il ou pas en tenir compte ? Faut-il voir, comme le fait l’orthodoxie  , dans certaines valeurs du passé des principes cardinaux de la religion et donc refuser d’en débattre, ou peut-on au contraire, comme nous le pensons, discuter à l’aune de la mentalité actuelle et accepter de remettre en cause certains aspects d’un système considéré de toute façon comme le reflet des conditions historiques dans lesquelles il s’est mis en place ?

Il y a donc là un débat de fond sur la nature même de la religion et de ses règles.

Soit on persévère, comme l’orthodoxie  , dans la défense des mêmes valeurs classiques et cela ne pose pas de problème juridique technique, le système demeurant identique à lui-même et les précédents juridiques étant légion ; mais se pose alors la question éthique de l’intérêt à continuer à appliquer un système devenu problématique sur certaines questions, particulièrement aux yeux de ceux qui sensibles aux principes d’ouverture de la modernité ne peuvent continuer à se reconnaître dans des valeurs jugées dépassées selon les critères qui sont les nôtres.

Soit on considère, comme les modernistes, que ces valeurs anciennes correspondaient à une certaine période et sont le reflet d’une mentalité respectable mais qui ne nous correspond plus ; il faut alors parvenir à faire bouger la Halakha  , mais du coup d’énormes problèmes techniques se posent.

L’argumentaire juridique sera alors forcément fastidieux et quelque peu artificiel, les précédents n’existant quasiment pas. L’innovation sera inévitable et sa légitimité facilement contestable.

Les esprits réactionnaires auront beau jeu de venir désavouer la légitimité de décisions innovantes, ne reposant que sur du raisonnement et non sur des précédents (sinon rares et marginaux), sur une volonté de rabbins   modernistes qui ne peuvent par définition, s’appuyer sur l’opinion d’autorités orthodoxes   majeures, celles-ci n’ayant jamais cherché à entrer dans une telle démarche innovante.

Les convaincre du bien-fondé de la démarche est donc par nature illusoire et inévitablement un échec.

Que faire alors ?

Se plier à la pression conservatrice et adopter un discours orthodoxe  , ou assumer une position moderniste en cherchant malgré tout, les moyens de faire bouger les choses ?

Il est évident que la première solution est beaucoup plus confortable et facile, la deuxième exige courage et convictions.

Les personnes innovantes ont de tout temps été mal vues, voire rejetées et les positions nouvelles, particulièrement en matière de religion, sont toujours suspectes. Il ne faut pas oublier que les principales figures du judaïsme sont passées par là.

L’avantage est que grâce à de telles démarches, le judaïsme prouve sa capacité à demeurer un système pertinent pour tous les juifs quelque peu évolués et peut se présenter comme un système d’avenir et non pas seulement comme un reliquat du passé.

La problématique reste cependant d’innover sans casser le système de la Halakha   et de rester crédible, ne serait-ce qu’à nos propres yeux, dans ces démarches.

Autant dire que tout cela ne peut se faire sans une certaine dose de tensions, internes et externes et sans une profonde réflexion sur la nature même de la Halakha  .

Dans un tel débat, la question de la reconnaissance par le camp le plus conservateur, perd toute importance, car c’est une bataille perdue d’avance. C’est par contre la bataille de l’avenir du judaïsme et de son histoire qu’il faut gagner.

Exemple du statut de la femme

C’est le cas notamment pour tout ce qui touche au statut de la femme, que nous prendrons en exemple, mais il en existe d’autres (le rapport aux juifs transgresseurs, au monde non juif, à la question du politique, aux droits de l’homme, aux règles agricoles en Israël, au messianisme...).

Traditionnellement, la femme juive est soumise à un statut juridique assez différent de celui des hommes et clairement inférieur à celui-ci.

Elle est souvent considérée comme irresponsable, ou responsable partielle et son autonomie juridique est limité le plus souvent à son statut de fille ou de femme.

Dans le rituel synagogal, elle demeure passive et en retrait.

Toute manifestation publique, et donc toute charge publique, sont considérées comme une atteinte aux règles de pudeur.

Dans les textes talmudiques, elle est systématiquement rangée dans la même catégorie que l’esclave, c’est-à-dire de l’homme ayant perdu juridiquement sa liberté initiale, notamment en ce qui concerne la disponibilité de son temps et de ce fait incapable juridiquement de pratiquer toutes les Mitsvot. C’est selon ce principe que fut établie la bénédiction matinale par laquelle un homme juif se réjouit de ne pas être un esclave, puis de ne pas être une femme en prononçant la bénédiction d’usage « Béni sois-tu qui ne m’a pas fait femme », car le statut d’homme libre, soumis à plus de Mitsvot, est bien entendu plus enviable et de meilleure valeur. C’est également pourquoi les modernistes ont abandonné cette bénédiction alors que les orthodoxes   la conservent. Les explications apologétiques sur ces bénédictions ne peuvent que faire sourire les personnes érudites, car il n’y a aucune « supériorité spirituelle féminine » exprimée ici, bien au contraire.

Si le statut de l’esclave a depuis longtemps disparu, le statut de femme demeure encore et, sauf relecture systématique comme le propose le mouvement Massorti  , demeurera toujours, non pas dans sa différence respectable (il n’a jamais été question de confusion entre les sexes ou de nier des spécificités féminines ou masculines quand il en existe réellement), mais dans ce qu’il contient de violence et d’humiliation à l’encontre des femmes.

C’est bien parce que le système talmudique, parfait reflet des mentalités passées dans son discours sur les femmes est devenu inacceptable en l’état, qu’on doit chercher à le prendre avec distance et ne pas l’appliquer au pied de la lettre, comme le judaïsme se permet de le faire vis-à-vis de quantité d’autres questions.

Le rôle essentiel du mouvement Massorti  

Le mouvement Massorti   est le premier grand mouvement juif à proposer une relecture juridique approfondie et systématique de ce statut. Le mouvement orthodoxe   s’y refuse jusqu’à aujourd’hui craignant tout débat de fond sur le système qu’il considère comme parfait et au-delà de toute contingence historique (en tout cas dans son discours officiel).

Le mouvement réformé (ou libéral), n’a jamais fourni de travail halakhique sérieux et considère de toute façon la Halakha   comme non obligatoire, il opéra donc sans difficulté les changements nécessaires.

Au sein même du mouvement Massorti  , la chose n’est pas simple et bien des communautés Massorti   furent longtemps réticentes à changer quoi que ce soit sur la place des femmes et certaines communautés le restent encore.

Le mouvement orthodoxe   reste pour sa part, totalement opposé à des changements n’émanant tout simplement pas de son sein. Il a pourtant montré, au moment de la création de l’Etat d’Israël, sur la question de l’héritage des filles qui fut totalement aligné sur celui des fils par une « takana », un décret rabbinique, en contradiction directe avec la règle talmudique et celle clairement exprimée dans la Tora et contradiction également avec son discours officiel.

Le mouvement orthodoxe   est donc capable de relire une règle juive ancestrale et de la Tora en profondeur, dès lors qu’il l’estime nécessaire ou que les circonstances sociales le lui imposent (les pressions politiques étaient alors très fortes). Il dénigre par contre la légitimité d’autres rabbins   à faire de même…

Ce mépris trop souvent affiché empêche tout débat de fond et bloque la Halakha   orthodoxe   dans une position qui ne peut être que néfaste à long terme.

Le mouvement Massorti  , dès sa création en 1854, considéra qu’il était primordial de s’accorder une autonomie de décision juridique vis-à-vis des rabbins   les plus réactionnaires et de ne pas attendre leur bon vouloir pour faire bouger la Halakha  .

Le risque était en effet de faire dépendre tout le système de l’opinion des plus conservateurs qui ont beau jeu de déclarer interdite toute innovation. Ce risque est devenu la réalité du monde orthodoxe   actuel dans lequel l’opinion la plus stricte est souvent considérée comme la plus légitime, à l’exception notable du rabbin   Ovadia Yossef   (très critiqué pour cela).

Au cours du vingtième siècle, se mit en place au sein du mouvement Massorti  , une vaste entreprise de relecture des textes législatifs et peu à peu, au fur et à mesure des avancées du débat de société à propos du féminisme, des solutions halakhiques furent trouvées, non sans de houleuses discussions et quelques protestations manifestes des plus conservateurs. On en est arrivé aujourd’hui à une égalité de statut et de rôle quasi totale, dans la plupart des communautés affiliées au mouvement Massorti  , mais pas encore toutes.

Orthodoxes   et Massorti  

Une telle démarche est-elle critiquable et peut-elle convaincre les milieux orthodoxes   ?

Cette démarche est critiquable, si on considère que la Halakha   doit restée indépendante de tout mouvement social et qu’elle représente un système juridique purement divin et anhistorique. Si tel est le cas, on ne voit vraiment pas pourquoi le changement du statut général de la femme devrait affecter la tradition juive et encore moins la vie synagogale, lieu du sacré et non pas lieu du social. Dans un tel cas de figure, transformer la Halakha   pour l’adapter à l’air du temps est un véritable scandale et un détournement des prérogatives rabbiniques. Un fondamentaliste ne peut donc en aucun cas accepter de tels changements.

Toutefois, le mouvement Massorti   est né d’une érudition critique et de la connaissance historique des différentes phases de développement du judaïsme, ce qui représente donc bien un éclairage nouveau sur la tradition.

Nous savons pertinemment que la Halakha   est le résultat d’un long et lent processus de mise en place d’un droit sacré ; que ce droit, loin d’être détaché des contingences historiques, en est souvent au contraire le reflet ; que de tout temps de très grandes autorités rabbiniques ont adapté certaines règles et toujours tenu compte des circonstances sociales dans lesquelles elles légiféraient, que cela soit pour justifier une ligne stricte ou des changements, selon les cas.

Nous savons également qu’il existe un lien étroit entre la légitimité de la Halakha   et sa réception par la communauté à laquelle elle est destinée et que donc, un rabbin   Massorti   légifère pour son public sensible à ces questions, alors que le rabbin   orthodoxe   fait face à un public très différent.

Nous savons également qu’une règle ne naît pas ex nihilo et ne tombe pas du ciel, mais naît d’un besoin réel et doit rester le reflet d’un souci éthique et spirituel.

Jamais les rabbins   n’ont défendu la loi contre l’éthique.

