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Le sens caché de l’Afikoman

Le sens caché de l’Afikoman

et autres explications -

Des explications sur le seder de Pessah, la Hagada et ses secrets.

Une étude passionnante qui en surprendra plus d’un, sur ce qu’est vraiment l’Afikoman... et donc sur tout le sens secret du Seder de Pessah.

L’Afikoman, l’Aphikoman ou encore L’Aphikomen... c’est le morceau de Matsa (galette de pain azyme) que l’on mange à la fin du seder de Pessah en "souvenir de l’agneau"...

Dans la Hagada on cite la mishna   qui semble dire (mais attention à la traduction) qu’on ne mange pas d’afikoman après le korban Pessah. Afikoman voulant dire dessert d’après bien des commentaires (Tossefta   notamment).

De nos jours, au début du Seder, le chef de famille casse la matsa du milieu : il met de côté le plus grand morceau pour l’afikoman

À la fin du repas, le chef de famille prend le grand morceau de matsah caché au début et en distribue à tous ; tout le monde mange cet afikoman (il est interdit de manger et de boire – sauf les coupes rituelles – après l’afikoman).

Mais pourquoi ce nom bizarre et que veut-il dire ? (ce n’est pas de l’hébreu !)

L’usage de la troisième Matsa est tardif, alors de quoi parle vraiment la mishna   et pourquoi l’afikoman sert dans la réponse faite au sage dans le fameux passage sur les quatre fils et les quatre questions ?

Pourquoi boire quatre coupes de vin à Pessah ?

D’où vient l’idée même de ce seder, du repas ritualisé de Pâque juive ?

Une conférence à écouter sur le sens profond de l’Afikoman principal élément du Seder de Pessah par le Rabbin   Yeshaya Dalsace.

http://massorti.com/son/cours/afiko...

telecharger ici

Une autre ici

Ou filmé sur Akadem

http://www.akadem.org/sommaire/them...

Pour compléter ce sujet, on écoutera également avec profit une conférence sur l’érotisme du Cantique des Cantiques traditionnellement lu à Pessah.

http://www.akadem.org/sommaire/them...

Comprendre la fête de Pessah

Une conférence de Moshé Idel sur l’évolution du sens du rite de Pessah à travers les âges et périodes du judaïsme. A écouter sur Akadem.

Moshé Idel est un des plus grand savant contemporain en matière de mystique juive. Il enseigne à l’université israélienne et au séminaire rabbinique Massorti   en Israël.

Nombre de ses ouvrages sont publiés en français.

http://www.akadem.org/sommaire/modu...

hamets et matsa

Par Claude Riveline, Professeur

http://www.akadem.org/sommaire/them...

Pessah et Catharsis

Pourquoi la nécessité de raconter la sortie d’Egypte même quand on sait déjà l’histoire ?

En relisant avant la fête quelques commentaires sur la fête de Pessah, je suis tombé sur une question intéressante soulevée par le Siftei Haïm. Le Siftei Haïm est un livre qui recueille les interventions du Rav Haïm Friedlander, ancien Mashguiah (directeur spirituel) de la prestigieuse Yéchiva de Poniowicz.

Elève du Rav Dessler, dont les travaux de moraliste sont connus, il reprend cette spécificité mais en y intégrant les acquis rigoureux et rationnalistes de la grande tradition d’étude lituanienne.

La question, la voici : dans la Haggada de Pessah, on lit "Et même si nous étions tous des Sages  , des intelligences subtiles ou des Anciens, nous aurions encore la Mitzva de raconter la Sortie d’Egypte". Pourquoi cette phrase ? Y aurait-il quelque chose qui eût pu nous faire penser que cela aurait pu être le cas ? Qu’un Sage n’aurait plus le devoir de raconter l’épisode de la sortie d’Egypte durant le soir du Séder ?

