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Le Maror pour le Seder Pessah

Le Maror pour le Seder Pessah

Laitue romaine ou raifort ? Que le vrai Maror se désigne ! -

Question : La plupart des Juifs (achkénazes) de la Diaspora utilisent du raifort comme « maror » sur le plateau du seder, tandis que la plupart des juifs israéliens utilisent de la laitue romaine. Quelle coutume est-elle la plus correcte ?

Réponse :

La Torah nous commande de manger des herbes amères (merorim) à Pessah avec des pains azymes (matsot) et l’agneau pascal (Exode 12,8 ; Nombres 9,11), mais ne donne pas plus de détails. La Mishna   (Pessahim 2,6) énumère cinq plantes qui peuvent être utilisées comme maror. Les traductions entre guillemets sont basées sur les recherches du Prof. Yehudah Feliks et d’autres savants :

משנה מסכת פסחים פרק ב משנה ו
[ו] ואלו ירקות שאדם יוצא בהן ידי חובתו בפסח בחזרת ובעולשין ובתמכא ובחרחבינה ובמרור יוצאין בהן בין לחין בין יבשין אבל לא כבושין ולא שלוקין ולא מבושלין ומצטרפין לכזית ויוצאין בקלח שלהן ובדמאי ובמעשר ראשון שנטלה תרומתו ובמעשר שני והקדש שנפדו :

« Voici les légumes par lesquels une personne s’acquitte de son obligation à Pessah : hazeret (laitue romaine), ‘olchine (chicorée), tamkha (voir ci-dessous), harhavina (eryngium ou panicaut, une variété de chardon) et maror (sonchus oleracheus communément appelé laiteron maraîcher ou laiteron lisse. En arabe : murar)… »

Comme souvent dans les textes anciens, l’auteur de cette michna   et son public savaient exactement de quoi ils parlaient, mais les rabbins   au cours des siècles ont été intrigués par la plupart de ces termes, les juifs ayant tellement voyagés qu’il leur était difficile de trouver des légumes correspondant.

Aujourd’hui, la pratique courante des israéliens est de manger le soir de Pessah de la laitue romaine (hazeret), tandis que les juifs achkénazes de diaspora ont tendance à manger du raifort, conformément à la façon dont le terme tamkha fut identifié à partir du XIVe-XVe siècles.

1. Hazeret est effectivement la laitue romaine

Comme le Prof. Yehuda Feliks et beaucoup d’autres l’ont fait remarquer, il n’y a aucun doute que le terme hazeret désigne la laitue romaine (par opposition à la laitue iceberg). Rachi   dans son commentaire sur Pessahim 39a l’appelle lituga, ce qui correspond à leituge en français médiéval. Le Talmud   de Babylone (ibid.) dit que hazeret est hassa (laitue), tandis que le Talmud   de Jérusalem (TJ) l’identifie comme hassin (Pessahim 2:5, fol. 29 c). Dans le TJ, on demande comment hazeret pourrait être maror si hazeret est sucré ? Rabbi Hiyya répond au nom de Rabbi Hoshaya : « tout comme le hazeret est doux au début et amer à la fin, ainsi [fut l’asservissement] que les égyptiens firent subir à nos ancêtres en Égypte. ». C’est le cas pour la laitue Romaine : douce au début, si vous la laissez mûrir en terre elle deviendra de plus en plus amère jusqu’à ce ne plus être comestible.

Les mots hassa et hassin en araméen sont équivalents à hassu en Akkadien, hassta en Syriaque et hash en Arabe.

Dans le Talmud   de Babylone (ibid.), Rabbi Ochaya dit : « mitsva bahazeret » ce qui signifie que la meilleure façon d’accomplir la mitsva de maror est de manger hazeret, de la laitue romaine.

2. Tamkha :

Tamkha est la seule des cinq plantes de la michna  , qui n’a pas été clairement identifiée.

Voici différentes hypothèses :

  • a. Tamkha serait le gingidium, une variété aujourd’hui disparue.

