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Welcome in Vienna

Welcome in Vienna

La magistrale trilogie de l’Autrichien Axel Corti retrace la fuite des Juifs victimes du nazisme.

On a beau connaître des ­destins de Juifs célèbres contraints à l’exil par la montée du nazisme, on a beau savoir l’existence de camps de transit ou d’internement des étrangers sur le sol français, avoir des ­visions de paquebots bondés en partance quand ils partaient - pour l’Afrique du Nord ou l’Amérique, on n’imaginerait sans doute pas l’immense chaos européen de ces foules déplacées sans l’impressionnante saga historique des Autrichiens Axel Corti (réalisateur, décédé en 1993) et Georg Stefan Troller (scénariste), Welcome in Vienna.

De leur trilogie Wohin und Zurück, réalisée entre 1982 et 1986, on n’avait vu en France que le dernier volet. La sortie de l’intégrale, Dieu ne croit plus en nous, Santa Fe et Welcome in Vienna, est donc un événement. On découvre dans toute son ampleur ce paysage de débâcle, au milieu duquel on va suivre une poignée de personnages pris dans la tourmente générale.

Dieu ne croit plus en nous commence à la Nuit de cristal, en 1938, où Ferry Tobler, adolescent juif viennois, voit son père assassiné. Commence alors une errance qui le mène d’abord à Prague, dans les queues des consulats mais il en est chassé par l’avance allemande. Puis à Paris, où recommencent les interminables attentes des exilés en quête de visa. Il y retrouve deux amis qu’il s’est faits en chemin, une secrétaire du consulat qui l’a aidé à Prague et Gandhi, un aristocrate allemand antinazi. Bientôt, les voilà internés dans un camp français, où, par une absurdité ironique, on les confond avec les ennemis qu’ils fuient. En 1940, ils s’évadent à la faveur de l’invasion allemande et de l’exode. Gandhi sera tué, Ferry parvient à s’embarquer pour l’Amérique.

Santa Fe, conte l’arrivée à New York des immigrants, qui doivent être accueillis par un correspondant américain. Une jeune muette dont personne ne veut se jette à l’eau. Ferry se noie en lui portant secours. Le film suit un nouveau groupe de réfugiés, dans leur pathétique épopée américaine, où la misère est plus souvent au rendez-vous que la gloire, même si l’on essaie de donner le change, comme ce comédien qui prétend avoir réussi à Hollywood… Deux jeunes gens, Freddy Wolf, autrichien, et Georg Adler, allemand, décident de s’engager dans l’armée américaine, et débarqueront en Europe en 1944.

Ce sont eux qu’on retrouvera dans le dernier épisode, Welcome in Vienna. Retour, en 1945, dans une Vienne partagée entre les Alliés (celle du Troisième Homme), où le marché noir sévit, où les ambitions et les rivalités amoureuses reprennent leurs droits, et où l’on s’empresse déjà de se racheter une conduite : ici, on a été victime et non complice du nazisme. Ce dernier film est à la fois plus fictif (les deux précédents puisent dans l’expérience vécue de Troller, le scénariste, et intègrent des images d’archives) et plus polémique. Il clôt sur une amère victoire ce long exode magistralement conté, où quelques anonymes s’efforcent de rester humains.

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