En effet. Si la Mitzva de se souvenir de la Sortie d’Egytpte (Zakhor) s’applique à tout le monde et en tous lieux, la Mitzva de raconter (Lesaper) ne vaut que pour la nuit du Seder. Et on pourrait croire, à la vue du verset qui impose cette Mitzva, qu’elle ne s’applique qu’à celui qui n’a pas connaissance de l’événement extraordinaire qu’a constitué le passage à la liberté : "Et tu raconteras à ton fils (...) ce que Dieu a fait ce jour-là...".

Cette Mitzva semble impliquer un échange, une transmission impliquant des faits et la découverte d’un événement historique. Quiconque connaîtrait déjà cet événement en serait donc naturellement dispensé. Un Sage pourrait donc ne pas être astreint au Seder de Pessah.

Voilà ce que veut récuser la Hagada. Car ce qui est notable dans le "Serions-nous tous des Sages  ,...", c’est le "Tous". Qu’il y ait des Sages   à la table du Seder, cela peut arriver. Mais l’obligation qui leur serait faite d’initier l’échange et de prendre langue avec les moins sages   subsisterait, on peut le comprendre aisément.

Or, ce que dit la Hagada, c’est que même s’il n’y avait à table personne d’ignorant, il faudrait malgré tout raconter l’histoire de la sortie d’Egypte. Interprétation directement confirmée par l’histoire des 5 Sages   participant au Seder et discutant de la Sortie d’Egypte durant toute la nuit (Tous disposaient bien sûr d’une parfaite connaissance du sujet et n’avaient personne à qui transmettre puisqu’il est bien notifié dans ce récit que leurs élèves n’arrivèrent qu’au petit matin).

Confirmée également par la Halakha   qui indique qu’une personne seule pour le Seder doit encore impérativement lire la Hagada et travailler sur l’événement de la Sortie d’Egypte.

La question est alors évidente : si cette mitzva n’est pas un travail de transmission, qu’est-ce que c’est au juste ? Un travail sur soi ? Quelque chose de plus personnel ? La réponse apportée par le Rav Friedlander repose sur une formule bien connue : "Comme s’il était lui-même sorti d’Egypte". La Mitzva n’est pas de raconter une histoire desincarné qui aurait eu lieu (ou pas) il y a plus de 3000 ans, mais d’actualiser cet événement et de trouver un moyen de le rendre vivant, c’est-à-dire nourricier pour son existence.

Se faire un cinéma

Ce commentaire m’a aussitôt fait penser à un magnifique film de Gus Van Sant : Will Hunting. C’est l’histoire d’un jeune travaillant comme homme de ménage au MIT, ce temple de la science aux Etats-Unis et qui, l’espace d’un travail de nuit, résout de façon incroyablement simple un problème de mathématiques en dehors de portée des meilleurs cerveaux de la planète. De fil en aiguille, son génie académique, dans toutes les matières se découvre, mais doublé d’une incapacité chronique à se projeter dans un avenir et à nouer une relation forte et équilibrée avec ses congénères et en particulier avec une femme.

Pourtant Will Hunting sait en parler. Il sait disserter sur tout. Mais il ne vit pas. Il n’engage pas son intériorité. C’est ce que perçoit Robin Williams qui joue son psychologue dans le film :

"Donc, si je te parle d’art, tu vas me balancer un condensé de chaque livre d’art jamais écrit sur le sujet. Michel-Ange, tu sais plein de trucs sur lui. L’oeuvre de sa vie, ses aspirations politiques, lui et le pape, ses orientations sexuelles, tout le tralala ... mais je parie que ce qu’on respire dans la Chapelle Sixtine, son odeur, tu connais pas. Tu ne peux pas savoir ce ça fait de lever les yeux vers le magnifique plafond. Tu sais pas.

Si je te dis de me parler des femmes, tu vas m’offrir un topo sur les femmes que tu as le plus aimées. Il t’est peut-être même arrivé de baiser quelque fois. Mais tu ne sauras pas me décrire ce que ça fait de se réveiller près d’une femme et de sentir vraiment heureux.