Dans le Talmud   de Babylone (Pessahim 39a), Rabba bar bar Hanna dit que tamkha en hébreu correspond à tamkhita en araméen ce qui, bien sûr, ne nous aide pas plus ! Le TJ (Pessahim 2:5, fol. 29c) dit que tamkha est gingidin. Le gingidium est mentionné par un certain nombre de scientifiques grecs célèbres. Pline l’ancien (23-79 c.e.) affirme que « les Syriens ont beaucoup de légumes. Ils plantèrent un légume, que certains appelèrent « gingidion », qui est très proche de « stapilinus » (une carotte pourpre), mais en plus léger et plus amère » (Naturalis Historia 20, 33, cité par Feliks, 5755, p. 81).

Dioscorides (40-90 c.e.) écrit que « Le gingidion a poussé en quantité en Sicile et en Syrie, c’est une petite plante, semblable au « pastinak » sauvage (le panais), mais en plus mince, avec une courte racine épaisse, blanchâtre et amère, à manger crue, bouillie ou découpée et c’est très bon pour l’estomac » (De Materia Medica 1, 167, cité Ibid.....)

Le Prof. Yehudah Feliks (Feliks, 5755) introduit un dessin de cette plante du sixième siècle dans l’un de ses articles (sic !), mais malheureusement nous ne pouvons plus identifier cette plante aujourd’hui. Nous pouvons seulement dire qu’elle appartient à la famille des Apiaceae, semblable à du panais. Il semblerait qu’elle n’était plus cultivée après la période Byzantine. Il ne fait aucun doute que c’est la bonne définition du tamkha talmudique.

  • b. Tamkha serait le cardon (ou chardon)

Le Rabbin   Natan ben Yehiel de Rome (1035-ca. 1110) écrit dans son dictionnaire talmudique Ha’arukh (éd. Kohut, Vol. 8, p. 245), que tamkha est « cardo », qui est en fait le cardon. Pour le Prof. Feliks il s’agit de carduus argentatus ou chardon argenté, tandis que le Dr Schaffer, affirme que c’est cynara cardunculus appelé artichaut sauvage.

  • c. Tamkha serait le marrube

Rabbi Natan ajoute « et certains disent « marubio » ». Apparemment il s’agirait de marrubium vulgare plus communément appelé marrube. Tamkha a été également défini comme « marubio » par de nombreux richonim   et décisionnaires anciens :
En France : Rachi   (1040-1105, dans son commentaire sur Pessahim 39a) ; l’école de Rachi   (Hapardess, Ha’oreh, siddour   de Rachi  , Mahzor   de Vitry - voir Schaffer, note 18) ; Le Rabbin   Moïse de Coucy (XIIIe siècle, Semag, Asin 41, fol. 118).

En Provence : Rabbi Yitzhak ben Abba Mari (1119-1190, Sefer Ha’ittur, Lemberg, 1860, partie II, fol. 54) ; Rabbi Aharon de Lunel (XIVe siècle, Orhot Hayyim, Florence, 1750, Seder Leil Pessah, parag. 10, fol. 79 a).

En Espagne : Rabbi Moché Halava (ca. 1350, Peirush Maharam Halava al Massekhet Pessahim, Jérusalem, 1966, p. 114) ; Rabbin   Yosef Haviva (ca. 1400, Nimukei Yosef sur Pessahim, New York, 1960, p. 130).

En Achkénaze (Allemagne) : Rabbi Elazar de Worms (1165-1236, Sefer Harokeah, parag. 283) pour lequel le tamkha est « agrorn », qui est une altération de « andorn » qui signifie marrube en allemand.

En Italie : Rabbi Yehiel Anav et Rabbi Zidkiyahu Anav (XIIIe siècle, Tanya, ed. Baron, Jérusalem, 2011, parag. 47, p. 170 et Shiboley Haleket, éd. Buber, parag. 218, p. 184).

  • d. Tamkha serait le seris

Maïmonide   (1135-1204), dans son commentaire à notre Mishna   dans Pessahim (éd. Kafih, Vol. 2, p. 168) définit tamkha comme étant du « seris », un mot grec qui évoque une sorte de chicorée ou d’endive.

  • e. Tamkha serait le Meeretich ou raifort

Le Dr Arthur Schaffer montre (note 26) que le mot meeretich est une combinaison de meer = mer et retich = radis, un radis qui pousse près d’un cours d’eau.
Tous les savants modernes conviennent que le raifort n’était pas cultivé en Israël pendant la période talmudique. Son origine est en Europe de l’est où il est abondant et facilement cultivé même dans des climats très froids. Il n’est également pas amère, mais plutôt fort et piquant (harif). Apparemment il serait devenu populaire dans le seder en Allemagne et en Europe de l’est parce que la laitue était coûteuse ou difficile à obtenir.

