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Rabbin Nachum Braverman

Rabbin Nachum Braverman

D’après ce texte, le problème viendrait du féminisme et non de la tradition juive... Typique d’une position apologétique que beaucoup trouveront bien peu convaincante.

Il est temps d’en finir avec cette idée reçue selon laquelle le Judaïsme considère les femmes comme inférieures aux hommes.

Nous vivons une époque de mal-être individuel. Bien que le mouvement féministe se soit fixé pour but de réparer les graves injustices dont souffrait la société sexiste, les résultats, jusqu’à présent, ne sont pas probants, et n’ont pas vraiment apporté un surcroît de bonheur à l’humanité. Ni pour les hommes, ni pour les femmes.

La société occidentale, en fait, demeure sexiste. Les femmes sont utilisées comme des objets sexuels destinés à provoquer la stimulation nécessaire pour faire augmenter les ventes.

Dans l’introduction de ce classique des premiers temps du féminisme, "Our Bodies, Our Selves" (Nos corps et nous) , les auteurs évoquent le peu de respect que la société américaine accorde aux qualités traditionellement féminines, telles que, par exemple, l’aptitude à se montrer compatissantes et bonnes cuisinières. Elles attribuent l’origine de leur féminisme au désir qu’elles ont d’être traitées avec une dignité égale à celle dont les hommes sont l’objet. Si cette dignité ne peut s’acquérir que par comparaison avec les critères masculins de réussite, eh bien, concluent-elles, nous devons jouer le jeu !

Le monde de la Torah et le monde occidental sont de nature différente, et le sexisme de la société occidentale est tout simplement inapplicable à la vie juive.

Le film récent "Kadosh", qui nous présente une femme juive pratiquante sous un jour des plus négatifs est, soit une fiction née de l’imagination de l’auteur, soit un pamphlet pouvant être utilisé à des fins politiques. (Il est difficile de trancher entre ces deux possibilités).

Les Juifs n’ont jamais approuvé l’exploitation sexuelle ou la manipulation des femmes, et les lecteurs du Talmud   n’ont jamais trouvé révolutionnaire la récente "découverte" de la sexualité féminine. La loi juive oblige l’homme à satisfaire sa femme sur le plan sexuel et à faire passer son plaisir, à elle, avant le sien. L’adultère, dans la vie juive traditionnelle, est considéré comme étant aussi abominable et inconcevable qu’un meurtre.

La Loi juive, d’une manière générale, ne s’adresse ni particulièrement aux hommes, ni aux femmes. Le mariage ainsi que le divorce se font par accord mutuel. Les femmes, tout comme les hommes, sont tenus d’observer le Chabbat, prier, secourir les pauvres et visiter les malades.

QUELQUES FAITS INCONTESTABLES

Il est temps maintenant d’en finir avec cette rumeur selon laquelle le Judaïsme considère que les femmes sont inférieures aux hommes. Aucun lecteur sérieux de la Bible ne peut arriver à une telle conclusion.

Quelques exemples :

1) Abraham avait deux fils : Isaac et Ismaël. Les enfants grandissant, Sarah prit conscience que, dans l’intérêt d’Isaac, Ismaël devait s’éloigner. "Renvoie Ismaël de la maison", dit-elle à Abraham. Celui-ci refusa de l’écouter. Et Dieu dit à Abraham "Ecoute la voix de Sarah, ta femme, car elle a une vision prophétique supérieure à la tienne".

2) Isaac et Rebecca avaient deux fils : Jacob et Esaü. Isaac voulait accorder le droit d’aînesse à Esaü. Rebecca vit ce qu’Isaac ne voyait pas : Esaü était dépravé et assoiffé de pouvoir. Elle fit en sorte que Jacob hérite du droit d’aînesse. C’est une initiative qui sauva le peuple juif.

3) En Egypte, les hommes étaient poussés au désespoir en raison de la rigueur de l’esclavage et de l’oppression. Lorsque les Egyptiens commencèrent à tuer les bébés juifs de sexe masculin, les hommes décidèrent de se séparer de leurs femmes, plutôt que de mettre au monde des enfants pour les voir mourir sous leurs yeux. Les femmes dirent alors : "Nous serons pires que Pharaon si nous acceptons cela. Même s’ils doivent nous faire périr, nous ne devons jamais, de nous-mêmes, renoncer à l’espoir". Les femmes encouragèrent leurs maris à fonder des familles, assurant ainsi la pérennité du peuple juif. L’héroïsme de Myriam, qui n’hésita pas à s’opposer aux vues erronées de son père, Amram (qui présidait le Sanhédrin) fut à l’origine de la naissance de Moïse.

