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La symbolique du Temple dans le judaïsme contemporain

La symbolique du Temple dans le judaïsme contemporain

Le Temple était le sanctuaire central du culte juif, situé temporairement à Shilo, et ensuite sur le Mont Moriah (le har ha-bayit, le mont du Temple) à Jérusalem.

Le Premier Temple fut construit par le roi Salomon vers 960 av. è.c. et détruit par les Babyloniens sous Nabuchodonosor, en 586 av. è.c.

Le second Temple fut dédié vers 515 av. è.c. et détruit par les Romains sous Titus, en l’an 70 è.c.

Les Rabbins   enseignaient que le Premier Temple fut détruit en raison des péchés d’immoralité, de l’idolâtrie et des effusions de sang, tandis que le Second Temple tomba à cause de la haine répandue sans motivations parmi les Juifs, « la haine gratuite ».

La destruction du Second Temple influença pratiquement tous les aspects de la pensée et de la pratique religieuse.

Cela s’exprima, d’une part, par des cérémonies de deuil et, d’autre part, par un espoir indomptable et l’attente de sa reconstruction.

Le deuil s’exprimait de diverses manières.

Ainsi, la Halakha   détermine que lorsqu’un Juif blanchie l’intérieur de sa maison, il doit laisser une coudée carrée à découvert en souvenir du Temple. Cela se pratique encore aujourd’hui.

Le Talmud   décréta que celui qui voyait les ruines du Temple devait déchirer ses habits, signe traditionnel de deuil.

Les Kabbalistes instituèrent un office de prières tiqqoun hatsot comprenant des élégies qui déploraient la destruction du Temple.
On observe le jeûne annuel de Ticha be Av en souvenir de la destruction des deux Temples.

Traditionnellement, on enduisait le front d’un marié de cendres. La pratique qui consiste, pour le marié, à briser un verre à la fin de la cérémonie du mariage est une expression de deuil en souvenir de la destruction du Temple.

La notion d’espoir fut incluse dans la liturgie.

A la Amidah fut ajoutée une supplication, la dix-septième bénédiction, demande de reconstruction du Temple et de reprise de l’office sacrificiel, tandis que la Mishna  , après une description détaillée du système sacrificiel, dans le traité Tamid cite la prière : « Que ce soit la volonté de Dieu que le Temple soit rapidement reconstruit de notre vivant. Amen  . »

Au fil des siècles, les descendants des prêtres étudièrent les rites du Temple pour le jour où ils seraient rappelés à leurs fonctions. Cette spéculation a trouvé sa pertinence pour certains Juifs après la libération de la vieille ville de Jérusalem par l’armée israélienne en 1967.

La question de savoir si un Juif peut pénétrer dans le domaine du Temple, en étant, comme tous les Juifs depuis la destruction du Temple, dans un état d’impureté rituelle, a suscité une polémique sur l’emplacement du « domaine du Temple ».

 La reconstruction du Temple :

Selon la Halakha  , plusieurs conditions préalables doivent être satisfaites avant que le Temple puisse être reconstruit. Parmi celles-ci : la majorité des Juifs doivent habiter en Israël, il doit y régner un état de paix, le désir de rebâtir le Temple doit découler d’un authentique sentiment religieux, un signe surnaturel de l’approbation divine doit être donné, un vrai prophète doit en ordonner la reconstruction.

D’après Maïmonide  , le Troisième Temple ne sera pas l’œuvre des mains humaines mais a été construit au ciel, d’où il descendra miraculeusement au moment approprié. Pour un rationaliste comme lui, c’est une façon de dire qu’il ne sera peut-être jamais reconstruit, sinon dans le cœur des hommes.

Comment rester juif sans le Temple et sans la Terre Sainte ?

C’est la question cruciale qui s’est posée aux rabbins   de l’époque de la Michna   et du Talmud  . Leur réponse fut une profonde réforme du Judaïsme afin de garantir sa survie et sa pertinence dans des conditions nouvelles.

En restant fidèle à la Torah, dont une partie dès lors ne concerne pas la vie en Terre Sainte ; en substituant de nouveaux rites au culte du Temple.

Ainsi, les trois sacrifices ordinaires pratiqués quotidiennement au Temple furent désormais remplacés par trois prières quotidiennes.