Rabbi Eliezer ben Natan, le Ra’avan (1090-1170) est le premier dans la littérature rabbinique à mentionner dans sa recette de harosset, le « meeretich » non pas comme une herbe amère pour le maror, mais plutôt comme un ingrédient ! (Sefer Ra’avan, éd. Prague, 1610, fol. 74 b). Une mention similaire se trouve dans Sefer Harokeah par Rabbi Elazar de Worms (1165-1236 parag 284)

Le premier à dire que le tamkha est du raifort semble être Rabbi Meir Hakohen (Allemagne, ca. 1300), élève du Rabbi Meïr de Rothenburg, dans son Hagahot Maïmoniot, un commentaire sur l’œuvre juridique de Maïmonide   (Hilkhot Hametz Umatzah 7:13, note kaf). Cependant, cela peut avoir été ajouté par les copistes parce que chaque manuscrit de Hagahot Maïmoniot a une interprétation différente (voir Schaffer, note 45) et le premier à citer cette explication est le Rabbin   Yozl ben Moshe dans son Leket Yosher (Berlin, 1903, p. 92) qui a été écrit plus de 150 ans plus tard.

Ainsi, le premier à recommander clairement à utiliser « meeretich », du raifort pour le seder fut Rabbi Alexander Susslin Hakohen (mort en 1349) dans son Sefer Ha’agudah bien qu’il ne le relie pas au tamkha : « J’ai vu mes maitres tenter d’obtenir de la laitue et s’ils n’en trouvaient pas, ils prenaient du « meeretich » » (éd. Brizel, Deom, Vol. 2, Jérusalem, 1968, p. 152). Rabbi Ya’akov Mollin, le Maharil (1360-1427), explique : « le sefer Ha’agudah écrit « meeretich », c’est-à-dire tamkha dans notre Michna   » (Responsa   Maharil, n° 58, éd. Satz, Jérusalem, 1980) mais il semble que la référence à tamkha provienne du Maharil, et non de l’auteur du sefer Ha’agudah.

Une fois que le tamkha a été identifié comme le raifort, un autre problème surgit, débattu pendant des siècles. Rabbenou Tam (d. 1171) a statué qu’on ne pouvait pas utiliser une racine de plante pour le maror puisque la Michna   (Pesahim 2:6) établit que « on remplit l’obligation avec la tige » (cité par le Semag, Asin 41, fol. 118). Pourtant, la plupart des Juifs qui utilisaient le raifort comme maror mangeaient sa racine. Certaines autorités halakhiques interdisaient l’utilisation de la racine, d’autres disaient qu’on ne pouvait utiliser que les feuilles du raifort, et certains disaient que l’on ne pouvait utiliser les racines qu’en cas d’impossibilité d’utiliser autre chose (« bich’at hadhak »). Dans la Pologne du XVIIe siècle, on utilisait les feuilles du raifort pour manger le maror au seder et la racine uniquement pour korekh, le sandwich de Hillel. C’est parce que les feuilles étaient relativement rares, tandis que la racine était facilement disponible (voir Schaffer, pp. 231-236).

Au XVIIIe siècle, la coutume de consommer de la racine de raifort pour le seder s’était largement répandue. En 1822, le rabbin   Moshé Sofer, fondateur du judaïsme Haredi  , a renforcé le statut du raifort en écrivant qu’il serait encore préférable à la laitue en raison de la difficulté de nettoyage des feuilles de laitue salies par les insectes ! Il est assez ironique que le rabbin   Sofer préfère le raifort, dont nous savons maintenant que ce n’est n’est pas le tamkha, à la laitue qui est hazeret, la mitzvah de préférence !

Enfin, en Israël moderne, le raifort est appelé à tort hazeret alors que tous les commentateurs conviennent que cela signifie laitue !