4) Les femmes ne participèrent pas au culte idolâtre du Veau d’Or dans le désert.

5) Lorsque les douze explorateurs vinrent rapporter que la terre d’Israël était peuplée de géants, les hommes se lamentèrent et voulurent repartir en Egypte. Pas les femmes. En conséquence de cela, les hommes reçurent la punition de mourir dans le désert, tandis que les femmes méritèrent d’entrer en Erets Israël.

Il est impossible de lire, année après année, ces passages de la Torah, ainsi que de nombreux autres, et d’arriver à la conclusion que la Torah considère les femmes comme étant inférieures aux hommes. Bien au contraire, les femmes sont constamment présentées comme étant plus dignes de confiance que les hommes dans leur jugement et dans leur dévotion à Dieu. Le Talmud   précise que les femmes ont été créées avec une binah yetera , une mesure supplémentaire de connaissance intuitive.

QUELLE EST DONC LA DIFFERENCE ?

Le Judaïsme professe cependant que les hommes et les femmes sont différents.

En fait, le féminisme authentique ne nie pas qu’il existe des différences entre les sexes sur le plan physique, émotionnel et mental. Il insiste plutôt sur l’importance égale qu’il convient d’accorder à ce qui est purement féminin. Pour les auteurs de "Our Bodies, Our Selves", le sexisme ne consiste pas à constater l’aptitude qu’ont les femmes à se montrer compatissantes et bonnes cuisinières, mais à mépriser ces qualités.

Les auteurs déplorent que, dans notre société, on apprenne aux femmes que l’aptitude à savoir cuisiner est moins glorieuse que l’aptitude des hommes à savoir faire preuve d’agressivité (encore que certains hommes soient doués pour la cuisine et que certaines femmes puissent se montrer agressives, mais les archétypes sexuels reposent cependant sur des réalités).

Toutes les différences ne donnent pas lieu à des comparaisons désobligeantes. Tel homme doué d’une grande créativité mais dont la mémoire laisse à désirer, et tel autre doué d’une bonne mémoire mais sans aucune fantaisie ne se valent pas. Mais ils se valent dans leur désir de se rapprocher de Dieu. Le Judaïsme constate que les hommes et les femmes, tout en étant égaux dans leur attachement à Dieu, ont des tempéraments et des dons de nature différente. Et donc, pour leur permettre de se réaliser, Il leur a assigné à chacun une voie différente.

"Dieu créa l’homme à son image….Mâle et femelle Il les créa" nous dit la Torah, et le Talmud  , à partir de cela, comprend que l’être humain est formé de l’union de l’entité féminine et de l’entité masculine.

C’est pourquoi certaines mitsvoth, telle que l’allumage des bougies de Chabbat ou le prélèvement de la ’hallah sont réservées aux femmes.

Lorsqu’une femme décide d’accomplir des mitsvoth auxquelles elle n’est pas soumise, on peut légitimement s’interroger sur ses motivations. Est-elle zélée au point d’avoir épuisé tout le champ des mitsvoth quelle doit accomplir, et cherche-t-elle à en augmenter le nombre ? Où bien souhaite-t-elle imiter ce que font les hommes ? Si cette dernière réponse est la bonne, elle ne se rend pas compte qu’en fait, elle se rend elle-même coupable de sexisme. Elle a repris à son compte l’affirmation selon laquelle ce que font les femmes est sans valeur et que se comporter comme un homme apporte une plus grande estime de soi.

Notre Torah peut être une source de force morale et un point de repère dans un monde en constante évolution. Mais uniquement à condition que nous nous débarrassions de nos préjugés et que nous sachions lire ensemble ce qu’elle nous enseigne réellement.

Le rabbin   Nachum Braverman a étudié la philosophie à l’ Université de Yale. Il a été pendant plusieurs années directeur pédagogique de Aish HaTorah Los Angeles et est actuellement directeur, pour la région occidentale, du Fonds pour Jérusalem de Aish HaTorah. Il vit avec sa famille à Los Angeles.

Cet article est en ligne sur

http://www.lamed.fr/societe/Femmes/...

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