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L’Etat des Juifs

L’Etat des Juifs

Theodor Herzl, La Découverte/Poche Essais, Paris 2003. -

Faut-il mentionner cette nouvelle édition de l’essai fondateur du sionisme politique ? Oui. Car il s’agit d’une nouvelle traduction, rigoureuse, de Claude Klein et qu’il y ajoute à la suite sa propre contribution : Essai sur le sionisme : de l’Etat des Juifs à l’Etat d’Israël, qui remet en perspective le texte de 1896 avec la réalité israélienne contemporaine. Et parce que Claude Klein, en plus d’une présentation, annote parfois intelligemment le texte pour préciser, compléter ou donner un éclairage sur tel ou tel passage.

Comme beaucoup de classiques de la littérature politique, l’Etat des Juifs a plutôt mal vieilli. Les descriptions techniques des modalités de l’Etat sont rébarbatives. Et certains passages sont choquants, ainsi quand Herzl considère que l’antisémitisme peut s’apparenter à de la légitime défense ou sous-entend que ce sont les Juifs qui sont à l’origine de la haine dont ils sont les victimes. Même sans commettre le péché d’anachronisme et en n’oubliant pas le proverbe italien « tradutore traditore » (traducteur, traître), il est difficile de ne pas ressentir un malaise en lisant Herzl évoquer la « race juive ». Mais il faut reconnaître à Herzl le mérite d’avoir compris que l’antisémitisme était une constante qui ne disparaîtrait pas quel que soit le contexte socio-historique, et que la création d’un Etat était la seule option que les antisémites laissaient aux Juifs, sauf à disparaître. L’Histoire a malheureusement validé cette théorie, et Herzl se trompait même quand il croyait qu’une fois l’Etat des Juifs institué, l’antisémitisme disparaîtrait. Celui-ci, on le voit, renaît de ses cendres régulièrement, utilisant même parfois le prétexte de l’existence de cet Etat pour justifier ses délires.

Aidés par l’essai de Claude Klein, on comparera le texte de Herzl avec la réalité israélienne. On sourira en lisant Herzl affirmer qu’« il est inimaginable que nous puissions parler l’hébreu entre nous ». Un peu moins lorsqu’il mentionne la nécessité d’une Constitution, toujours inexistante en Israël soixante ans après sa création, ou le cantonnement des rabbins   aux temples alors que le rabbinat israélien possède la main-mise sur l’état civil de tout Juif israélien, et influence en profondeur la politique israélienne.

Guershom

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