3. La preuve visuelle

La plupart des érudits modernes qui ont écrit à ce sujet sont botanistes, ce qui pourrait expliquer pourquoi ils n’ont présenté aucune preuve visuelle sur ce qu’utilisaient réellement les Juifs comme maror pour le seder. Il semble toutefois qu’au moyen-âge les juifs achkénazes utilisaient de la laitue ou d’autres gros légumes feuillus tandis que les juifs séfarades utilisaient l’artichaut. Aucune des haggadot illustrées connues ne portent trace de l’usage du raifort (cf. Tabory, p. 266, note 56) :

  La Haggadah dite des « têtes d’oiseaux » (Allemagne), environ 1300 : un légume feuillu vert, probablement de la laitue.

  Haggadah de Yoel ben Shimon, British Library, Allemagne ou Italie du Nord, vers 1450, fol. 22 b (= la Haggadah de Schechter  , figure 27) : un gros légume vert feuillu, probablement de la laitue.

  Yoel ben Shimon, JNUL, env. 1450 : un gros légume vert feuillu, probablement de la laitue.

  Yoel ben Shimon, Haggadah de Washington, env. 1450, fol. 16a : un gros légume vert feuillu, probablement de la laitue.

  Haggadah de Rothschild, nord de l’Italie, env. 1470, fol. 160a (= la Haggadah de Schechter  , figure 28.2) : un légume vert ovale.

  Haggadah de Florsheim, Allemagne, 1502, fol. 17 : un gros légume vert feuillu, probablement de la laitue.

  La Haggadah de Prague, 1526, une gravure sur bois en noir et blanc : un légume long et feuillu.

  La Haggadah de Mantoue, 1560, une gravure sur bois en noir et blanc : un légume long et feuillu.

  La Haggadah de Copenhague, 1739, fol. 18bis : un légume vert long, avec une tige.

  La Haggadah de Sarajevo, nord de l’Espagne, après 1350, fol. 27a : un artichaut.

  Haggadah de John Rylands, Catalogne, XIVe siècle, fol. 31b : un artichaut.

  Haggadah des frères, Catalogne, XIVe siècle, fol. 18a (= la Haggadah de Schechter  , figure 28.1) : un artichaut

Résumé et Conclusions

Une étude sur la question laitue ou raifort avait déjà été publiée par le rabbin   Zvi Hirsch Ashkenazi, le Hakham Zevi (Amsterdam, 1660-1718) dans sa responsa   n° 119 :


שו"ת חכם צבי סימן קיט
לזכות את הרבים בענין מצות אכילת מרור ראיתי כי טוב להודיע שהחזרת השנוי במשנתינו ובלשון חכמים חסא שמצוה לחזור עליו כי הוא הראש וראשון השנוי במשנתינו הוא הירק הנקרא בלשון אשכנז סאלא"ט ובלשון ספרד סאלאט"א ושם העצם שלו הוא לטוגא בכל הלשונות ששמעתי בתורגמא ואיטליא ואשכנז וספרד ופורטוגאל ובספרי הרפואות והטבע וקורין אותו לאטוגא סאלאט ואין בו שום ספק ופקפוק בעולם ויש לו הסימנים האמורים בגמ’ שרף ופניו מכסיפין ותחלתו רך וסופו קשה ותחלתו מתוק וסופו מר כלענה ומפני שבארצות אשכנז ופולוניא שהן קרות אינו מצוי בזמן הפסח לא הורגלו לקחתו לחובת מצות מרור או מפני שלא היו בקיאין בטיב פתרון שמות הירקות כאנשי ארצות הקרובות לארץ ישראל ובבל לא ידעו מה הוא ולקחו הקרי"ן שהוא תמכא לפ"ד מקצת חכמים ונפק מיניה חורבא כי הן רבים עתה עם הארץ שאינם אוכלין אפי’ כחצי זית מחמת חורפיה ושהוא מזיק באכילתו חי ומבטלים מצות מרור ואף החרדים אל דבר ה’ ואוכלים כזית מהקרי"ן מסתכנים בו כי באמת במקום שחזרת שהוא האלטיגא סלאט שכיח כמו בערי אמשטרדם והמבורג ושאר ערי אשכנז אף שהוא עודנו קטן מאוד קורא אני על הקרי"ן סכנה ואין בו מצוה וכל אשר נגע אלקים בלבו יקיים מצוה כתיקנה ויקנה האלטוגא סאלאט לשם מצות מרור אף אם הוא ביוקר : והירק שקורין בהמבורג אינדבין ובאמשטרדם אנדייבי הוא עולשין השנוי במשנתינו וגם בו יוצאין ידי חובת מצות מרור אם אין לאטוגא סאלא"ט מצוי : צבי אשכנזי ס"ט