Si je te faisais parler de la guerre, c’est probablement tout Shakespeare que tu me citerais : "une fois de plus sur la brèche mes amis !" Mais tu n’as pas vécu la guerre. Tu n’as jamais tenu contre toi ton meilleur ami. Tu ne l’as pas vu haleter jusqu’au dernier souffle avec un regard qui implore.

Si je te fais parler d’amour, tu vas probablement me réciter un sonnet. Mais tu n’as pas connu de femme devant qui tu t’es senti vulnérable. Une femme qui t’ait étalé d’un simple regard. Comme si Dieu avait envoyé un ange sur terre pour toi...pour t’arracher aux profondeurs de l’enfer. Et tu ne sais pas ce que c’est d’être son ange à elle. Et de savoir que l’amour que tu as pour elle est éternel."

C’est le paradoxe maintes fois observé : connaître un concept, une notion ne suffit pas en faire une expérience. Exemple classique : Heidegger dont le statut de plus grand philosophe du XXème siècle ne l’a pas empêché de fricoter avec le parti Nazi. De façon plus triviale, savoir qu’une chose est bonne à réaliser ne nous empêche pas de procrastiner, de trouver toutes sortes d’excuses rationnelles pour ne pas la faire.

Dans un autre registre, savoir que la Shoa a existé, participer à des commémorations n’empêche pas a priori une reproduction du phénomène. Perdre quelqu’un est une chose finalement banale dans notre existence et statistiquement inévitable pour chaque homme sur terre. Mais le vivre est une expérience totalement, radicalement différente en ce qu’elle engage notre vie au plus profond de nous même.

C’est là presque tout l’enjeu du judaïsme : la Thora, le Talmud   ne se lisent pas, ce ne sont pas des objets de connaissance qui doivent un jour faire l’objet d’une appréhension exhaustive. Il s’agit des supports principaux pour une expérience qui s’appelle l’Etude. S’obliger à se choisir un maître, s’imposer d’étudier en face de quelqu’un d’autre qui n’a forcément pas la même vision que nous d’un sujet de fond, c’est ça l’expérience fondatrice de la vie juive. Chacun d’entre nous peut se dire libre : après tout, nous vivons en démocratie, loin des dictatures d’antan, pour certains au sein même de la Terre d’Israël dans une structure nationale juive, bref, qui oserait dire que nous aurions encore à causer de Liberté à part pour le folklore ?

Ce n’est qu’en se confrontant à autrui, en vivant cette expérience avec ses tripes, qu’il est possible de déceler les nouvelles formes de servitude dont nous avons un devoir impératif de nous libérer.

Hag Sameah à tous et osons devenir des Will Hunting (à la fin du film bien sûr....

Ce sympathique article vient du blog Le monde juif dont nous conseillons la consultation :

http://lemondejuif.blogspot.com/201...

Autour de Ma Nishtanah

Celui qui n’a pas honte de poser les questions sera exalté (Rashi  , d’après le Talmud  , Berahot 63b)

par Mark Ellison

La Haggadah que nous connaissons est ancienne, et n’a pas été modifié depuis quelques siècles, mais il y a eu quand même quelques adaptations, pour tenir compte de l’évolution du contexte dans lequel vivaient les juifs, ou pour des raisons pratiques, ou parce que les rabbins   trouvaient une meilleure formulation. Un bon exemple en est le Ma Nishtanah.

En fait, combien de "questions" pose le plus jeune participant du Seder ? Traditionnellement, on parle des "Quatre Questions", mais si on compte bien on trouve plutôt cinq (si on inclut la première - "pourquoi cette nuit est différente des autres nuits") ou une seule, puisque la première est l’unique phrase en forme de question.