Dès qu’ils sentaient un problème éthique vis-à-vis d’une loi, ils se débrouillaient pour ne pas l’appliquer. Les exemples sont fort nombreux : « Un tribunal qui condamne à mort, même une fois en soixante dix ans est appelé destructeur ! », « Tout juif doit être considéré comme un prince vis-à-vis de la présente règle. » « Nos femmes sont toutes importantes ». Si nécessaire, ils changeaient même carrément la loi, comme dans l’exemple de l’héritage, mais il en existe beaucoup d’autres.

La question du statut de la femme est donc avant tout une question éthique.

Ce statut inégalitaire et profondément rabaissant pour les femmes (pour peu qu’on ose y réfléchir quelque peu), peut-il être défendu éthiquement de nos jours ? Autant il s’explique dans un certain contexte et montre même de belles avancées, autant il est devenu aux yeux d’un moderne profondément injustifiable.

Dans une telle perspective, il devient vite impossible de ne pas adapter la Halakha   aux critères qui sont les nôtres et de laisser perdurer une inégalité entre hommes et femmes qui ne peut qu’interpeller, voire déranger et aux yeux des plus évolués devenir absolument injuste. Bien évidemment, les milieux orthodoxes   refusent ce débat ou cherchent à le biaiser, mais ses réponses ne sauraient satisfaire un esprit ouvert et quelque peu sensibilisé au problème.

C’est pourquoi des millions de juifs modernistes ne se posent pas la question du pourquoi, totalement assumée à leurs yeux, mais du comment.

La difficulté de l’innovation

Si l’on accepte de mener un tel dossier, la question devient vite celle de la démarche jurisprudentielle et herméneutique à adopter. En effet, vouloir créer un système égalitaire à partir d’une juridiction clairement patriarcale n’est pas chose facile ! Il n’existe pas de réel précédent et si ici où là, s’élèvent des voix critiques quant au système, elles sont minoritaires dans la littérature halakhique ancienne.

C’est pourquoi, ceux qui ont eu le courage de faire bouger les choses ont dû chercher les failles du système halakhique pour s’y engouffrer. Il ne peut s’agir de s’appuyer sur une forte autorité du passé, mais au contraire de contourner les obstacles que le discours patriarcal a mis en place.

Si l’on voulait se contenter de suivre une quantité statistique de citations ou un simple raisonnement juridique classique, il serait beaucoup plus facile d’interdire aux femmes tout rôle public et le devoir de silence, que de leur octroyer une place active. Il faut donc un peu d’audace halakhique et beaucoup de créativité pour améliorer la situation.

En ce sens, les non dits du système seront également un argument par défaut. Par exemple, le minyan   repose sur le chiffre dix, mais sans précision de sexe (il est juste précisé : « pas moins de dix »). Il est évident que cela ne concernait à l’origine que les hommes ; mais le non dit permet d’y inclure les femmes. C’est un énorme « hidoush », une innovation « scandaleuse » mais justifiée et surtout salutaire. Si on veut la contrer, il est très facile de répondre que personne, durant 1500 ans n’est venu inclure les femmes ! Le fond de la question consiste donc à savoir pourquoi on devrait aujourd’hui penser que la sainteté ne reposerait exclusivement que sur une assemblée masculine…

Quand on ressent toute la négativité d’une telle opinion, on ne peut que souhaiter voir évoluer les choses et donc apprécier l’argument par défaut.

L’accès des femmes à la lecture de la Tora ne peut se justifier qu’en revenant au premier stade d’une Braita talmudique l’autorisant et en passant par-dessus 1500 ans de coutumes ! C’est donc en revenant à un principe premier qu’une femme peut lire dans la Tora. Quiconque veut affirmer une trahison de la coutume et des habitudes synagogales depuis au moins le Moyen Age, dispose de tous les arguments pour le faire et les femmes peuvent donc rester assises sur leur banc.

Il en est de même avec la séparation, la Mekhitsa : l’abattre et asseoir ensemble les familles, c’est clairement faire de la synagogue un lieu de convivialité familiale et non plus, comme depuis des siècles, un lieu d’expression exclusivement masculine. Cela a le mérite de faire de la synagogue un lieu d’aujourd’hui dans lequel chacun a sa place et son rôle actif, mais cela correspond à une conception moderne de la famille et non à la conception patriarcale connue dans le passé, lorsque les hommes allaient à la synagogue tandis que les femmes attendaient à la maison, repas prêt et table dressée… Inutile de chercher dans le passé des arguments solides pour justifier ce changement.

Le rapport à la voix féminine aussi est innovant, accepter le chant féminin, ou au minimum une femme lisant à voix haute la Tora ou les prières, c’est refuser d’enfermer la problématique dans celle de la séduction et permettre donc à une femme d’être d’abord un être humain qui s’exprime et non pas seulement un objet de désir, contrairement à la position talmudique. Or depuis des siècles, la littérature rabbinique parle des femmes comme objet de tentation et donc de débauche possible, un mal nécessaire à gérer, discours qui trouve sa justification dans la libido masculine mais ne peut servir à gérer les rapports sociaux dans la société juive actuelle.

Créer une cérémonie de Bat Mitsva  , c’est aller à l’encontre de milliers d’années d’enseignement des filles (dont la sagesse était « dans le fuseau » dixit Rabbi Eliezer dans le Talmud  ) et qui n’apprenaient que peu de chose jusqu’à récemment…

C’est donc une vraie révolution que de vouloir fêter la Bat Mitsva  , même de façon orthodoxe  , c’est-à-dire en ne faisant presque rien. Alors demander à une gamine de prouver sa dextérité à lire dans le Sefer Tora et mener une drasha en public, ou encore assurer une part de l’office, comme cela se fait dans les communautés juives modernes, aussi bien Massorti   que libérales, c’est évidemment, non seulement faire la révolution, mais c’est aussi donner à une jeune fille un message : le judaïsme t’appartient et tu en es responsable.

Ce message n’était réservé qu’aux garçons, quant aux filles, il leur incombait de se marier convenablement... le plus tôt possible. Il va de soi que le message de la Bat Mitsva   est en phase avec la position des femmes dans la vie moderne et qu’aucune source ancienne ne vient le justifier pleinement. Au contraire, Rabbi Eliezer préférait la destruction plutôt que d’enseigner un seul mot de Tora à une femme…

La question douloureuse des femmes dans le mariage et notamment face à la question d’un éventuel divorce est ancienne, mais notre sensibilité est nouvelle et les lois anciennes devenues injustifiables au regard des normes actuelles d’égalité dans le couple.

Faut-il rappeler que d’après la règle talmudique un père pouvait marier sa fille mineure (moins de 12 ans), un mari répudier sa femme sans lui demander son avis, selon Maimonide  , un époux peut battre sa femme et l’empêcher de sortir… Qui de nos jours applique encore ces normes ? Personne ! Pourtant, textuellement elles sont pleinement justifiées ; ce sont nos normes éthiques et nos mentalités nouvelles qui ont provoqué leur abandon progressif y compris par les plus orthodoxes  .

La facile position de refus

Toute position avancée est donc forcément innovante et doit faire fi de quantité de textes machistes et patriarcaux. Il est difficile de ne pas heurter des sensibilités passéistes en avançant des positions innovantes.

Toute personne voulant chercher dans la jurisprudence de bonnes raisons de refuser ces innovations aura toutes sortes d’arguments. Au contraire, celui qui voudra appuyer les innovations, devra « désamorcer » différents arguments conservateurs et neutraliser bien des obstacles jurisprudentiels.

Il va donc de soi qu’on ne joue pas ici à jeu égal entre Massorti   et orthodoxe  . Le réactionnaire a pour lui une armada de textes et de précédents, tandis que l’innovateur doit batailler pour appuyer sa démarche.

Dans de telles conditions de jurisprudence, (mais existe-t-il une autre solution ?) les rabbins   orthodoxes   ont toute facilité à dénigrer et refuser ces innovations. Il est tellement plus facile de s’en tenir au texte des codes médiévaux et de se réfugier derrière l’autorité de grands décisionnaires ultra-conservateurs que de commencer à discuter par soi-même.

Les décisions Massorti   ne peuvent servir et convaincre que ceux qui sentent l’impératif besoin de faire bouger les lignes, les autres peuvent ricaner et se targuer de fidélité à l’esprit de la « tradition véritable », c’est-à-dire celle du patriarcat.

C’est pourquoi le débat n’est pas seulement technique, c’est-à-dire si telle était l’intention du Talmud  , il est évident que non dans la plupart des cas ! Il n’est qu’à étudier quelque peu le Talmud   sur ces questions pour s’en rendre compte (signalons cependant la thèse de la chercheuse Judith Hauptman qui défend que le discours Talmudique faisait déjà beaucoup évoluer un droit hébraïque beaucoup plus machiste et réactionnaire à la base).

Le débat actuel est de savoir si le changement est nécessaire ou pas.

Nous Massorti   pensons qu’il est vital, les orthodoxes   pensent que tout changement est une trahison et le début d’une pente destructrice.

La discussion est donc métahalakhique et non pas technique. Si les orthodoxes   voulaient faire bouger les choses, ils emploieraient exactement les mêmes arguments techniques que les nôtres, ils les dénigrent tout simplement parce que le changement est contraire à leur conviction.

L’éthique qui sous tend le droit

Dès lors que l’on considère ce changement comme primordial, la question juridique, tout en ayant son importance pour la continuité du système et la justification de la décision, ne devient plus qu’une question de forme (tout à fait passionnante d’ailleurs).

Il faut savoir que bien des fois, dans l’histoire du débat talmudique ou halakhique, des arguments contestables et souvent artificiels, ont été régulièrement utilisés. Seulement comme l’ensemble du système a considéré la direction prise comme nécessaire et éthiquement justifiée, personne n’y trouve à redire et l’argument « spécieux » à la base, fait autorité.

C’est pourquoi la vraie question n’est pas de convaincre techniquement les orthodoxes  , c’est impossible ; mais de leur poser à eux la question du pourquoi de leur frilosité et de leur réticence à bouger sur ces problèmes ?

Pourquoi le discours religieux, qu’il soit juif ou autre (les musulmans et les chrétiens catholiques ne sont pas en reste ; le législateur civil souvent bien en retard…), doit-il si souvent se conjuguer au masculin, étaler une telle couche de machisme et rester l’apanage du discours masculin tremblant face à la profanation possible de ce dernier carré d’un pouvoir phallique devenu si craintif face à des femmes ni moins bêtes, ni moins responsables, ni moins fiables et ni moins disponibles de leur temps et de leur corps…

C’est à ce niveau qu’il faut poser le problème, tout comme il faut s’interroger sur les raisons du besoin viscéral de certains religieux de se fixer dans le passé, injustement encensé, plutôt que regarder vers l’avenir. Les arguties techniques pour parvenir à faire changer la règle sont certes plus ou moins convaincantes et habiles, mais forcément subsidiaires face à l’enjeu véritable.