« Pour faire bénéficier la communauté de la mitsva du maror, je crois bon d’annoncer que le hazeret dont parle la Michna  , qui est appelé hassa par les sages  , est la plante qu’il faut se procurer en priorité pour accomplir la mitsva. Il s’agit du légume appelé « salat » en allemand et « salata » en espagnol, et son nom est « latuga » dans toutes les langues que j’ai entendu ; en Turquie, en Italie, en Allemagne, en Espagne, au Portugal et dans les livres de médecine et de sciences. Elle est appelée « salat latuga » et il n’y a aucun doute qu’elle a les caractéristiques [du maror] mentionnées dans la Guemara (Pessahim 39a) : son aspect extérieur est argenté, et son goût est d’abord doux avant d’être amer. A l’époque de Pessah on n’en trouve ni en Allemagne ni en Pologne, les terres étant trop froides. C’est pourquoi ils n’étaient pas habitués à s’en servir pour s’acquitter de la mitsva du maror. Ou encore parce qu’ils n’étaient pas experts et ne connaissaient pas les noms des légumes comme les habitants des terres près d’Israël et de Babylonie, ils ne savaient pas ce qu’était [la hazeret], et ont choisi le « chrein » [raifort] qui correspond au « tamkha » pour certains sages  , ce qui a conduit à la confusion et à l’erreur.

De nombreux juifs ignorants ne mangeant pas même la moitié d’un kazayit [valeur de poids d’une olive] en raison de son âpreté et parce que cela fait mal de le manger cru, en vinrent à ne pas accomplir la mitzvah du maror. Et même ceux qui craignent la parole de Dieu et se forcent à manger un kazayit de « chrein » se mettent en danger eux-mêmes [...] je dis donc à propos de la chrein « c’est un danger, mais pas une mitsva » [cf. Mishna   Meguila 4:8]. Et ceux qui ont à cœur d’accomplir la mitsva comme il se doit achèteront de la « latuga salat » pour la mitzvah de maror, même si elle est chère... »

À la lumière de la recherche des talmudistes botanistes modernes comme Loew, Feliks et Schaffer, il ne fait aucun doute que le Hakham Zevi avait raison. Hazeret, la laitue romaine, est la mitsva de préférence selon le Talmud  . Le « Tamkha » est une plante appelée gingidium, dont nous n’avons plus connaissance. Au cours des XIVe-XVe siècles, les juifs d’Allemagne et d’Europe ont identifié le tamkha au raifort parce qu’il était difficile ou coûteux de se procurer de la laitue. Mais le raifort n’était pas cultivé en Israël à l’époque de la Mishna  . De plus, la plupart des juifs en mangeaient la racine et non la feuille malgré la règle de Rabbenou Tam. Enfin on ne peut pas manger la quantité exacte de kazayit, la valeur d’une olive, sans mettre en danger sa santé.

Bien sûr, il n’est pas facile d’obtenir des juifs qu’ils changent leurs coutumes. Marla Fogelman décrit l’adorable manière dont son grand-père, né en Europe de l’Est, faisait pousser dans son jardin du raifort pour le seder. Le Professeur Feliks raconte que lorsqu’il a publié ses conclusions expliquant que le raifort n’était pas le tamkha en 1967, il a été attaqué physiquement par un hassid lors d’un mariage pour avoir eu l’audace de dire que le chrein n’est pas maror et que son Rebbe était mauvais ! (Feliks 5755, note 52)

De nos jours, nous avons eu le privilège d’être témoins de la Renaissance miraculeuse de l’Etat d’Israël. Cela nous a permis de retourner à la terre d’Israël et de réapprendre la Mishna   et le Talmud   avec une plus grande compréhension. Nous savons maintenant que la hazeret dont parle la Michna   est la laitue Romaine et que le raifort n’est pas le tamkha. J’espère qu’avec le temps de plus en plus de Juifs adopteront la pratique israélienne originale de l’utilisation de la laitue Romaine comme maror sur le plateau du seder.

David Golinkin

Jerusalem

10 Nissan   5772

(Traduction Elsa Di Sario et rabbin   David Touboul)

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