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La modernité

La modernité

À la fin du 18è, on assiste à la Révolution française => idée d’Etat nation, nouveau contrat social, idée de citoyenneté commune.

Importance de Napoléon dans l’organisation du Judaïsme français. C’est à ce moment que le terme d’Israélite ne désigne plus que l’aspect religieux d’une personne. Israélite = de confession juive.

L’émancipation commence au début du 19è ; émergence de l’idée d’Etat nation. En 1807, Convocation de la communauté juive par Napoléon. L’enjeu (à travers une série de questions) est de savoir si les israélites acceptent de n’être des juifs que dans l’aspect religieux. L’idée est de créer un grand moule de la nation française ; idée assortie d’une promesse d’égalité qui va se prolonger dans l’idée de laïcité. Chacun met ses particularismes de côté.

Qu’ont perdu les juifs avec la Révolution française ? Avant on naissait dans une famille juive, dans un quartier juif, on avait les mêmes tribunaux, les mêmes écoles, une langue sacrée + yiddish ou le judéo-espagnol ou le judéo arabe, les mêmes chants, une poésie propre. On avait une pratique religieuse assortie d’un réseau relationnel. Les juifs ont survécu à l’exil car ils ont conservé cette organisation communautaire. En échange, le juif reçoit la possibilité d’être intégré, la sortie du ghetto, l’entrée à la fac, une perspective de développement.

Puis viendront les idéologies de la fin du 19è et début du 20è (socialisme, communisme). Elles ont pour but de créer une société où les différences sociales seraient abolies.

On assiste donc au 19è à l’accession des juifs à la société en Europe occidentale. Certains se sont jetés à corps perdu dans ces idéologies idéalistes (Révolution russe), espéraient résoudre leurs problèmes de juif. On assiste aussi à une série de conversions au christianisme. La conversion est parfois nécessaire pour avoir accès au système scolaire qui est tenu par les chrétiens. Intégration aussi de certains artistes et intellectuels (Proust, H.Bergson).

Tous ces changements ne se produisent pas uniquement par opportunisme. On assiste à cette époque à une grande vague d’assimilation. Assimilation  intégration. L’intégration c’est prendre sa place dans un système de façon responsable tout en gardant ses caractéristiques propres. L’assimilation c’est la perte de ses particularismes.

C’est surtout la bourgeoisie qui est touchée par ces grandes vagues de conversion, e.g. Les fils Ratisbonne qui créent l’ordre des « Filles de Sion » afin d’amener les jeunes filles juives au christianisme. Des juifs convertis participent à cet effort de l’église pour amener des juifs au christianisme (famille de Marx = convertie au protestantisme).

Il est parfois nécessaire d’abandonner ses pratiques pour le travail (le samedi) ou d’abandonner sa langue au profit de la langue vernaculaire. Quelquefois des habitudes ou rites ont subsisté (habitudes culinaires, circoncision, mariage non mixte), des codes qui ont la vie dure.

Chez ceux qui contractent des mariages mixtes, on assiste petit à petit à une dilution puis une perte du judaïsme. C’est ainsi qu’ils résolvent le conflit entre l’identité juive et la modernité.

Dans les pays de l4est, on résiste mieux. Pour eux il n’y a qu’une façon d’empêcher la perte d’identité juive : refuser en bloc la modernité.=> ne pas apprendre la langue environnante, ne pas ouvrir de livre de science= »processus d’hibernation. On assiste aux prémices de l’ultra-orthodoxie  . Ils sont rétifs à toute évolution, celle ici est vécue comme une trahison.

On a donc une polarisation entre les particularistes qui sont dans le déni de l’universel et les universalistes qui sont dans le déni du particularisme. Une tension qui a toujours existé dans l’histoire du peuple juif. Les deux données sont-elles inconciliables ?

On assiste également à une Réforme à l’intérieur même du judaïsme. Pour entrer dans la société, on abandonne un certain nombre d’éléments du judaïsme. Ainsi la cashrout est abandonnée, le shabbat est observé le dimanche, etc. Que reste-t-il ? Un monothéisme plus moral que le christianisme (incarné par Hermann Cohen   en Allemagne). Des discours apologétiques sont rédigés pour prouver que l’on a raison d’exister. On garde certains traits du judaïsme mais peu. La synagogue prend le nom de temple, elle ressemble de plus en plus à une église (c.f. synagogues consistoriales construites à cette époque). L’hébreu est abandonné dans les offices au profit de la langue vernaculaire.

Il n’y a pas seulement un désir de ressembler aux autres mais aussi de survie.=> développement de l’esthétique synagogal (chants), on comprend le sens des prières. = prolongement dans le mouvement libéral en France.

Il existe également un mouvement pour qui la cachehrout, le shabbat, l’hébreu sont importants (Hirsch). Les commentaires d’Elie Munk appartiennent à cette mouvance.= néo-orthodoxie  .
La notion d’orthodoxie   est un concept récent (ni Moïse, ni Maimonide  , ni Joseph Caro   ne sont orthodoxes  ). Le terme lui-même est impropre car ce n’est pas un problème de dogme. C’est un mot qui apparaît en réaction à la Réforme juive. Dans tous les systèmes, il y a des conservateurs et des réformateurs.

Cependant les juifs se sont vite rendu compte que même si l’on accepte d’adhérer à la citoyenneté, on restait un juif ; (c.f. affaire Dreyfus). C’est comme si la citoyenneté était bonne pour tous sauf pour les juifs.

Le sionisme est une idéologie nationale juive, c’est une réponse au problème de base que pose la modernité. À nous de créer notre Etat nation. L’Etat Juif pense l’état sioniste en termes d’Etat nation ; le sionisme est un mouvement nationaliste, laïc et moderne pour être comme les autres nations.

En Pologne et Russie, on assiste à la naissance du mouvement bundiste, c’est un socialisme qui ne fait pas l’impasse sur la spécificité juive. Ils ont espéré développer un communautarisme juif dans le grand état soviétique.

On assiste à des alliances étonnantes entre ultra-orthodoxes   et réformistes contre le sionisme. Pour les uns, il faut attendre le messie pour retourner en terre d’Israël, pour les autres il ne faut pas se conduire comme un traître, le sionisme n’est pas en adéquation avec leur solution à la question juive.

Le rêve d’Herzl s’est réalisé dans l’Etat d’Israël, une souveraineté juive sur les terres ancestrales, mais l’on n’est pas obligé d’être juif, même s’il est important de conserver une majorité de juifs. => loi à 2 vitesses si l’on veut aller s’y installer selon que l’on est juif ou pas.

Conclusion : on peut dire aujourd’hui que l’on a des judaïsmes ; c’est-à-dire des formes différentes par lesquelles les identités juives s‘expriment.

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