Là où le judaïsme orthodoxe   est profondément décevant, c’est par la quasi-indifférence de ses grands décisionnaires, par ailleurs si brillants et prolixes, en ce qui concerne les grandes questions de notre époque, ou peut-être leur incapacité pour des raisons sociales à se pencher sérieusement sur ces difficultés.

On aura plus écrit ces dernières années dans les milieux orthodoxes   sur la cachérisation de la vaisselle que sur le statut de la femme, preuve d’un judaïsme qui va mal et qui est devenu incapable de se connecter à la masse des juifs du temps et de défendre des valeurs éthiques majeures.

C’est pourquoi il nous faut avant tout répondre à l’éthique, c’est la seule vraie question, et ne pas trop chercher à convaincre des gens qui, de toute façon, refusent de voir le problème en face.

La question éthique est de savoir si des changements viennent pour satisfaire des besoins égotiques des femmes ou pour corriger une injustice ? Dans le premier cas, les femmes doivent apprendre à se taire et les orthodoxes   ont raison, la Halakha   n’est pas là pour satisfaire les problèmes d’Ego des gens.

Mais par contre, s’il y avait ici dans la Halakha   classique une concession à la mentalité de l’époque, c’est-à-dire au patriarcat en vogue dans l’Antiquité (d’après plusieurs penseurs classiques dont Rabbi Yishmael et Maimonide  , la Tora fût adaptée à son époque…), il devient alors pleinement justifié de l’orienter vers notre mentalité égalitaire. C’est un principe de base de la mystique juive, les eaux d’en bas (la loi orale) doivent venir alimenter les eaux d’en haut (la loi écrite). Figer ce processus consiste à détruire le monde, c’est-à-dire le sens.

Aux yeux de quelqu’un imprégné de modernité, une jurisprudence qui prône l’inégalité fondamentale de droits entre les êtres humains, qui fait de la discrimination sexuelle une valeur suprême, n’a plus de pertinence aujourd’hui et l’on ne voit pas de raison de continuer à lui obéir.

La position conservatrice ferme la porte à tous ceux qui sont sensibles au problème et pour qui la Tora ne saurait défendre de fausses valeurs. C’est pourquoi une Halakha   moderne, ne peut demeurer en l’état et doit forcément changer sur les questions cruciales. Il est donc bien question ici de la pertinence ou non de tout le système halakhique ; c’est cette pertinence qu’il s’agit de démontrer, dans un sens comme dans l’autre. Éthique contre casuistique, la balance peut pencher d’un côté ou de l’autre.

Conclusion

Le changement commence toujours quelque part, sans changement, tout système se sclérose et va lentement vers sa perte. Le problème est de changer sans détruire, en gardant une dynamique de sainteté, en s’appuyant toujours sur une logique interne et un débat à partir des sources.

C’est ce qu’essaie de faire, avec plus ou moins de succès, le mouvement Massorti  . La tâche n’est pas facile, mais c’est un mérite énorme que d’oser l’amorcer. Dans l’ensemble le mouvement Massorti   est parvenu à montrer que ce travail de jurisprudence est possible, sans trahir la Halakha   et est parvenu à avancer des arguments solides pour peu qu’on ait envie d’en débattre.

Cependant, nous avons bien montré que l’orthodoxie   ne saurait être convaincue par des arguments qui vont à l’encontre de sa position idéologique bien précise.

Yeshaya Dalsace

Cet article vient en réponse à la question d’un lecteur que voici :

" J’ai commencé à lire votre blog il y a au moins 2 ans, quand je n’avais que 17 ans, et depuis cette date, je le consulte régulièrement. Je suis actuellement dans une yeshiva à Jérusalem et je continue à faire un saut chez la famille pour trouver un ordinateur ! Si nombreux articles sont passionnants et éclairants, mes interrogations demeurent totales. Comme vous, je suis souvent dérangé par de nombreux éléments du monde dit « orthodoxe   » (auquel je m’identifie néanmoins totalement), notamment la place de la femme et la modernité dans le judaïsme. Cependant vous estimez (dans votre article « pourquoi suis-je devenu Rabbin   Massorti   ? ») que le mouvement conservative   vous a apporté des réponses alors qu’au contraire, j’y trouve encore plus de questions.

Le mouvement conservative   plaide pour un judaïsme qui resterait dans les « 4 amot de la halakha   » et il est vrai que les responsas conservatives utilisent généralement les textes traditionnels, néanmoins, je pense qu’avec objectivité nous conviendrons que même si les sources sont légitimes on ne peut trancher ainsi la Halakha  . Par exemple, dans la responsa   du Rabbin   Susskin-Goldberg sur les femmes dans le minyan  , l’argument principal reste le fait que le Rambam   et nombreux passages talmudiques utilisent le terme généralisant de « personnes » au lieu du mot « hommes » lorsqu’ils parlent du minyan   . Il reste qu’en 2 millénaires, nul n’a gardé la trace d’un minyan   composé d’hommes et de femmes ce qui ne peut être considéré comme un hasard car tout celui qui est habitué à fréquenté la synagogue connait la difficulté à réunir en permanence un mynian , il est clair que les rabbins   médiévaux connaissaient ce problème et n’ont pourtant jamais permis ce type d’office. La conclusion semble évidente, Maimonide   (ou le Mordekhai) ne font pas allusion à un mynian mixte mais, au maximum, à la possibilité pour les femmes de faire un mynian entre elles (c’est d’ailleurs les conclusions du Rav Goren qui autorise un tel mynian).

Il en va de même pour la mehitsa à la synagogue, l’argument historique (les synagogues antiques n’avaient pas de mehitsot) me semble ridicule !

1) nous ne savons pas si ces synagogues étaient fréquentés par des juifs tenant de la loi orale (Pharisiens) puisqu’à cette époque existaient de nombreuses sectes.

2) l’absence de mehista est peut être simplement du a l’absence de femmes a la synagogue… (ma grand-mère m’a confié qu’au Maroc aussi il n’y avait pas de mehitsa a la synagogue, mais la raison est simplement le manque d’éducation des femmes qui n’allaient pas à la synagogue).

Ces exemples pour vous expliquez mes doutes sur les psakim conservatives dont les conclusions semblent souvent exagérées car elles suivent généralement l’avis (extrêmement) minoritaire.

Messages

Innover la Halakha

Cher rabbin  .

Article très intéressant, comme tous, mais bon, rien de réellement nouveau. Il ressemble à bon nombre de vos articles ou bientôt quelques orthodoxes   tenteront de légitimer leur position et à votre tour, vous défendrez la votre. Cela finira sur un commun désaccord.

Un article qui serait intéressant et que je n’ai pas trouvé sur votre site, c’est de défendre la position d’attache à la Halakha  , dans une société comme la notre.

Comment comprendre qu’un mélange carné/lacté pourrait nuire ?
Comment peut-on considérer l’homosexualité comme un rapport interdit ?
Comment penser que la société juive doit souscrire à un code vieux de plus d’un millénaire ?

Et je suis sur que votre imagination trouvera les questions les plus pertinentes ainsi que les réponses adéquates.

Dans l’espoir de vous lire un de ces jours.
A tantôt.

Julien.

Innover la Halakha

Merci,

voici une tentative de réponse

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

Bonjour,

Vous posez comme objectif que "Le mouvement Massorti   est le premier grand mouvement juif à proposer une relecture juridique approfondie et systématique de ce statut. Le mouvement orthodoxe   s’y refuse jusqu’à aujourd’hui craignant tout débat de fond sur le système qu’il considère comme parfait et au-delà de toute contingence historique (en tout cas dans son discours officiel)."

C’est donc là la il me semble votre divergence avec le système dit "orthodoxe  ".

La position du système orthodoxe   est de partir entre autres d’un principe que les "anciens", les "has been", étaient plus proche de la source de vérité que nous, et que nous ne pouvons remettre en question leur positions comme nous ne pouvons remettre en question l’avis d’une majorité qui a tranché selon un avis, et comme on ne peut décider qu’un tribunal d’il y a 260 ans n’était pas compétent.
Remettre en question des décisions "d’un autre temps", c’est prétendre avoir un autre point de vue qui pourrait avoir force de loi, et ce au nom d’une espèce de liberté de pensée qui dicterait que mon opinion sur la lecture d’un texte porte en elle une force de vérité.

Vous appuyez votre propos en avançant que le courage est de changer et de ne pas rester figé, reproche à peine teinté sur les orthodoxe   qui seraient donc un peu abêti ou tout au moins "coincés" par leurs ancêtres.

C’est une position, comme d’ailleurs celle de plusieurs mouvements qui ont voulus avoir une autre lecture...mais de quoi ?

La tradition orale qui a fini par être écrite en Michna  , Guémara, Rachi  , Tossafot  , Maarcha.....pour arriver au Choul’Han Harouh’ et au Rambam  ....comment vous positionnez-vous ?
A parti de quel maillon de la chaîne allez-vous décider de bifurquer ?
Quels sont les outils à votre disposition pour effectuer vos corrections ?

Personnellement je pense certainement que le monde change, mais que ceux qui savent comment la Halakha   s’est formée, qui ont étudié un sujet du cœur, c’est à dire du Talmud   vers la Halakh’a ont une vue (et non une entrevue) sur le sujet et n’ont aucune, aucune difficulté à comprendre les nouveau problèmes comme des sous-ensembles de problèmes déjà traités.

Un jour un homme alla consulter le Rav Rébibo Zatsal, sur un point particulier de la halakh’a.
La réponse du rav fut "non", au regard des différents éléments de la halakh’a....l’homme insista, tourna la question dans plusieurs sens...à la fin il dit à l’homme : "asseyez-vous"
L’homme esquissa un petit sourire.
"prenez un feuille et un stylo...."
L’homme se dit qu’enfin il y allait avoir du changement...
"et....écrivez.....votre propre Choulh’an Arouh’"

A parti de là, évidement, rien ne vous interdit d’écrire votre propre Choulh’an Harou’h.