 Naissance de l’institution synagogale :

Des lieux de réunions furent créés, où ces prières étaient récitées en commun, et surtout, où la Torah était lue en public et commentée. On les appelait Beth Haknesseth, littéralement « maison de réunion », terme qui, traduit en grec par synagogos donna le mot synagogue. Lorsque ces lieux étaient plus spécifiquement voués à l’étude et faisaient fonction d’écoles, on les appelait Beth Hamidrach, « maison du commentaire ».

Il existe différents témoignages de l’existence de synagogues dès l’époque du deuxième Temple en réaction à la diaspora naissante dans laquelle vivait déjà la majorité des Juifs. Cette institution naissante ne prit vraiment son importance qu’après la destruction du deuxième Temple.

Le rôle de la synagogue dans la vie quotidienne devient donc l’institution centrale du judaïsme ; lieu destiné à la prière publique et à d’autres activités religieuses et communautaires qui a servi de prototype pour des institutions analogues dans le christianisme et l’islam.

D’après les historiens, les exilés se retrouvaient de temps en temps, ainsi que chaque shabbat, pour se consoler de la perte de leur terre, pour étudier les Ecritures, et pour prier.

Le Talmud   (Meg 29a) voit une référence directe aux synagogues de Babylonie en Ez 11,16 : « Ainsi a dit l’Eternel : Certes je les ai éloignés parmi les nations, certes je les ai dispersés dans d’autres pays et j’ai été un peu pour eux un sanctuaire dans les pays où ils sont entrés. »

Vers la fin du 1er siècle è.c, là où ils vivaient, les Juifs avaient leur synagogue et cette institution allait être vitale pour la survie du peuple après la destruction du Temple et pour la reconstruction de la vie juive.

Certains rites du Temple furent transférés à la synagogue pour assurer la continuité, tandis que d’autres furent expressément interdits afin de souligner la distinction entre les deux institutions. La prière remplaça le sacrifice, et on fixa des offices correspondant aux offrandes communautaires régulières qui ne pouvaient plus être apportées au Temple.

Conformément à l’interprétation d’Osée 14,3 « Nous voulons remplacer les taureaux par cette promesse de nos lèvres. »

A cet effet, les préliminaires à l’office du matin comprennent une énumération des sacrifices quotidiens qui étaient offerts dans le Temple. Le Shabbat, les jours de fête et de nouvelle lune, l’office supplémentaire (mousaf) commémore le sacrifice supplémentaire qui était apporté à chacune de ces occasions.

Les formes et les rites instaurés à cette époque ont perduré jusqu’à ce jour.

A la différence du Temple, où les rites se déroulaient sous l’égide des prêtres à l’intérieur du Sanctuaire, la seule condition nécessaire au fonctionnement de la synagogue est un minyan   de dix juifs adultes, et tout juif pouvait présider aux offices.

Ainsi, le passage du Temple à la synagogue a marqué une transformation historique du rôle de l’individu dans le rite. Sous l’égide des rabbins   pharisiens, on assiste à une véritable démocratisation du culte juif dans lequel chaque individu compte à part égale, contrairement au culte du temple institutionnalisé comme incultes de caste (les cohanim   et leviim).

La Halakha   et la Aggadah accordent toutes deux une importance singulière à la synagogue. On considère que toutes les synagogues participent de la sainteté du Temple. On les voit comme des parties extraterritoriales d’Erets Israël.

En diaspora, l’appartenance à une synagogue reste un des moyens principaux d’identification juive, et de nombreux Juifs se retrouvent, même s’ils n’assistent pas régulièrement aux offices.

En Israël, au contraire, l’identité juive peut s’exprimer de nombreuses autres façons, c’est pourquoi le rôle de la synagogue comme centre communautaire est minime, celle-ci servant presque exclusivement de lieu de prière et d’étude religieuse.

 Architecture de la synagogue :

Dans chaque synagogue nous retrouvons dans une structure fermée sur le mur tourné vers Jérusalem (oriental en occident), « l’arche sainte » en hébreu aron ha-qodech, qui abrite le séfer Torah.

Le mur oriental est tourné vers Jérusalem, de sorte que les fidèles soient face au Temple et aux rouleaux pendant la prière. Dés lors qu’un rouleau de la Torah est sorti par la lecture de la Loi, l’arche devient le centre d’une cérémonie émouvante.

Pendant la lecture de certaines prières, lorsque les portes de l’arche sont ouvertes, les fidèles se lèvent en signe de respect, et se tiennent debout tant que l’arche reste ouverte. De sorte que l’arche synagogale rappelle le bâtiment du Saint des saints dans le Temple.

