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Théâtre et sacré dans la tradition juive

Théâtre et sacré dans la tradition juive

Livre de Guila Clara Kessous -

Théâtre et judaïsme une veille histoire d’amour conflictuelle qui mérite bien un livre.

A priori, le judaïsme rejette la représentation et le divertissement frivole, il ne saurait donc accepter l’art théâtral. Et pourtant, il existe bien aujourd’hui un théâtre juif prospère, dont les racines plongent jusqu’à l’antiquité.

Une histoire tumultueuse :

Les rabbins   du Talmud   voyaient le théâtre comme un lieu de débauche (l’accusation sera récurrente également dans le christianisme), mais surtout comme le lieu d’expression de la culture païenne la plus détestable aux yeux du rigorisme rabbinique de l’époque talmudique. Et pourtant, il y eut un théâtre juif antique.

Mais le véritable théâtre juif tel qu’on le connaît jusqu’à aujourd’hui démarre à la Renaissance dans l’art du pourimspiel, les pièces de Pourim. Chaque année, de petites troupes se formaient et amusaient un public avide de divertissement. Il va s’étoffer avec les années jusqu’à devenir le glorieux théâtre yiddish du 19ème siècle qui donnera lui-même naissance à des troupes prestigieuses et au théâtre israélien contemporain. Ce théâtre était surtout populaire, mais l’expansion de la littérature juive et notamment yiddish va fournir de véritables chefs d’œuvre littéraires à la scène du théâtre juif qui va peu à peu se professionnaliser. Ce théâtre juif, théâtre de petites gens, donc populaire et expression de la culture du minoritaire, ne sera pas pour rien dans l’expansion et la gloire de la scène de Broadway et de son fameux style de comédie musicale.

Théâtre et religion :

De nos jours, si les milieux juifs religieux restent le plus souvent sur leur garde face à un art d’expression personnelle difficile à contrôler, il existe pourtant un théâtre d’expression religieuse et les aller et retour entre la yeshiva et la scène ne sont pas si rares... À la renaissance, des rabbins   s’y étaient déjà essayés et composaient des pièces en vers hébraïques afin de divulguer diverses idées mystiques. Les ghettos italiens virent s’organiser des troupes propageant un répertoire fleuri dressant sur la scène un monde coloré qui racontait aux Juifs alors persécutés la grandeur de leur culture et de leur foi.

Le livre de Guila Clara Kessous :

C’est toute cette formidable saga, celle d’un amour conflictuel entre l’austérité religieuse et son armure d’interdits et entre un foisonnement culturel juif à qui la scène théâtrale offrait un formidable moyen d’expression populaire que Guila Clara Kessous vient nous raconter dans un petit livre à la fois accessible et bien fourni. Le lecteur y trouvera toute cette histoire et découvrira les nombreuses facettes de l’aventure du théâtre juif.

Si vous vous intéressez au théâtre et au judaïsme, ne manquez pas ce livre et si ce sujet vous laisse a priori indifférent, lisez-le tout de même, il se pourrait bien que cela vous pousse à vouloir en savoir plus...

La collection « Lectures du judaïsme » :

Nous avions sévèrement attaqué sur ce site la nouvelle collection juive du P.U.F. dans laquelle l’ouvrage de Guila Clara Kessous a été publié, pour sa politique éditoriale fondamentaliste, sous couvert d’un discours universitaire de facto frelaté et indigne d’une telle maison d’édition. En effet, la collection « Lectures du judaïsme », a priori formidable comme projet, a publié plusieurs ouvrages plus ou moins intéressants, mais tous au service, non du savoir universitaire critique et objectif qu’exigerait sa présence au PUF, mais d’une grossière propagande ultra-orthodoxe   avec toute la censure et les omissions qu’une telle ligne éditoriale fondamentaliste exige, le tout habilement habillé en discours savant. (Voir l’article http://www.massorti.com/L-idolatrie...) Or l’ouvrage de Guila Clara Kessous détonne dans cette collection et se permet même quelques libertés de ton salutaires. Nous saluons donc le fait que grâce au théâtre, une petite brèche a été percée dans une collection portant indûment le nom d’universitaire, permettant donc de redresser un peu le tir. Le salut viendrait-il de la scène théâtrale, comme le sous entendait un dire talmudique ?

Yeshaya Dalsace

Théâtre et sacré dans la tradition juive, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Lectures du judaïsme »

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