La seule question à se poser est la suivante : si vous vous trompiez, et que vos conclusions n’étaient pas justes....tous ces gens qui vous suivraient et n’agiraient pas comme il faut...que direz-vous le jour du jugement devant votre créateur ?

Cdlt

David T

Innover la Halakha

Cher Monsieur,

Vous posez un problème très intéressant : à savoir si la halakha   est un système figé de tout temps ou pas.

Si effectivement, la halakha   n’a jamais bougée et fut transmise sans aucun changement de Moïse jusqu’au Shulkhan Aroukh, il est alors évident qu’il ne faut rien bouger.

La société peut changer, le verbe divin reste et la Halakha   restera immuable pour toutes les époques. Comme l’a dit si bien le rabbin   Moshé Sofer au début du 19e siècle : « toute nouveauté est interdite en ce qui concerne la Tora ».

C’est une vision du judaïsme, mais elle n’est pas la seule. Une autre vision dit que la force du judaïsme est dans la loi orale et que l’oralité implique un changement continu. À toute époque les sages   du judaïsme ont innové (dans un certain système bien entendu). Le talmud   est le résultat et la compilation de cet esprit d’innovation.
Dans ce sens, le Shulkhan Aroukh n’est qu’une tentative de synthèse de l’état de la loi à son époque.

Vous pouvez refuser ce point de vue, mais vous ne pouvez pas apporter d’arguments sérieux pour le nier.

Si on accepte ce point de vue évolutif, la question devient celle –ci : qui a autorité pour innover et selon quels principes. Cela devient alors une question technique et non pas une question de principe.

Quant à la question de l’erreur possible, elle existe bien entendu et la vie est faite de multiples erreurs, mais également de réussites. Et on peut se demander sérieusement si le fait de ne rien bouger n’est pas une erreur plus grande.

Au moment de l’exil de Babylone, c’est l’innovation des prophètes qui sauva le judaïsme et donna naissance à la bible.

Au moment de la destruction du deuxième temple, c’est l’innovation des rabbins   qui sauva le judaïsme et donna naissance au talmud  .

Au moment de la crise rationaliste au moyen âge, c’est l’innovation philosophique de grands penseurs comme Maimonide   et bien d’autres qui sauva de la conversion bon nombre de membres de l’élite juive de l’époque.

Parallèlement à cette innovation philosophique, l’innovation cabalistique offrit un nouveau sens et une nouvelle grille de lecture à des quantités des juifs désespérés, cela fut particulièrement efficace auprès des expulsés d’Espagne et plus tard auprès des victimes des pogroms en Ukraine et en Pologne (naissance du hassidisme  ).

En occident, c’est l’innovation de la haskala   qui redonna un sens au judaïsme pour des quantités de juifs occidentalisés et permis la création de l’Etat d’Israël.

De notre point de vue, un judaïsme renfermé sur une vision médiévale des choses et du monde (y compris de la place de la femme, du rapport aux non juifs et bien d’autres questions telles qu’elles sont exprimées dans le Shulkhan Aroukh) perd singulièrement de sa pertinence pour toute une élite qui attend du judaïsme un autre message.

On peut répondre que tant pis pour eux et qu’ils n’ont qu’à quitter je judaïsme, que la mentalité médiévale est à prendre ou à laisser car elle serait au cœur même du judaïsme et donc non négociable. C’est le point de vue d’une partie du judaïsme actuel que de tout faire pour sauver cette mentalité médiévale, mais ce n’est pas la nôtre.

Nous pensons au contraire que le judaïsme a toujours su évoluer, dans certaines conditions bien entendu, et que c’est cela sa force et le secret de sa pérennité.
Cela ne veut pas dire que les sages   du passé sont des « has been », ils sont la source de notre inspiration, mais ils sont aussi parfois des gens d’une certaine époque et cela se sent dans tous les écrits.

La remise en question de certains points ne relève donc pas du mépris vis-à-vis du passé, mais de la prise en compte des conditions et connaissances présentes.

Nous avons donc, vous et moi, des points de vue sans doute inconciliables, mais il y a rien de grave à cela et la planète juive est suffisamment vaste pour laisser de la place à chacun.

Sur le mot d’esprit du rabbin   Rébibo, on a envie de répondre que c’est bien dommage justement que personne n’écrive un nouveau Shoulkhan Aroukh  … il n’est que temps !

Sur la question de ce que pense le Créateur, je vous répondrai que tout cela n’est que pure spéculation et que je peux renvoyer le même argument : ne dira-t-il pas pourquoi vous avez laissé ma Tora devenir une loi désuète et incapable de répondre aux besoins spirituels actuels du peuple juif ?

Pourquoi avez-vous fait de l’idolâtrie avec mes textes sans en chercher la quintessence comme l’avait si bien su faire vos prédécesseurs de l’époque talmudique ?

Pourquoi avoir sacralisé ce qui relève d’une mentalité sociale (la place de la femme par exemple) sans chercher l’esprit de justice que j’ai pourtant largement exprimé à travers différents enseignements à commencer par celui des prophètes ?

Pourquoi n’agissez-vous pas dans l’esprit que je vous ai montré au moment de la sortie d’Egypte et vous maintenez des milliers de femmes agounot   dans un état d’esclavage vis-à-vis de leurs maris qui refusent de leur donner le divorce alors que je vous ai donné pouvoir de légiférer là-dessus ?

Pourquoi vous continuez à entretenir une mentalité raciste envers les non-juifs alors que j’ai clairement exprimé à travers mes prophètes l’idée d’universalisme et de fraternité entre tous les hommes ?

Pourquoi vous faites passer le rituel avant toute chose alors que j’ai clairement exprimé à travers mes prophètes l’importance de l’esprit que contient chaque rituel et que sans cet esprit, un rituel n’est qu’une coquille vide ?

Pourquoi tellement de rabbins   ont des propos heurtant aussi bien le bon sens logique que le bon sens moral, alors que ma Tora est censée être conforme à l’intelligence humaine, à la logique élémentaire et aux principes de l’éthique ?

Pourquoi vous prônez une morale à deux vitesses alors que j’ai déjà exprimé clairement à travers mes sages   que l’essence même de la Tora reste l’amour du prochain et de ne pas faire aux autres ce que l’on ne veut pas qu’on nous fasse ?

Pourquoi tant de rabbins   sont devenus absolument inaudibles pour une personne d’un certain niveau culturel ?

Ces rabbins   sont censés défendre la gloire du Créateur et ils le font passer pour un réactionnaire borné, un imbécile scientifique et un raciste étroit d’esprit !

Pourquoi avez-vous réussi à éloigner tant de gens de la vie religieuse et spirituelle et la rendre synonyme de ringardise, de bêtise, de superstition ?

Je ne pousserais pas plus loin le pamphlet, mais évoquer le Créateur est une arme à double tranchant et qui peut bien vite se retourner contre tout un tas de gens qui pensent être son porte-parole. Je serai donc très prudent là-dessus.

En conclusion donc, il faut de tout pour un monde juif et le Créateur reconnaîtra les siens… (qui seront à mon avis dans les deux camps car les vertus sont bien partagées – comme les défauts d’ailleurs)

Avec mon plus grand respect.

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

MAIS IL EST TEMPS DE SORTIR DE L’ESCLAVAGE INTELLECTUEL DE L’EXTRÊME RATIONALISME ET DU REFUS D’ÉCOUTER LES AUTRES ;

A FORCE D ETRE DANS UN ANTI-SYSTEME VOUS VOUS ETES ENFERMES VOUS-MEME DANS UN SYSTEME FIGE

LIBEREZ VOUS !!!!!! IL FAUT SORTIR D’EGYPTE RABBOTAIIIÏIIÏ

Innover la Halakha

Je suis d’accord, je suis contre un extrême rationalisme (mais pas pour autant les discours irréels) et encore plus contre le refus d’écouter les autres.

Pour l’antisystème, seuls ceux qui sont systématiquement contre sont dedans. Pas ici sur ce site de contre, mais du pour l’ouverture – nuance donc.

La rationalité n’est pas un esclavage mais une boussole pour ne pas se perdre une fois dehors…

Allez ! nous sortons tous ensembles.

hag sameah

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

Article remarquable, qui pose les problèmes avec une grande acuité. Deux remarques :
1/ L’article pose à mon sens la question centrale qui sous-tend ce débat : l’évolution de la halakha   relève-t-elle d’un processus purement immanent à la Loi ou met-elle en jeu une dialectique entre la Torah et une morale qui serait en quelque sorte transcendante à la Torah ? On sait que les deux thèses existent dans les milieux juifs. Pour les uns, toutes les idées morales dont j’ai le droit de me réclamer viennent de la Torah : c’est elle qui, en un sens, est le juge suprême du Bien et du Mal et, dans le cas d’un conflit manifeste entre mon sentiment moral spontané et les prescriptions de la Loi divine, c’est cette dernière qui doit prévaloir. Pour les autres au contraire, la Torah présuppose une morale naturelle, sur la base de laquelle elle se construit implicitement. Par exemple, le cannibalisme n’est pas formellement interdit dans la Torah : est-ce à dire qu’il serait plus licite de manger de l’homme que de consommer du lapin ? Personne n’aurait, je crois, le front d’énoncer une pareille énormité.
Or, ce qui est frappant, dans le monde orthodoxe  , est sa relative "schizophrénie" au regard de cette question capitale. Beaucoup considèrent comme indiscutable que tous les commandements de la Torah sont "saints". Pourtant, il est non moins évident que ces commandements ont été de facto interprétés au regard d’un sentiment moral qui ne devait rien à la lettre de ces commandements. Certains d’entre eux sont interprétés littéralement, à chaque fois qu’ils sont compatibles avec le sens moral commun. D’autres, au contraire, ont été soumis à une batterie d’interprétations qui, sous prétexte de mieux les comprendre, visaient surtout à les "neutraliser", à désamorcer ce qu’ils avaient de plus inacceptable au regard de la morale élémentaire.
Qu’il s’agisse de la loi dite du Talion, des commandements relatifs à la lapidation du "fils rebelle", de la peine de mort ou de la polygamie, l’interprétation talmudique et post-talmudique fourmille de ces exemples de commandements en quelque sorte "désactivés" par l’ingéniosité interprétative des maîtres.
On objectera que les valeurs morales dont se réclament ces maîtres pour neutraliser tel ou tel commandement sont elles-mêmes issues de la Torah. L’objection ne tient pas. D’une part, toute personne un peu honnête est bien obligée de reconnaître que la Torah reste silencieuse sur des points de la morale qui nous paraissent aujourd’hui de l’ordre du non-négociable. Vous avez évoqué la question de l’esclavage. On pourrait citer d’autres exemples. Bien malin celui qui trouverait, dans la Torah (ou quelque autre tradition monothéiste d’ailleurs) une condamnation formelle de ce que nous appelons la pédophilie : à une époque où l’on mariait des filles à huit ans, la question ne se posait simplement pas. Il y a fort à parier que, pour un rabbin   d’il y a mille cinq cents ans, la question des interdits alimentaires était autrement importante que la protection des mineures... (Je dis "rabbins   d’il y a mille cinq cents ans" par diplomatie.)
D’autre part, comme vous le dites fort bien, les procédures exégétiques pour réfuter telle ou telle obligation impérieuse sont souvent des arguties et les preuves sont souvent tirées par les cheveux (c’est le cas pour les versets sur le "fils rebelle").
Enfin, il est évident que, si je me réfère uniquement à la Torah pour établir ma grille d’évaluation morale, je peux en tirer à peu près tout et le contraire. Sur des sujets aussi sensibles que le statut moral du non-juif, de la femme, de la violence, de la guerre, de la tolérance, je peux trouver dans les textes de la Tradition de quoi assouvir mes aspirations les plus nobles ou mes penchants les plus mauvais.