La menorah, un chandelier le plus souvent à sept branches comme celui du Sanctuaire et du Temple, est aussi un symbole important dans la synagogue.

La menorah devint le principal symbole juif. Le chandelier est décrit pour la première fois dans l’Exode (25,31-38) où D. donne à Moshé des instructions détaillées pour sa fabrication : « Tu feras aussi un candélabre d’or pur, le candélabre sera en or massif, de même que sa tige et ses branches. Ses calices, ses corolles et ses fleurs feront corps avec lui. Six branches sortiront de ses côtés, trois branches du candélabre d’un côté ; et trois branches du candélabre du deuxième côté… » Une description similaire apparaît en Exode 37,17-24.

La menorah devait être placée dans le Sanctuaire, et on peut présumer que le candélabre placé dans le Temple était semblable. On sait qu’il y avait dix candélabres d’or dans le Temple de Salomon.

Selon une légende, l’un d’eux, qui aurait été emporté à Babylone avec les exilés au VIe siècle av. è.c., fut rapporté à Jérusalem par les Juifs au retour d’exil, et fut déposé dans la Second Temple.

Ce dernier contenait certainement une menorah d’or qui fut prise en butin par l’armée du Souverain Syriens Antiochus Epiphane au IIe siècle av è.c.

Après la victoire des Hasmonéens sur les Syriens, Judah Maccabée construisit une nouvelle menorah à sept branches.

Après la conquête romaine et la destruction de Jérusalem en 70 è.c, toutes les traces de la menorah disparurent. Les Romains l’exhibèrent à Rome, lors de leur défilé triomphal, comme on peut le voir encore aujourd’hui sur l’Arc de Titus. La menorah est devenue un motif central dans la conscience du peuple juif.

Les Juifs l’ont reçut comme un symbole central et durable du grand mythe de l’exil et de l’espoir du salut.

De nos jours, la menorah est toujours très présente dans notre quotidien. On l’a représente dans les objets de culte, dans des enluminures de manuscrits et sur des amulettes. On l’a fabrique selon diverses techniques : broderie, ferronnerie, papier découpé, gravure, tablettes de verres…

Malgré son usage répandu, la menorah a rarement été représentée en trois dimensions. Ce fait provient de la prohibition imposée par les sages   du Talmud   de façonner une menorah identique à celle figurant dans le Temple. Il était également interdit de la fabriquer en or.

 La maison juive, un petit Temple :

Le mode de vie juif, tel qu’il est prescrit dans les six cent treize commandements, doit être observé quotidiennement et en toutes circonstances, mais ses deux foyers principaux sont la synagogue et la maison. Les sages   leur appliquaient à l’une ou à l’autre la formule d’Ezéchiel, miqdach meat, « petit sanctuaire », mais la maison était considérée comme le lieu où devaient perdurer certains rites de l’ancien Temple.

Les bougies de shabbat rappelant ainsi la menorah du Temple et la table du dîner, l’autel.

Le foyer juif est empreint de sainteté lorsque la famille vit conformément aux valeurs et aux traditions juives. Les objets rituels spécifiques à certaines occasions revêtent également une grande importance, la coupe pour le qiddush, la boîte à épices pour la havdalah   à la fin du shabbat, le chandelier à huit branches pour Hanoukkah.

On trouve aussi communément, dans le foyer, une collection de livres hébraïques pour la prière et pour l’étude.

Le foyer est l’endroit où les parents transmettent les valeurs juives à leurs enfants, essentiellement par le biais de l’éducation et de l’exemple qu’ils leur montrent.

La tradition rabbinique souligne le caractère expiatoire de l’autel et enseigne que, depuis la destruction du Temple, il doit être remplacé par l’exercice de la charité.

Dans le foyer juif, la table est un substitut de l’autel et de nombreuses coutumes sont nées de cette identification et notamment d’inviter des étrangers à cette table.

 Le vin :

Le vin occupait une place importante dans l’usage rituel et religieux. La Torah détermine, pour chaque type de sacrifice, la quantité de vin à répandre en libation sur l’autel (Nb 28-29). Il était en revanche interdit aux prêtres en service de boire du vin (Lv 10,9).

Certains rites fondamentaux sont accompagnés de la consommation d’un ou plusieurs verres de vin et d’une bénédiction spéciale.