Or, autrefois, il y avait trois "questions" - en effet, dans un ancien texte de la Mishna   (Pesahim 116a) on trouve la formulation suivante :

1. Toutes les autres nuits nous trempons une fois ; cette nuit deux fois

2. Toutes les autres nuits nous mous mangeons du pain levé ou des azymes ; cette nuit seulement du pain azyme

3. Toutes les autres nuits nous mangeons la viande rôtie, en ragoût ou bouillie ; cette nuit, seulement rôtie.

Ce n’est que plus tardivement qu’on trouve une quatrième "question" dans le Talmud   :

4. Toutes les autres nuits nous mangeons toutes sortes d’herbes ; cette nuit les herbes amères.

On reformule alors la première question, pour dire qu’aujourd’hui, nous ne trempons point. Et c’est encore plus tard (peut-être au neuvième siècle), quand la coutume de manger l’agneau rôti fut remplacée par l’interdiction d’en manger, que la troisième question devint :

3. Toutes les autres nuits nous mangeons assis ou allongés ; cette nuit allongés.

Comme tout le monde sait, manger allongé est un signe extérieur de noblesse au temps des romains - mais cette "question" (qui ne se trouve pas dans le Talmud  ) est formulée à une époque ou les mœurs des romains n’existent que dans les livres d’histoire. Peut-être cette question vient-elle de l’exil en Babylonie, ou personne ne s’allongeait pour manger ; c’était donc déjà une pratique exotique, qui suscitait l’intérêt des enfants. Une autre explication (aussi valable que la première, puisqu’elle est avancée par le Vilna Gaon  ) a la mérite de rationaliser la substitution de la question sur les sacrifices (l’agneau rôti) : à l’époque du Temple, les chaises et fauteuils n’étaient pas d’usage courant, et le peuple mangeait l’agneau assis par terre, en s’appuyant contre un mur. Ce n’est donc qu’après la destruction du Temple, et l’introduction des chaises, que la nouvelle "question" trouva sa place, et incidemment, l’ordre des "questions" fut remanié. D’ailleurs, au 19ème siècle, les Lubavitch changent encore l’ordre, pour démarrer avec le trempage (au lieu de la Matza, comme les autres juifs), ce qui est bien plus logique, puisque ça correspond à l’ordre du déroulement du Seder.

En effet, pour être logique, ces questions devaient être posées après le repas, quand l’enfant aura vu de lui-même les étrangetés décrites. Autrefois, c’était effectivement le cas (le repas précédait le récit), mais plus tard les rabbins   trouvaient que pour éveiller l’intérêt de l’enfant, il était préférable qu’il pose les questions au début. Du reste, si on se réfère à la Mishnah, c’est clair que ce ne sont point des questions, mais des affirmations : en effet, d’après la Mishnah, c’est le père (et non pas l’enfant) qui récite "les questions" à un enfant qui manque l’intelligence pour poser lui-même des questions. Ma Nishtanah peut se traduire, en effet comme "Qu’est-ce que cette nuit est différente des autres nuit !", suivi de quelques exemples. Dans cette interprétation, il n’y a aucune question…

Mais c’est mieux que l’enfant soit poussé à poser des questions. C’est pourquoi les rabbins   attachaient beaucoup d’importance au changement de routine (même la routine du Seder) pour que les enfants demandent effectivement : "pourquoi cette nuit est-elle différente ?" On peut, par exemple, comme préconise le Mishné Torah, distribuer des bonbons avant le repas, ou carrément enlever la table…

Nous avons vu que les questions du Ma Nishtanah ont évolué avec le temps, et elles continueront sans doute, à évoluer encore. L’important, d’après le Talmud  , c’est qu’on pose les questions ; si l’enfant ne le fait pas spontanément, alors le père doit prendre le relais. Les questions sont centrales à l’expérience du Seder : le judaïsme n’est pas une religion dogmatique ni statique. Les questions sont aussi un symbole de la liberté - les esclaves sont obligés de tout accepter, sans remise en cause. Poser des questions c’est le devoir de tout juif - et chaque réponse mène, inéluctablement, à une autre question…

Explication russe

afikoman yeshaya

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