Qu’est-ce donc qui va me permettre, sur des questions aussi capitales, de trancher en faveur de l’une ou de l’autre des interprétations possibles ? Précisément une certaine idée de l’homme, une certaine idée du Bien, de la Justice, accessible à tout homme doué de raison et de sensibilité. C’est parce que je suis horrifié à l’idée de couper la main d’un homme, fût-il un voleur, que je vais tout mettre en œuvre pour interpréter autrement que littéralement la "Loi du Talion" ; c’est parce que la perspective de faire lapider son propre fils est abominable que les rabbins   vont décider que le commandement sur le Fils rebelle est fait pour être "étudié" mais non pour être appliqué... Toute considération un peu lucide sur la formation des interprétations rabbiniques et sur la manière dont certains commandements se sont révélés caducs de facto sinon de jure devrait aboutir à cette conclusion : préalablement à toute interprétation de la Halakha  , il y a une décision sur l’humain et l’inhumain, le juste et l’injuste, que personne ne peut prendre à ma place et dont je dois rendre compte.

2/ L’article laisse ouverte une autre question, qui relève de la logique même où s’est engagé le mouvement massorti  . Tout en reconnaissant parfaitement le point précédent, à savoir la précellence de la décision éthique sur l’argumentaire juridique, les rabbins   massortis jouent le jeu de l’étayage halakhique : ils cherchent à s’appuyer sur des textes et, quand ce n’est évidemment pas possible, à s’engouffrer dans les non-dits de ce texte. L’exercice peut être intéressant, parfois jubilatoire, mais on peut s’interroger sur cette démarche dès lors que, vous le reconnaissez avec une grande lucidité, au petit jeu de la jurisprudence et des appuis scripturaires, vous avez toutes les chances d’être perdants et de ne convaincre que ceux qui sont par avance acquis à vos valeurs.

Sur certains points comme "l’homosexualité" (voir l’article que vous avez écrit sur ce sujet), l’argumentation massortie trouve aussitôt des limites, parce que, quelle que soit la subtilité casuistique dont vous pourrez faire preuve, il est évident que la Halakha   exècre l’homosexualité, la rejette sans nuance aucune. Dès lors, y a-t-il vraiment un bénéfice quelconque à vouloir s’appuyer, en dépit de cette évidence, sur des arguments scripturaires au lieu d’assumer purement et simplement la rupture, comme le font les libéraux ? C’est là un débat interne dans lequel je me garderai bien de m’immiscer, n’étant ni orthodoxe  , no massorti   ni libéral, mais laïc. Je crois simplement que l’enjeu est majeur.
Merci en tout cas de l’énorme travail intellectuel que vous accomplissez pour le judaïsme français.

Innover la Halakha

Cher PZ

J’ai eu du plaisir à lire votre réaction sur l’article "innover la halacha". et je me permet d’y reagir.

Vous énoncez deux façons d’entrevoir la vision orthodoxe  .

La première :

toutes les idées morales dont j’ai le droit de me réclamer viennent de la Torah : c’est elle qui, en un sens, est le juge suprême du Bien et du Mal et, dans le cas d’un conflit manifeste entre mon sentiment moral spontané et les prescriptions de la Loi divine, c’est cette dernière qui doit prévaloir.

Vous mettez donc en opposition la morale humaine ou naturelle avec celle dictée par la Tora. hors la morale humaine est le résultat d’une éducation d’une personnalité et varie d’un individu à l’autre. En deux mots elle restera toujours subjective. Tandis que la loi divine dépasse l’idée de morale dans la mesure ou certaines de ces lois, ne sont pas humainement morale .l’idée du sacrifice, l’idée de sanctionner de mort la transgression du shabbath, ne sont pas naturellement morale.

C’est dire que le conflit n’est pas entre deux modèles de morale mais entre un modèle de morale (subjectif) et une justice divine dépassant l’idée même de morale tel qu’accessible à l’homme.

La seconde :

La Torah présuppose une morale naturelle, sur la base de laquelle elle se construit implicitement. Par exemple, le cannibalisme n’est pas formellement interdit dans la Torah : est-ce à dire qu’il serait plus licite de manger de l’homme que de consommer du lapin ? Personne n’aurait, je crois, le front d’énoncer une pareille énormité. Or, ce qui est frappant, dans le monde orthodoxe  , est sa relative "schizophrénie" au regard de cette question capitale.

(Remarque technique le cannibalisme est formellement interdit dans la Tora, l’homme n’est pas un ruminant et n’a pas les sabots fendus.)

je voudrai vous en suggérer une troisième, intermédiaire.

Pour la saisir, deux postulats :
Premier postulat : la Tora est divine, dieu est omnipotent et omniscient.
Deuxième postulat : un texte est perçu différemment en fonction du lecteur. Sa personnalité son éducation etc.il y a toujours une part de subjectivif dans sa comprehension.

Conclusion : la Tora prend en compte dans sa lettre la subjectivité du lecteur, quand lui, essaye tout au mieux de rester objectif. (C’est pour cela que jusqu’à la conclusion du talmud   on considère qu’il existe deux vérités possibles c’est à dire de façon d’appliquer la lettre chacun en fonction de sa nature)

Je réponds avec cela à votre problème : « Pourtant, il est non moins évident que ces commandements ont été de facto interprétés au regard d’un sentiment moral qui ne devait rien à la lettre de ces commandements. » . Les commandements ne peuvent être perçu par l’homme qu’en traversant une zone de subjectivité humaine, et Dieu en a tenu compte dans le message qu’il nous transmet.

Vous écrivez : « D’autres, au contraire, ont été soumis à une batterie d’interprétations qui, sous prétexte de mieux les comprendre, visaient surtout à les "neutraliser", à désamorcer ce qu’ils avaient de plus inacceptable au regard de la morale élémentaire ».

Une question à vous poser… : Pourquoi en premier lieu ces commandements sont donnés s’ils sont inacceptables au regard de la morale élémentaire ? si vous avez raison, pourquoi tout les autre commandements inacceptables ne sont pas détournés amorcés ?

Bien à vous

Ilan Taïeb.

Je laisse au webmaster l’honneur de répondre au second point que vous présentez. Je partage tout à fait votre avis. (et vous aussi…)

Innover la Halakha

Cher YD,

La lecture du Guide des égarés que vous m’avez recommandé me laisse perplexe.
Dans le troisième chapitre, Maimonide   passe en revue l’ensemble des commandements et en donne (a chacun) une explication rationnelle.
Selon lui les sacrifices n’ont pour fonction que de canaliser un peuple qui vivait dans un monde d’idolâtres et qui n’était pas apte a adopter un culte sans ce type de pratique.
Les « besamim » , par exemple, ont pour fonction de rependre une bonne odeur dans le temple
Et de combattre l’odeur de la viande des sacrifices etc….
Enfin , toute la halakha   est , pour lui, centrée sur la création d’une société juste et équilibrée.

D’une part, j’ai l’impression qu’il efface ainsi l’ensemble du mysticisme qui touche chacun de nos commandements , mais , d’autre part , il ouvre une porte au changement.
Qu’en pensez vous ?

AB

Innover la Halakha

Merci Ilan

C’est beau et juste !

Fabienne

Innover la Halakha

A Fabienne,

Pour ma part , je suis d’accord avec le Webmaster au sujet des commandements que nos sages   cherchent a « neutraliser ».
La chose est évidente lorsque l’on vit en Israel et que l’on se penche sur les lois du prêt a intérêt ou de la « Shemita   », qui , subitement, deviennent presque « transparentes ».
De même pour le Hametz a Pessah.
Sans le « prusbul » de Hillel , la permission de vendre la terre au nom Juif ou le Hametz : Pas de pays car pas d’économie possible.
Pourtant , quoi de plus choquant que ce « prusbul » lorsque vous pensez que la plus part des jeunes couples Israéliens sont incapables de s’acheter un appartement car le directeur de la banque d’Israel joue avec les taux d’intérêt pour faire baisser les prix des appartements.
Quoi de plus ridicule que la vente du hamets : Pensez vous vraiment que le Goy   va venir vous prendre votre bouteille de Whisky , chez vous , a la maison !
Combien il paye celui qui achète tout le hametz du pays ?!
Quoi de plus invraisemblable que la vente de la terre d’Israel au Arabes l’année de la « Shemita   » ?
Quant a la question de Ilan :
“Pourquoi en premier lieu ces commandements sont donnés s’ils sont inacceptables au regard de la morale élémentaire ? si vous avez raison, pourquoi tout les autres commandements inacceptables ne sont pas détournés amorcés ?”
Il faut accepter le fait que la loi fut donnee a un instant T au certaines choses faisaient partie des meurs et qu’elle est ouverte au changement.
Vous voyez vous vivre avec les meurs barbares qui transpirent de chaque ligne des “ketuvim” ?
L’interpretation Talmudique qui , parfois , en est faite est allegorique uniquement.
(C’est parfois evident , parfois moins.)
Lisez le chapitre 3 du guide des Egares au sujet des sacrifices et du Temple.
Peut-etre comprendrez vous , qu’il y a des milieux religieux qui ont presque 1000 ans de retard.