Nous buvons un verre de vin à une circoncision, deux à un mariage ; chaque verre représentant une des familles ainsi que chaque partie de la cérémonie (kidoushin et nissouin).

Le shabbat et les jours de fête sont célébrés en récitant le qiddush sur une coupe de vin. Quant à la cérémonie de clôture de shabbat, la havdalah  , ou d’une fête elle est aussi marquée par une prière et un verre de vin. L’une des particularités du séder de Pessah est la consommation de quatre verres.

Pendant les sept jours de deuil, la famille endeuillée en buvait dix, pratique abandonnée à l’époque post-talmudique.

 Les rites de purification :

La Torah (Lv 11,30) prescrivait une immersion totale dans une source naturelle, une rivière, ou un miqveh pour purifier les personnes ou les objets rendus impurs par un contact direct ou indirect avec diverses sources d’impureté, comme le contact avec un cadavre humain ou un animal mort.

L’ablution devait aussi être effectuée par tous ceux assistant aux services du Temple, lors des fêtes et diverses cérémonies qui nécessitaient l’état de pureté rituelle. Elle était obligatoire pour les prêtres avant qu’ils n’officient ou ne prennent part à la nourriture consacrée qu’ils recevaient comme offrande et dîme (Ex 30,18-21).

Le grand prêtre passait par cinq immersions distinctes le jour le plus saint de l’année juive, faisant partie du service de Yom Kippour au Temple.

Depuis la suspension du rite de la vache rousse dont les cendres étaient utilisées dans les eaux de purification au Temple, l’ablution des mains avant de rompre le pain (mayim richonim  ) reste en vigueur en souvenir des rituels pratiqués au Temple.

La netilat yadayim, l’ablution accomplie avant de consommer du pain, exige un effort de l’individu, qui doit verser l’eau sur sa main droite puis sur la gauche, à partir d’un récipient à large ouverture, à bords lisses, contenant environ 280cl.

Ce rite comprend des considérations à la fois hygiéniques et religieuses. Aucune ablution n’est valable si la personne ou objet en question n’est pas parfaitement propre afin d’assurer qu’aucun obstacle matériel étranger ne se glisse entre la personne ou l’objet, et les eaux purificatrices.

Néanmoins, lorsqu’il n’y a pas d’eau à disposition pour se laver les mains avant de manger du pain, une alternative peut être utilisée de l’herbe ou du sable. La formule est alors modifiée de « laver les mains » al netilat yadayim en « nettoyer les mains » al neqiyyout yadayim .

Pendant la période du Second Temple, beaucoup de sectes juives soulignèrent l’importance particulière de l’ablution rituelle. Ces sectes comprenaient les hémérobaptistes (les baigneurs de matin), les esséniens et la communauté de Qoumrân.

 L’encens avait aussi un rôle important au Temple.

Il y avait deux sortes d’encens. L’un se composait uniquement d’encens (Lv 2,1) et était utilisé avec certaines offrandes alimentaires. L’autre était constitué de plusieurs ingrédients, comme le précise le Talmud   (Ker 6a), dont la myrrhe.

En outre, on ajoutait de l’essence de Carshina et du vin et du sel de Sodome. Tous devaient être broyés et réduits en poudre très fine.

L’encens était apporté deux fois par jour, le matin et le soir, et brûlé sur l’autel particulier, l’autel de l’encens, un cube recouvert d’or. Cette offrande faisait partie du rituel prescrit au grand prêtre pour Yom Kippour, lorsqu’il pénétrait dans le Saint des Saints.

L’encens était également utilisé dans les demeures privées, bien que la loi juive (Ex 30,37) interdise formellement de copier la formule de l’encens brûlé dans le Temple.

On souhaitait la bienvenue aux hôtes en brûlant de l’encens en leur honneur. Certaines communautés ont gardé ces rituels.

Le Talmud   évoque également le mougmar qui consiste à brûler de l’encens pour imprégner les vêtements d’une odeur agréable. Une méthode toujours d’actualité dans certains pays.

Contrairement au christianisme, le rituel de la synagogue n’emploie jamais d’encens.

 Rappel du Temple dans le calendrier juif :

Le calendrier juif compte de nombreuses dates qui se réfèrent directement à la destruction du Temple.

Hanoukkah, fêté le vingt-cinq Kislév, commémore les victoires des Maccabées sur les troupes Syriennes d’Antiochus Epiphane, de 167 à 165 av. è.c, et de l’inauguration du Temple de Jérusalem sanctifié par le miracle de l’huile.

