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Helen Suzman contre l’apartheid

Helen Suzman contre l’apartheid

Haute figure de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, Helen Suzman est morte le 1er janvier 2009 à l’âge de 91 ans.

L’archevêque anglican Desmond Tutu, qui fut son compagnon de combat contre le régime ségrégationniste, l’a qualifiée d’"héroïne", estimant que son pays avait "une immense dette" envers cet "esprit indomptable" qui, tout au long de sa vie, n’a jamais cessé de lutter contre l’injustice et la privation des droits les plus élémentaires.

Pendant trente-six ans au Parlement, Helen Suzman, d’origine juive lituanienne, s’est battue contre le système raciste, pour l’abolition du système des "pass", la détention administrative sans jugement, contre l’interdiction des mariages interraciaux et l’habitat ségrégué.

Pendant treize ans, de 1961 à 1974, cette petite femme à la voix douce et à l’allure frêle fut la seule représentante de l’opposition et, durant six ans, la seule femme à tenir tête à une assemblée de 165 députés aussi convaincus les uns que les autres de la nécessité de parfaire le régime de séparation des êtres humains en fonction de la couleur de leur peau.

Elle a profité de cette tribune pour dire leurs vérités à ceux qui lui reprochaient d’être une communiste et lui demandaient de retourner à Moscou et à ceux qui voulaient l’expédier en Israël en raison de sa judéité.

Solide, tenace, ayant le sens de la réplique et de l’humour, Helen Suzman ne s’est jamais gênée pour envoyer dans les cordes le président Pieter Willem Botha, qui la surnommait tour à tour le "petit chat vicieux" ou la "sœur supérieure".

Un jour, un ministre l’avait accusée de poser des questions qui donnaient une mauvaise image de l’Afrique du Sud à l’extérieur. Elle avait alors répondu : "Ce ne sont pas mes questions qui nuisent à l’Afrique du Sud, ce sont vos réponses."

Modeste, elle avait coutume de citer Theodore Roosevelt pour expliquer son combat sans fin pour la multiracialité : "J’ai fait ce que j’ai pu là où j’étais, avec les moyens dont je disposais." Elle a notamment rendu visite à Nelson Mandela et à quelques-uns de ses compagnons de détention dans le bagne de Robben Island, situé au large du Cap.

Dans ses Mémoires, Nelson Mandela se souvient de sa rencontre avec cette grande dame en ces termes : "C’était étrange et merveilleux de voir cette femme courageuse jeter un oeil dans nos cellules et déambuler dans la cour. Ce fut la seule et unique femme qui nous ait jamais fait cet honneur." Le héros de la lutte contre l’apartheid a rendu hommage à "cette grande patriote". A deux reprises, son nom a été proposé pour le prix Nobel de la paix.

Helen Suzman décide de prendre sa retraite en 1989, un an avant la libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990, mais elle continue de suivre avec passion la vie politique du pays et participe comme commissaire aux élections de 1994 qui permettent à Nelson Mandela d’arriver au pouvoir et de mettre fin au régime de l’apartheid.

Satisfaite, elle ne continue pas moins de jeter un regard sur la façon dont fonctionne le nouveau régime, désormais contrôlé par l’ANC (African National Congress), et ne se prive pas de critiquer la lutte jugée insuffisante contre le sida, l’insécurité et le chômage.

Née au sud de Johannesburg, à Germiston, le 7 novembre 1917, Helen Gavronsky a toujours habité dans le quartier huppé d’Houghton, à Johannesburg, mais cela ne l’a jamais empêchée de se rendre dans les townships. Et elle estimait que le rôle joué par les libéraux blancs pour abolir l’apartheid n’avait jamais été reconnu à son juste mérite par l’ANC. Aujourd’hui, Mgr Desmond Tutu veut réparer cette injustice en lui organisant des funérailles nationales.

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