AB

Innover la Halakha

Voilà des questions intéressantes (pour changer des élucubrations habituelles).

Je voudrais juste faire quelques remarques pour alimenter votre débat :

 Tout d’abord le présupposé morale de toutes les mitsvot : je pense que c’est très contestable.

Si certaines Mitsvot sont d’une haute portée morale (amour du prochain, etc…), non seulement centaines Mitsvot n’ont aucun rapport avec la moralité (principalement celles qui ont trait au rituel), mais surtout certaines heurtent profondément notre sens de la moralité.

La Tora est truffée d’incitation à lapider ou brûler des personnes qui n’ont rien fait de bien méchant. Elle applique à des groupes entiers, sans tenir compte du niveau moral de l’individu des restrictions arbitraires (interdiction de convertir le moabite, restrictions sur les enfants adultérins dits mamzerim, punition de mort pour une fille de Cohen   ayant fauté par amour libre, application de l’esclavage, etc…) , dans le même état d’esprit la Tora offre des privilèges de caste à certains groupes (Cohanim  ) sans aucun rapport avec les qualités individuelles de la personne. Tout cela est parfaitement immoral et pour le moins contestable du point de vue de la moralité.

On pourrait multiplier les exemples, mais il me paraît faux de lier systématiquement les Mitsvot à la moralité. Si on veut le faire, il n’existe pas 40 solutions : soit on neutralise les Mitsvot problématiques (la tradition rabbinique a largement utilisé cet instrument), soit on défend une autre morale (c’est un peu le discours entendu ici chez certains intervenants du forum), mais du coup on arrive à une situation très problématique : considérer qu’un ordre social heurtant notre sensibilité vaudrait mieux que celui qui tiendrait compte de celle –ci.

C’est plus ou moins le point de vue fondamentaliste. On peut le défendre avec une certaine logique mais celle -ci n’est pas moralement défendable. Cela consiste donc à défendre une société fidèle à certains dogmes et une lecture dogmatique de textes médiévaux, mais moralement choquante pour toute personne soucieuse de la liberté et de la dignité individuelle.

C’est à mon avis le piège dans lequel s’est enfermée la partie dogmatique de l’orthodoxie  .

Personnellement j’accepte de dire que le système des Mitsvot tel qu’il est énuméré dans la Tora ne correspond pas forcément aux exigences morales actuelles, même si je suis convaincu qu’il est habité par un souci éthique très profond.

Je pense que cette réflexion est applicable également à la loi rabbinique qui comporte également des failles et des discours inacceptables pour nous, mais reste néanmoins traversée par une recherche éthique évidente.

C’est pourquoi la critique n’est pas le rejet.

Vouloir appliquer toutes ces règles sans passer par une relecture ou un certain trie mènerait à créer une société qui serait considérée comme barbare au regard des critères actuels.

 Sur la question du postulat considérant la Tora comme divine : c’est tout à fait contestable du sein même de la tradition juive.

Il faudrait définir ce que cela veut dire « un texte divin »… il n’est pas du tout sûr que le judaïsme ait toujours considéré la Tora de cette façon.

On peut également considérer ce texte comme inspiré (ce qui est un peu différent).

On peut également considérer que le divin se révèle non seulement à travers le processus d’écriture (y compris si celui-ci est aussi complexe que celui décrit par la critique biblique) mais aussi à travers les interprétations et même les contestations de ce texte. C’est l’idée de la révélation continue.

Je pense que la théologie trop enfermée dans des postulats arbitraires et figés en arrive forcément à défendre un peu n’importe quoi.

Je ne vois pas pourquoi cette théologie devrait être obligatoire dans le judaïsme autrement plus riche et compliqué.

 De la même façon, considérer Dieu comme forcément omnipotent et omniscient relève d’une théologie médiévale qui est aujourd’hui largement battue en brèche par des théologiens juifs contemporains qui montrent dans leurs études que les textes n’ont pas forcément dit cela.

Là encore, je ne vois pas pourquoi nous devrions rester enfermés dans des modes de pensée et des approches médiévaux. Il existe une pensée juive tout à fait intéressante qui voit les choses autrement.

Il ne faut pas négliger le rôle très important de la pensée grecque dans la pensée juive médiévale et l’influence profonde aussi bien de l’islam que du christianisme de l’époque sur celle -ci. L’idée d’une pensée absolue, englobante, définie dans des dogmes et des principes bien définis, correspondant à des grilles de lecture basées essentiellement sur Aristote imprègne toute la pensée juive médiévale. Mais cette idée est parfaitement étrangère à tous les écrits juifs de l’antiquité et a été remise en cause aussi bien par des courants de la kabbale que par la pensée juive contemporaine.

C’est pourquoi il n’y a strictement aucune légitimité particulière et encore moins exclusive dans ce type de pensée. La grosse erreur de la partie dogmatique de l’orthodoxie   actuelle est de s’y enfermer et de considérer tout le reste comme illégitime. On pourrait appeler cela avec une pointe d’ironie : le syndrome du château fort.

 Pour AB et à propos de Maimonide   : il est logique que la lecture du guide vous laisse perplexe, c’est le but même de son écriture, faire l’éloge de la perplexité… Y a-t-il de vraie spiritualité sans perplexité ?

On peut critiquer Maimonide   pour sa vision trop rationaliste des Mitsvot, elle a directement accouché de Spinoza et de la réforme juive dont il est le père spirituel. Je ne suis pas d’accord avec lui qu’il faille réduire les Mitsvot à ces explications.

Mais cela n’annule nullement le mysticisme. Maïmonide   était un grand mystique, au contraire il chercha à arracher la pensée au formalisme religieux pour l’emmener dans les hautes sphères de la spéculation. Il cherche à nous amener à l’essence des choses.

Maïmonide   ouvre les portes au changement en enlevant de leur importance à la forme des Mitsvot. Pour lui ce qui est important c’est de se soumettre à l’autorité de la loi (mais il sous entend que la forme est discutable). Je suis entièrement d’accord avec ce principe de soumission aux Mitsvot. Mais cela sous-entend que la loi mérite la soumission.

 Cela amène à une autre discussion, liée à la première, quelle loi mérite notre soumission ? Brûler vive la fille du Cohen   ayant un petit ami ? Imposer un statut infamant à un malheureux enfant adultérin ?... Imposer un statut infamant à la femme juive…

C’est pourquoi de mon point de vue, le dogmatisme tue le système des Mitsvot en rendant celui -ci inacceptable, voire même révoltant aux yeux de la raison et de l’éthique. J’accepte de me soumettre à l’autorité des Mitsvot, non pas par dogmatisme en faisant taire la voix de ma conscience et ma rationalité, mais au contraire parce que cela élève celles –ci. S’il y a véritablement un conflit, il faut alors revoir le système. C’est plus ou moins ce que sous-entend Maïmonide   dans le Guide.

Je suis par contre opposé à la réforme qui considère toute mitsvah non rationnelle comme accessoire.

Je pense donc qu’il est du devoir des rabbins   de continuer l’œuvre d’exégèse afin de rendre le système des Mitsvot comme véritablement éthique et acceptable.

Ce point de vue choque les gens qui considèrent le judaïsme comme un système plein et globalisant, fruit d’un Dieu omniscient ayant parlé une fois pour toutes. D’où les oppositions ardues sur ce forum. Mais dès lors qu’on a accepté de penser différemment la vision du divin et celle de la révélation, il n’y a alors plus de problèmes dans ces discussions.

J’invite à s’intéresser à cette deuxième école de théologie très fructueuse et active dans la pensée juive contemporaine. On trouve aussi des quantités de textes de la tradition, aussi bien dans la bible, que chez les rabbins   du talmud  , mais surtout dans la kabbale et le hassidisme   qui vont dans ce sens.

C’est pourquoi le judaïsme dogmatique et absolutiste ne représente qu’une option parmi d’autres, et à mes yeux, certainement pas la meilleure, car dans le fond très fragile et obligée de tenir des discours incohérents pour se défendre.

Bien à vous et merci à Ilan pour sa contribution.

Bonne discussion

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

"Personnellement j’accepte de dire que le système des Mitsvot tel qu’il est énuméré dans la Tora ne correspond pas forcément aux exigences morales actuelles, même si je suis convaincu qu’il est habité par un souci éthique très profond."

Comment délimiter ce souci éthique si différent de l’éthique dans son acceptation actuelle ?

Innover la Halakha

Pas facile ce genre de définitions, proposons : le soucis du bien...

Par exemple, dans une économie reposant sur l’esclavage et dans une mentalité acceptant celui –ci comme c’était le cas dans l’antiquité, demander de ne pas frapper durement son esclave, de ne pas le revendre à un mauvais maître, de le laisser se reposer une fois par semaine… c’est de toute évidence chercher le bien de cet esclave.

Appliquer de nos jours ces règles sur l’esclavage telles qu’elles sont développées dans nos sources (Bible et Talmud  ), ce n’est pas rechercher le bien, car l’esclavage en soi, la possession d’êtres humains, leur achat et leur vente, est considéré comme immorale à nos yeux. Vouloir donc appliquer ce genre de règles ne correspond plus à la recherche du bien aujourd’hui.

Défendre ce genre de règles comme la référence absolue d’un point de vue formel me paraît tout à fait absurde. J’entends par là le discours disant : voici la loi édictée une fois pour toutes.

Chercher par contre à s’inspirer du même souci éthique prévalant à l’interdit de maltraiter un esclave pour inspirer une législation sur le travail actuel et les devoirs que l’on peut avoir envers ses employés ou tout autre être humain sous notre pouvoir, me semble pertinent et dans la droite ligne de l’esprit prophétique et de celui des rabbins  .

On pourrait multiplier les exemples, mais je crois que celui -ci est suffisamment éloquent pour permettre de comprendre l’ensemble.

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

J’aime bien ce que vous écrivez "le souci du bien". C’est juste dans le cas de l’esclave.

Le problème est que le "bien" dans le cas de l’esclave est le "bien de l’autre". Or dans certaines lois, il semble que l’"autre" n’est pas du tout la préoccupation de base. Par exemple, la mise à mort du blasphémateur. Peut-on vraiment parler d’ "éthique" ici ? Il y a certes un "bien" recherché, mais ce "bien" n’a rien à voir avec ce que nous pouvons connaître de moral. Dites aujourd’hui qu’un homme est mis à mort car il porte atteinte au "bien" en blasphémant telle ou telle divinité..... Alors quelle est l’ "éthique" ici ?

