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Petit lexique de Pessah

Petit lexique de Pessah

Première des trois fêtes de pèlerinage, Pessah est riche de plusieurs appellations.

Hag haPessah : Hag (« ronde » - cf hadj en arabe) peut évoquer une procession. La « fête du Saut » - traduction littérale de hag haPessah - rappelle que l’ange de la mort a « sauté » par-dessus les maisons des Hébreux signalées par une marque de sang, et leur a épargné la dixième plaie d’Egypte. Pessah est aussi le nom du sacrifice de l’agneau qui avait lieu au Temple le 14 Nissan   et, par analogie, désigne le premier des huit jours de la fête. Depuis la destruction du Temple, il n’y a plus de sacrifice et les Juifs ne mangent plus d’agneau à l’occasion de Pessah. Par contre, les Samaritains perpétuent le rite de l’agneau pascal sur le mont Garizim (proche de Naplouse).

Hag haAviv : “Fête du printemps” qui marque le début du calendrier hébraïque et celui du décompte des jours jusqu’à la récolte de l’orge. A partir du second soir de la fête, on décompte l’omer, période de 49 jours entre Pessah et Shavouot durant laquelle on offrait une mesure d’orge de la nouvelle récolte (cf Vayikra/Lévitique 23,15).

Hag haMatsot : la prescription de manger du pain non levé en souvenir du départ hâtif des Hébreux et l’interdiction de consommer, voire de posséder ou tirer profit de tout aliment levé ou fermenté, symbolisent – entre autres - la volonté de se séparer de ce qui, en soi-même, contribue à gonfler l’ego comme un pain dont la pâte a levé : la suffisance, l’orgueil, la colère, le goût du pouvoir.

La matsa, pain des bergers nomades, cuit par les Hébreux sur le point de partir précipitamment, a servi de transition entre le pain de l’Egypte – nourriture élaborée, produit de civilisation – et la manne qui ne devait rien au travail humain. La matsa, comme la manne, est liée à un apprentissage de la liberté symbolisée par le questionnement dont elle est porteuse dans son nom-même (man hou = “qu’est-ce que c’est ?”) et par le fait qu’on ne pouvait pas en faire de provisions.

Hamets : le « levain » et, par extension, tout aliment – solide ou boisson - qui en contient était banni des repas d’offrande au Temple le temps de la fête, et fait l’objet d’un interdit biblique durant les huit jours de Pessah. L’interdiction s’étend aux produits et aux pâtes à partir des cinq espèces de céréales suivantes : blé, orge, seigle, épeautre et avoine. Le nettoyage de Pessah consiste à traquer et à éradiquer jusqu’aux miettes de hamets dans tous les recoins du domicile. En cas de difficulté majeure, comme il est interdit non seulement d’en consommer, mais d’en conserver, le hamets peut être vendu à un non-juif pour la durée de la fête.

Agneau de Pessah : le sacrifice d’un agneau en Egypte était un sacrilège (cf Exode 8,22), le bélier étant associé au culte d’Amon (dieu suprême du panthéon égyptien). Avec le sacrifice de l’agneau pascal, c’est la mise en scène d’une rupture, un acte de révolte religieuse qui sont prescrits aux Hébreux qu’il est impératif de “dés-égyptiser”, autrement dit de détourner de l’idolâtrie.

Par ailleurs, le sacrifice d’un agneau était une pratique propitiatoire propre aux bergers avant de devenir un symbole de délivrance dans le judaïsme, le christianisme et l’islam.

Nissan   : de même que celui des autres mois, ce nom est babylonien. Jusqu’à l’exil de Babylone, les mois du calendrier hébraïque n’avaient pour la plupart pas de nom, mais un numéro d’ordre (1° mois, 2° mois etc...). Dans sa forme actuelle, le calendrier a été fixé au IV° siècle de l’ère courante par le Sanhédrin, qui a tenu compte du fait que Pessah devait toujours tomber au printemps (rappelons que notre calendrier est luni-solaire). Le 14 Nissan   – l’un des deux “nouvel an” du calendrier biblique (le second étant Rosh   haShana) est la date de naissance d’Israel en tant que nation. L’équivalent, par certains côtés, du 14 Juillet des Français.