Le dix Téveth, jour de jeûne, est l’anniversaire du début du siége de Jérusalem par Nabuchodonosor.

Le jeûne du dix-sept Tamouz commémore le franchissement des murs de Jérusalem par l’armée babylonienne en 586 av. è.c.

Le neuf Tammouz et la répétition du même événement par les légions romaines de Titus, le 17 du même mois, en 70 è.c.

Ce jeûne inaugure les trois semaines de deuil qui culminent en Ticha be Av.

D’après Zacharie (8,19), ce jeûne du quatrième mois, se transformera néanmoins en une occasion de réjouissances dans les temps messianiques, en même temps que trois autres jeûnes bibliques.

 Le sel :

Le sel était utilisé à l’époque biblique à diverses fins, pendant le rituel sacrificiel, en médecine et pour conserver les aliments.
Chaque sacrifice devait être saupoudré de sel (Lv 2,13) et le Temple comportait une chambre à sel.
Les nouveaux nés étaient frottés de sel, apparemment pour des raisons de santé (Ez 16,4). Dans la mesure où le sel permet de conserver, une alliance éternelle est décrite comme « une alliance par le sel ».

Parmi les lois de l’alimentation prescrites par la Halakhah, il y a celle qui consiste à drainer le sang d’une viande avant de la faire cuire, en la salant abondamment.

La Halakhah exige aussi de saupoudrer de sel le pain mangé au début d’un repas. Il s’agit d’un acte symbolique qui, après la destruction du Temple, fait de la table un substitut de l’autel où l’on salait les sacrifices.

 Le pain :

Le pain constituait également l’accompagnement nécessaire à un grand nombre de sacrifices et offrandes.

Dans le Sanctuaire et plus tard dans le Temple, douze miches de pain, déposées sur la table placée dans l’Arche d’Alliance, constituaient les pains de propositions. Le nombre prescrit des pains était de douze, rappel des douze tribus d’Israël.

La loi juive stipule qu’avant la cuisson des hallot (pain tressé du shabbat), un morceau de pâte doit être prélevé et lancé dans le feu, pratique qui rappelle l’offrande jadis pratiquée par le prêtre (Nb 15,20). « Prélever la hallah », étant le neuvième traité de l’ordre Zeraïm de la Michnah (Nb 15,17-21), est depuis longtemps une prérogative de la maîtresse de maison.

 Le Pèlerinage :

Le deutéronome mentionne l’obligation de se rendre « dans le lieu qu’Il aura choisi » (Dt 16,16) lors des trois fêtes de pèlerinage (Pessah, Chavouot et Soukkot).

Durant l’époque des Juges, le site auquel tous se rendaient était Shilo. Plus tard après que Salomon eût bâti le Temple, le triple pèlerinage annuel se fit à Jérusalem, ce qui cimenta la cohésion chez les Israélites. Ce pèlerinage était très populaire sous le deuxième temple et des foules énormes se pressaient à Jérusalem. Cependant, tout juif n’allait pas à Jérusalem systématiquement chaque année. On possède même le témoignage de Philon d’Alexandrie qui, bien que le chef de la communauté de cette ville, ne se rendit à Jérusalem qu’une fois dans sa vie.

La loi qui requérait le pèlerinage à Jérusalem et l’apport d’offrandes tomba en désuétude après la destruction du Temple. Cependant, l’obligation de se réjouir lors de ces fêtes persista ; elle s’exprimait par la consommation de viande et de vin et le port de vêtements neufs.
Après la destruction du Temple, les pèlerinages en Erets Israël continuèrent, mais leur caractère changea du tout au tout : ce furent de tristes voyages, entrepris afin de pleurer la destruction. C’est ainsi que le nom de mur des Lamentations   fut donné par les non juifs au Mur occidental. La Loi juive stipulait d’ailleurs la conduite à adopter pour la visite des Lieux saints : celui qui voyait Jérusalem détruite ou le site du Temple rasé devait déchirer ses vêtements comme une personne en deuil.

Selon le Midrach  , le mur occidental n’a jamais été détruit parce qu’il est habité par la Présence Divine. Il est difficile d’interpréter cette tradition dans la mesure où les murs eux-mêmes du Temple ont disparu alors que les quatre murs de soutènement subsistent encore. Quoi qu’il en soit, les murs du mont du Temple, seuls vestiges visibles, semblent avoir acquis une importance symbolique beaucoup plus grande après la destruction du Sanctuaire.