Innover la Halakha

Le blasphémateur n’est pas vraiment un bon exemple à mon avis, car c’est une règle inapplicable depuis toujours et une sorte de cas d’école à valeur littéraire.

Je suis bien sûr contre toute atteinte au blasphémateur et toute police de la pensée. En cela le bien, le mien comme celui d’autrui, est de pouvoir penser librement et blasphémer si nécessaire. On peut donc encore ici défendre le bien.

Que le blasphémateur tue une part en lui-même, c’est l’affaire du symbolique personnel, pas de la société qui ne doit pas en juger.

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

Qu’avez vous, alors, contre le courrant reformiste ?

Fabienne !

Innover la Halakha

Fabienne,

Si c’est à moi que vous posez la question, je n’ai rien contre personne.

J’ai des préférences.

Pour moi la pratique des Mitsvot est essentielle et je ne me reconnais donc pas dans le mouvement réformiste.

Dois-je être contre pour autant ? Pas vraiment.

Chacun fait ce qu’il veut et vive la démocratie juive. Pourquoi être contre quelqu’un ? Je suis pour certaines valeurs, c’est mieux non ?

Ensuite, je ne vois pas trop le rapport avec ce qui vient d’être développé plus haut.

En quoi cela relève du mouvement réformiste ?

Soyez plus claire dans vos questions.

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

Mais alors, pourquoi la Torah développerait-elle des "cas d’école à valeur littéraire" allant à l’encontre de l’éthique juive ?

Innover la Halakha

A vous d’expliquer comment vous voyez les choses.

Un cas d’école fait réfléchir, y compris sur les excès de la répression, la violence génocidaire, la jalousie... Les exemples d’excès injustifiables ne manquent pas dans nos textes. Vous croyez vraiment que la Tora nous demande de faire tout cela et nous le donne en exemple à suivre ?

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

Vous êtes un vrai rabbin  , vous répondez à une question par une autre question !

Dans l’exemple du blasphème, comme dans d’autres cas d’écoles n’ayant rien à voir avec ben adam la’havéro je ne vois aucune trace d’éthique dans son acceptation moderne. De manière générale, je ne crois pas que chaque loi -théorique ou concrète- contient forcément un enseignement moral. Cette idée a été certes introduite par les tenants de l’interprétation symbolique des mitsvot, mais rien ne prouve qu’elle correspond à l’intention première de la Torah

Innover la Halakha

Je n’ai pas dit que chaque loi ou verset contient un enseignement moral, au contraire, plein de règles rituelles n’ont rien de morales, mais sont des règles techniques et l’éthique n’y joue pas un rôle important.

La Tora ne vient pas faire la morale et si elle doit nous élever moralement, elle ne se résume pas à ce registre. Cependant, elle heurte parfois notre sensibilité morale et c’est la question.

Nous avons soulevé le problème de la soumission à une injonction immorale à nos yeux. Cette soumission peut être pratique : accepter sans rien faire de laisser briser la vie d’une femme en attente de divorce/répudiation, appliquer le statut du mamzer … Ou théorique : lire sans sourciller des injonctions théoriques de mise à mort de divers transgresseurs, blasphémateur ou femme adultère entre autre, des génocides (Madian, Cananéens)…

Il est évident que notre sens moral est heurté par des règles qui ne correspondent en rien à nos idéaux et nos convictions profondes. Nous sommes donc face à un dilemme moral, même s’il reste le plus souvent théorique. Soit on prône la soumission (et donc l’immoralité), soit on met une certaine distance par l’exégèse, voire même la critique ouverte ou l’abolition tacite ou explicite.

Que proposez-vous ?

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

Cher YD,

Vous écrivez :
— Je suis entièrement d’accord avec ce principe de soumission aux Mitsvot. Mais cela sous-entend que la loi mérite la soumission.—
Qui peut juger si elle le merite et avec quelle echelle de valeurs ?

  Pour l’esclavage , la chose est simple de nos jours.
  Pour les sacrifices , ca aurait pu etre simple s’il n’occupait pas une place si importante
Dans la Bible.
  Pour le blasphemateur, la fille du Cohen   et l’homosexuel vous m’etonnez.
Si leur punition vous semble immoral de nos jours , leurs actes n’en sont pas moins
Reprimandable a la lumiere de la Thora , de tous temps , selon tous les commentateurs.
Et si , demain, l’adultaire passe dans les meurs , devons nous l’accepter ?

AB
 

Innover la Halakha

Excusez-moi

Vos préférence sont elles subjectives ? et donc vous devrez aussi accepter la subjectivité de tout le monde ( meme de ceux qui ont décidé de se convertir à d’autre religion ?

Fabienne.

Innover la Halakha

Dieu nous a donné une conscience et un libre arbitre, il faut s’en servir !

Je crois que c’est la différence essentielle entre le mouvement massorti   et l’orthodoxie  . De façon un peu schématique dans l’orthodoxie   on met l’accent sur la soumission à un système à prendre en bloc, dans le mouvement massorti  , on donne beaucoup plus de place à l’autonomie de l’individu. On invite celui-ci à réfléchir sur son positionnement personnel dans le judaïsme. Bien évidemment les rabbins   et leurs travaux sont là pour aider cette réflexion.

Personnellement, c’est un des points essentiels qui fait que je suis massorti   et pas orthodoxe  , même si ma pratique revient au même, le chemin pour y arriver est différent.

La soumission aux Mitsvot est forcément libre, sinon elle n’aurait pas de valeur. La liberté implique la possibilité de critique et de remise en cause du choix. Cela me semble essentiel et le sens de la sougia dans le talmud   shabbat 88.

Ce qui est choquant dans les exemples que nous avons apportés, ce n’est pas le fait de demander aux gens de ne pas faire certains actes, mais la punition disproportionnée.

Il existe une grande différence entre demander à une femme de ne pas commettre l’adultère et exiger qu’une femme qui aurait commis cet adultère soit lapidée ou même punie… La fidélité n’a de sens que librement consentie, sinon c’est de la soumission à une autorité extérieure et un bel exemple de machisme (l’adultère masculin n’étant pas puni dans le judaïsme).

Il existe une grande différence entre demander à une fille dont le père tient un rôle particulier dans la société (le Cohen   à l’époque du temple) de tenir compte dans sa conduite du statut social de son père et entre brûler celle –ci dans le cas où elle oserait une conduite considérée comme désinvolte…

À la lumière de ces exemples, la Tora présente peut-être un modèle de pensée, amorce une dynamique qui va se continuer tout au long de l’histoire juive (c’est la vision massorti  ), mais elle ne peut pas présenter un modèle absolu et indiscutable.

Pour l’homosexualité, je refuse de classer celle –ci dans quelque chose d’immoral. Cela n’a aucun rapport avec la moralité et ne fait de mal à personne. Je laisserai donc cet exemple de côté.

L’exemple des sacrifices relève du rite incompréhensible pour nous. La société contemporaine traite les animaux de façon ignoble et n’a aucune leçon à donner sur les sacrifices animaux.

L’esclavage est un problème dans la mesure où la Tora et le Talmud   le trouve normal. Comment un orthodoxe   peut-il justifier une chose pareille ?
Comment un fondamentaliste peut-il défendre le fait que Dieu penserait l’esclavage comme une norme à suivre ? C’est tout simplement absurde.

La question n’est pas de suivre les mœurs et d’imiter la foule. La question est de discuter de la valeur d’un système comme celui du judaïsme avec un minimum d’objectivité. La plupart des gens pratique l’adultère, le judaïsme me demande de ne pas le faire et de ne pas être comme la plupart des gens. C’est positif. Si par contre, je dois me distinguer par des pratiques barbares ou des préjugés stupides, quel intérêt ?

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

Une préférence est par définition subjective, pour moi comme pour vous.

Pourquoi devrais-je refuser la subjectivité des autres ?

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

Cher YD,

Comment peut on former une "kehila" si chaque membre fixe le "moutar" et le "assour" selon sa subjectivite ?
E.g :
Si pour Mr X le porc lui semble bon et pour Mr Y , c’est une abomination , comment Y va t’il pouvoir manger chez X ?

AB

Innover la Halakha

T’as pas compris !!

C’est le contraire !!

Tout ceux qui aime le porc (l’exemple est tres grossier) se forme en Kehila !

Une forme de subjectivité communautaire...

C’est génial !

Innover la Halakha

Tout d’abord une kehila peut très bien être un lieu de tolérance et de démocratie. Les standards sont bien sur fixés (les rabbins   et leur teshouvot   sont là pour cela).

Chacun individuellement fait ce qu’il veut.

C’est exactement comme cela que fonctionnent toutes les syna dans le monde, y compris orthodoxes  .

Je ne vois vraiment pas le problème.

Yeshaya Dalsace

Innover la Halakha

Vous n’avez pas répondu à la question posée sur le problème de subjectivité !

Subjectivité !

Cher Fabienne,

L’homme n’est pas parfait il est voué a mélé à tous ses jugements une part de subjectif. Mais la Tora, elle, est la signature divine. Elle trancende l’humanité. L’ethique qu’elle érige est absolu, trancendante et s’adresse à un peuple transcendant (ata (Hachem) ehad véchimha (tora) ehad oumi kéaméha (le peuple juif) goÿ ehad.)

Accepter d’accomoder la tora selon son époque, c’est lui oter son aspect divin. ou encore, en otant l’aspect divinde la tora on peut se permettre de la raccomoder ici et là .

C’est exactement ce qui permet au christiannisme d’introduire l’idée de la nouvelle alliance et de trouver la source dans notre bible (Jérémie 31 31).Nous, juifs, sachant que la tora est la déclinaison de la volonté divine dans ce monde savons que rien ne peut être changé « ontologiquement » (je dis cela pour AB avec ses question de prousboul…)

Je m’occupe d’aider des juifs tombés dans les griffes de missionnaires chrétiens, et je dois débattre cotidiennement avec des pasteurs chrétiens. Leur idéologie est éxactement la même que celle de YD sauf que leur subjectivité est différente (donc en multipliant leur subjectivité à leur idéologie ont obtient un résultat « subjectivement différent » ). C’est grave non ?

(Comme je dirais de certain juif (sans leur coller d’étiquettes) que leur idéologie est la même que les musulmans et c’est leur subjectivité qui les garde juifs ! mais ce n’est pas notre propos dans l’immédiat)

biensur cette définition de transcendance renferme son secret puisqu’elle garde arouchement une pourcentage de subjectivité. Il n’en reste pas moins qu’il existe une définition sous laquelle toutes ces subjectivités peuvent habiter…

Bon, je pense que c’est assez compliqué comme cela.