Seder : « ordre, ordonnancement » (cf Sidour  ), désigne le rituel domestique de la première nuit de Pessah (deux premières nuits en Diaspora), rituel qui s’est substitué au sacrifice pascal. Autour de la table du Seder, les convives de tous âges participent aux différentes étapes d’une nuit qui s’ordonne autour du récit de la sortie d’Egypte. Comme il incombe aux parents d’instruire leurs enfants de la sortie d’Egypte (Shemot/Exode 13,6), la soirée voit s’alterner lecture, questions et réponses, gestes et aliments symboliques, qui visent à enraciner les générations successives dans la gratitude envers le Tout-Puissant. A quatre questions posées par le plus jeune assistant, les réponses - qui apparaissent au fur et à mesure de la lecture de la hagadah et des commentaires – incitent chacun à redevenir un enfant... apte à progresser vers la Révélation du Sinaï et à grandir jusqu’à recevoir la Torah.

Hagadah : “récit”, le mot désigne à la fois le rituel propre à la soirée pascale et le livret qui contient ce rituel. Ecrite en hébreu et en araméen, la hagadah est une compilation de textes dont le noyau daterait du deuxième Temple. Le récit de la sortie d’Egypte, des Psaumes et des prières, des midrashim et des chants populaires composent ce qui est probablement la plus ancienne liturgie rédigée encore en usage. Copiée, puis imprimée, elle est l’un des objets d’art juif les plus courants avec des exemplaires richement enluminés comme la Hagadah (médiévale) de Sarajevo, ou illustrés comme celles, récentes, du peintre Raymond Moretti (1983) ou du calligraphe Franck Lalou (1998).

Egypte : « Mitzraïm » en hébreu, signifie littéralement « double étroitesse » ou double angoisse », autres désignations de l’oppression. Quittant « Mitzraïm », le peuple libéré va pouvoir passer de la servitude aliénante au service divin. Fête de la liberté, Pessah était célébrée (clandestinement) par les Marranes. Dans le ghetto de Varsovie, elle a été le signal de la révolte armée (avril 1943). A chaque nouvelle génération, la célébration de Pessah redit le sens de la libération de toutes les Egyptes de l’Histoire. Pour autant, l’Egypte n’est pas ostracisée par la tradition hébraïque juive, au contraire de Canaan, Moav, et surtout Amalek. Ne figure-t-elle pas explicitement dans la première des Dix Paroles, et associée au Shabbat dans la bénédiction du Kiddoush   ?!

Afikoman : « dessert » (en grec). Il s’agit d’un morceau de matsa préservé au début du Seder et caché (tsafoune, nom de la 12° étape du rituel) pour être distribué en fin de repas. Il représente symboliquement soit le morceau d’agneau consommé à l’époque du Temple pour finir le repas pascal, soit la matsa qui devait être mangée avec l’agneau, ce qui ne correspond pas à un dessert ! Sans doute convenait-il de ne pas terminer cette soirée de fête par une incitation à boire davantage que les quatre coupes prescrites, ce qui est suggéré par la réponse faite à l’enfant dans la Hagadah : “On ne termine pas la cérémonie de l’agneau pascal par un afikoman”. C’est pourquoi il est d’usage de ne pas servir de dessert précisément le soir du Seder. Une tradition veut que les jeunes enfants soient invités à chercher l’afikoman après le repas, et récompensés s’ils le trouvent - moyen de les tenir en éveil pour un enseignement qui leur est destiné.

am Dreyfus

Messages

Petit lexique de Pessah

article très complet, merci
Samuel 12 ans

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