Vers la fin du XIXe siècle, le Mur commença à incarner le symbole des aspirations nationalistes du peuple juif. Comme tel, il devint un objet de discorde entre Juifs et Musulmans. Les deux communautés entrèrent en conflit sur des points de détails comme l’autorisation de sonner le chofar devant le Mur ou l’introduction de bancs ou de tables pour y lire le séfer Torah. C’est aussi au cours de cette période que le mur occidental remplaça, dans la tradition musulmane, les murs de soutènement Est ou Sud, appelés al-Buraq, lieu où le prophète Mahomet attacha son cheval avant son ascension vers le ciel.

Lorsqu’en 1948, le quartier juif de la vielle ville se rendit à la Légion arabe, le mur occidental se retrouva sous le contrôle du royaume hachémite de Jordanie.

Selon les accords d’armistice, les Juifs devaient avoir accès à leur Lieux saints dans la partie de Jérusalem contrôlée par les Arabes.
Mais le gouvernement jordanien ne respecta pas ces accords et ce n’est que le 7 juin 1967, lorsque l’armée israélienne entra dans la vielle ville, que les Juifs eurent de nouveau accès à leur Lieu saint. Devant le Mur une grande esplanade fut dégagée avec une partie réservée aux hommes et aux femmes. Beaucoup de garçons d’Israël et de diaspora y célèbrent leur Bar mitsvah.

Le Mur est devenu le centre du sentiment religieux et national : on y commémore des cérémonies nationales et certaines unités de l’armée israélienne y prêtent serment.

 Les courants contemporains du judaïsme et le Temple :

Aujourd’hui le judaïsme est composé de différents courrant notamment les mouvements « orthodoxe   », « Massorti   » et « Libéral ».

Ces trois écoles de pensée ont un point de vue complètement différent et même contradictoire vis-à-vis de la reconstruction du Temple.

Les orthodoxes  , dans leur majorité, attendent passivement la reconstruction du Temple au temps de l’arrivée du messie. Les rituels et les offrandes, comprenant le sacrifice de nombreux animaux, seront faits à nouveau dans le sanctuaire comme indiqué dans la Torah.

Les Massorti   sont aussi dans l’attente de la reconstruction du nouveau Temple, mais pensent que celui-ci ne comportera pas de sacrifices d’animaux mais un rituel plut universel et symbolique ; ils rejoignent ainsi l’esprit de Maïmonide  .

Les réformistes, appelés souvent « libéraux », ont adopté différentes attitudes sur cette question au cours de leur histoire. Au XIXe siècle ils n’attendent pas de reconstruction de Temple et encore moins le retour en Israël pour le peuple Juif. Pour eux, cette époque est révolue. Depuis, et avec la naissance de l’État d’Israël, leur position sur le sionisme a profondément évoluée. La position par rapport au Temple reste très prudente.

Conclusion

Après la destruction du Temple en 70 è.c, la sainteté du mont du Temple devint une question importante.
La majorité des autorités halakhiques considèrent que la sainteté du mont et de ses dépendances restait en vigueur même après la destruction.

La conséquence la plus importante de ce débat concernait l’accès au Temple. Puisque depuis la destruction chacun est considéré comme impur et que les cendres de la vache rousse font défaut, il est impossible de se défaire de cette impureté, et la majorité des maîtres halakhiques conviennent que l’accès au mont du Temple est interdit, et en général, les Juifs se sont abstenus d’y pénétrer.

En outre, comme il devint impossible de localiser précisément le Temple dans l’enceinte des murs, il était donc impossible de connaître le site exact du Saint des Saints, dont on ne peut s’approcher.

Dés la réunification de Jérusalem en 1967, le gouvernement israélien décida d’interdire tout culte juif sur le site, dans le cadre de la protection des lieux saints de toutes les confessions et afin d’éviter une confrontation avec le monde musulman.

Les Juifs qui ont tenté d’y pratiquer le culte en ont été empêchés. Aujourd’hui, le mont du Temple est administré par le Conseil religieux musulman.

Depuis le début de la diaspora, le souvenir d’Erets Israël a toujours été mis en parallèle avec le retour au Temple, et à fait parti intégrante de la foi, de la vie, de la culture juive, et de l’espoir, sous n’importent quelles dominations et quelque soient les pays de résidence.

Stéphanie Devico-Boussac

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