Ilan taïeb.

Subjectivité !

Cher Ilan,

Heureux de vous réentendre.
Vous faites toujours preuve de la même assurance mais vous nous répondez jamais au questions
Embarrassantes si ce n’est par des affirmations.
Puisque je suis dans le Guide des égarées , je citerai ce passage de l’introduction.
Maimonide   prétend que les commandements sont tous rationnels et ont une explication « humaine » car , sinon, comment les peuples diraient de nous « rak Am haham ve godal etc.. »
Lorsqu’ils entendraient nos lois (comme le dit la Thora).

Pensez-vous que si nous reprenons la pratique des sacrifices , aujourd’hui, ou si nous punissons de mort celui qui transgresse Shabbat , la reaction des peuples sera : « rak Am haham ve godal etc.. » ?
Je me revois me lever au milieu d’un avion entre la Chine et Taiwan pour mettre les tephilins.
Tout le monde me regarde avec des yeux ronds. Est-ce qu’ils pensent :
« rak Am haham ve godal etc.. »

En fait la question est aussi pour YD puisque finalement , les Massorti   pratiquent les mitsvoths.
Pensez-vous que celui qui continue a mettre les tephilines , de nos jours , en beau milieu des Goyim  , mais qui regarde d’un œil permissif les homosexuels parce que c’est la mode , peut etre traite de « rak Am haham ve godal etc.. » ?

AB

Subjectivité !

Cher AB,

Je ne suis pas un grand connaisseur du « guide » mais je vais essayer de vous répondre, aussi bien que je peux.

« Rak ham haham hagoy hagadol hazé » ne signifie pas que chaque action ou mitsva induirait à une telle conclusion. (c’est absolument impensable de faire dire cela au Rambam   !) ni d’ailleurs que chaque individu juif est un haham (c’est aussi absurde…)

il semble facile d’affirmer qu’il s’agit d’une intelligence collective. Tous ceux qui adhèrent (correctement) à la structure des mitsvot adhère à un « régime » transcendant. Ce régime est auto-suffisant et assure la survie de la collectivité en tant que peuple juif. Je suppose que vous connaissez le passage de Marc Twain qui reste émerveillé devant l’immortalité du peuple juif. c’est l’ensemble des mitsvot qui forme une structure humainement intelligible. C’est parce qu’il existe des mitsvot comme les tephillin tsitsit   ou autres qui nous démarquent, d’une certaine manière, des autres nations (sans aucun dénigrement) que l’on gare cette exclusivité à tendre vers la transcendance, ce qui nous rend collectivement immortel.
C’est amusant mais j’ai un ami qui avait un sac de tephillin sous les bras et s’est fait accosté dans un aéroport par une personne curieuse qui lui demanda : « Ce sac que vous avez toujours avec vous, n’est-ce pas en rapport avec le fait que vous faites parti du peuple élu ? »

Tuer une personne qui transgresse le chabbath ?

Vous présentez mal le problème. S’il s’averre que l’on puisse remettre ces lois en vigueur, il est évident qu’il y aura une conscience collective qui va devancer la mise en fonction de ces sanctions. Si on vous dit que le penalty pour un excès de vitesse, c’est la chaise électrique, vous verrez que personne ne dépassera le 60 !
Ce qui manque dans votre réflexion (si je peux me permettre…) c’est que vous considérer que le Hiouv mita (peine de mort) n’est pas la sanction absolue dans les meilleures conditions, mais elle est relative à une génération particulière. Hors puisque la Tora est transcendante (affirmation certes, mais raisonnable) cette sanction est la plus juste ! C’est dire que si nous pensons qu’elle n’est pas conforme, nous ne comprenons pas correctement les effets de la transgression du chabbath. Ce ne sont que des débuts de réflexion… « ten lahaham véyossif… »

Les sacrifices.

La réponse à cette question est très simple mais trop longue pour moi à rédiger correctement. Voici les éléments nécessaires. Il faut que vous sachiez deux idée fondamentale de psychologie et de sociologie qu’on appelle « assimilation » (rien à voir avec le terme que vous employé dans le langage courrant) et « accommodation ». ce sont deux concepts de psychologie nécessaires pour comprendre pourquoi le retour du sacrifice n’est pas un problème. Aussi, (je me répète) si la Tora offre à l’homme cette possibilité particulière de kirva avec le divin, c’est une possibilité « transcendante » qui est au-delà des contingences culturelles et sociales.

Ps je ne pourrai pas répondre prochainement à vos réactions (si vous en avez…)

Ilan Taiëb

Subjectivité !

cher Ilan,

Votre reaction a propos du Rambam   me fait penser a ces hebdo Haredi   que l’on recoit dans les beth hakeneset.Les "bons", meme lorsqu’ils sont des "maccabim" sont invariablement representes avec un chapeau noir et une Guemara dans les mains !
C’est leur seul modele. De meme : Le Rambam   ne peut avoir dit de pareilles choses car c’eat un "bon".
Lisez le donc.
Le reste de votre discourt est typique : La Thora est le modele , on ne peut pas tout comprendre.
Pourtant , si , la ou vous habitez , l’exces de vitesse etait puni de mort ou si l’on vous passe un couteau sous la gorge a chaque fois que vous faites une erreure , par inadvertance, juste pour vous faire peur, je suis persuade que vous auriez deja plie baguage.
Alors...

AB

Subjectivité !

Salut Ab

si tu avais jeter un coup d’oeuil sur ’assimilation’ et ’accomodation’ tu aurais peut-etre mieux compris...

Fabienne.

Merci Ilan vraiement profond, mais votre discours me semble assez atypique !

Ne pas confondre "question véritable" et "question rhétorique"

AB, mon cher ami perturbé, éternel questionneur tournant en rond dans les limites de tes capacités intellectuelles,

Tu poses la "question suivante" :

"Pensez-vous que si nous reprenons la pratique des sacrifices , aujourd’hui, ou si nous punissons de mort celui qui transgresse Shabbat , la reaction des peuples sera : « rak Am haham ve godal etc.. » ? Je me revois me lever au milieu d’un avion entre la Chine et Taiwan pour mettre les tephilins. Tout le monde me regarde avec des yeux ronds. Est-ce qu’ils pensent : « rak Am haham ve godal etc.. » , etc.... "

Outre le fait que tu confonds beaucoup de choses, ce qui montre bien que tes années passées à la Yéchiva ne t’ont pas permis de te former une logique talmudique, ni de savoir distinguer entre klal ou prat, ou d’autres nuances du même genre.... je remarque que ta question n’en est pas une. Il s’agit d’une affirmation déguisée en question.

Dans ces conditions, toutes les réponses apportées ne servent à rien car tu es venu affirmer, pas débattre. La liberté de la discussion ne t’intéresse pas. Tu proposes une réflexion libre et partagée en apparence, mais ton intention inconsciente est en réalité parfaitement totalitaire. Tu arrives avec tes idées reçues et cherche uniquement à ce que ta muse Y.D vienne les confirmer. Si ce n’est pas le cas, pourquoi ne poses-tu pas ces questions à d’autres rabins ? Parce que ce ne sont pas des questions ! Et tu ne cherches pas de réponses !

Je comprends que tu ne lises même plus les commentaires de Ilan, il saoule tout le monde, je ne lis plus non plus ses commentaires reflétant une pensée ultra-formatée. Mais tu ne liras pas non plus la réponse de y.d si celle-ci met à mal le présupposé de ta question. D’ailleurs y.d l’a peut-être senti, et c’est peut-être pour ça qu’il ne s’est pas donné la peine de répondre.

En fait il y aurait plein de réponses à apporter, mais ce n’est pas moi qui fera ce travail. Je ne tente de répondre qu’aux "questions véritables", pas aux "questions rhétoriques".

De toute manière, le seul type qui dit des choses intéressantes de temps en temps sur ce forum c’est Guershon.

Innover la Halakha

Mais ce qui est bien c’est qu’à chaque lecture de la Torah je suis amenée à remettre en question mes perceptions et donc à faire un examen de conscience même rudimentaire. Esclavage, adultère, tout celà existe encore et fait partie de notre monde. L’esclavage est toujours présent quand quelqu’un abuse de son pouvoir, quelque soit la nature de ce pouvoir (politique, hierarchique etc). Qu’est ce que je fais aujourd’hui pour lutter contre des formes de pouvoir abusives ? Comment je m’en sors. Ce sont des questions actuelles.
Quand à l’adultère, même si je ne suis pas adultère, il ya un rapport avec l’adultère dès que je fais quelque chose en cachette, par exemple du lachon ha ra. Quand je critique ma collègue avec une autre, en l’absence de celle ci, est ce que je ne suis pas en train de prendre plaisir à l’abaissement d’un tiers qui l’ignore ? On n’est pas loin de l’adultère, mais sous une forme non sexualisée.
Donc la lecture de la Torah, bien que cette législation soit antique, me renvoie à des questions actuelles et eternelles. Et c’est bien d’instaurer un dialogue entre les textes et nous. En quoi cela peut il choquer les sages   ? N’est ce pas ce qui a été fait à toute époque ?

Ne pas confondre "question véritable" et "question rhétorique"

Cher Aher,

Evidement cela n’etait pas une question !
Il manquait le ! apres le ?
J’avais l’air d’un clown pour ces Chinois avec mes tefilins et je defie plus d’un d’aller demain raconter a son collegue de travail qu’il a l’intention de sacrifier une vache parce qu’il a allume la lumiere , un samedie , par inadvertance.
De plus ,Je ne vois pas le rapport , ici , avec le Prat et le klal.

Ne pas confondre "question véritable" et "question rhétorique"

Cher Aher,

Je défends Ilan Taïeb à 100 % non pas pour le contenu de ses réactions mais surtout pour la manière. Dès qu’on ne pense pas comme vous on devient formaté ? Vous prenez-vous pour le centre du monde ? Monsieur jsétout ? Vraiment n’importe quoi ? Vous tentez d’abaisser Ilan gadget Ab et Dalsace aux yeux des autres lecteurs mais vous n’avez pas grand chose à vendre à part votre langage hautain. Laissez les gens sérieux lui répondre (à Taieb) au lieu de banaliser tout ce qui passe sous vos yeux.

Ou bien changez votre fusil d’épaule…

Fabienne.

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