La Torah au temps du corona
Corona Torah serait la latinisation de Keter Torah, « La couronne de la Torah », expression qui, entre autres usages, donne son titre à un long poème de Isaachar Bär ben Judah Carmoly, rabbin alsacien du 18è siècle, pur génie quant à l’érudition, l’intelligence et la créativité.
Keter, dans l’arbre de vie kabbalistique, est la plus élevée des sephirot et celle qui porte le plus haut degré d’abstraction. Irréelle telle … un virus.
Bref, il n’est pas vain de saisir le moment pour considérer le texte toraïque de la semaine et voir ce qu’il nous fait lire/entendre quant à notre présent.
La parasha de la semaine, « Vayakel-Pekoudei » (Exode 35,1-38,20), ne saurait être plus précise à cet égard.
Séquence à reconstituer en prenant en compte la parasha précédente, « Ki-Tissa » : le veau d’or – la colère de Moïse – le bris des Tables de la loi – Pardon et gravure des nouvelles Tables. En résumé : destruction – reconstruction ou dévastation – renaissance.
« Moïse convoqua [vayakel] toute la communauté des enfants d’Israël et leur dit […] » (Ex. 35, 1). « Convoqua » ou « assembla » au lendemain du jour de Kippour, en redescendant du Mont Sinaï, précise Rachi .
Vayakel / kehila. La notion d’assemblée est intéressante car elle ne suppose pas une unité organique, ce que peut suggérer, à l’inverse, le terme de communauté. On assemble des pièces diverses dans un puzzle ou chez Ikea (plus difficilement), chaque pièce conservant son intégrité. Le Tabernacle est ainsi constitué d’un certain nombre d’éléments que détaille justement la suite de notre parasha et à la fabrication desquels contribuèrent les enfants d’Israël.
Par analogie et dans une perspective humaine, on peut donc participer à un ensemble sans abdiquer sa personnalité. La volonté du sujet pour participer est alors essentielle à signer son appartenance et il peut l’exercer à distance. Continuer à participer même si les conditions concrètes propices à manifester cette participation sont absentes. Faire communauté précisément en ne faisant pas communauté.
Le défi paradoxal que nous adresse la terrible crise sanitaire liée au coronavirus est de même ordre. Soyons unis en étant séparés. Si le confinement résume cette injonction faite aux populations des pays atteints, la communauté juive peut et doit réagir exemplairement. Au demeurant, le peuple juif n’est-il pas familier du phénomène ? Une seule Torah mais une diversité de lectures. Un peuple juif mais une diversité de langues, de cultures, de pratiques et d’imaginaires que même le Messie aurait du mal à homogénéiser.
Chacun chez soi mais pas chacun pour soi. Au contraire. « Pour l’autre », dirait Emmanuel Lévinas.
Chères amies et chers amis, prenez soin de vous, prenez soin des autres, soyons unis par le cœur et l’esprit, soyons vaillants pour préserver la lumière du judaïsme et de la paix.
Alexis Nuselovici,
Président, Or Chalom 2020
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